Le géant Anglais a néanmoins fait étalage de son talent lors de cette semaine Héraultaise, et fait l'unanimité par sa classe sur et en dehors du court. Entretien avec un champion.

Propos recueillis par Jérôme Elhaïk

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Sur la finale, et son parcours à Montpellier

« Grégoire était trop fort. C'est un joueur avec de grosses qualités physiques, contre lequel il est difficile de marquer un point, encore plus que les autres joueurs que j'avais affrontés les jours précédents. En raison de la différence d'âge, je le considérais auparavant comme un jeune joueur mais ce n'est plus le cas : il a accumulé énormément d'expérience, et il sait parfaitement ce qu'il doit faire sur le court. Aujourd'hui, je n'ai pas fait suffisamment, du moins pas pendant assez longtemps, pour l'inquiéter. C'était dur physiquement et mentalement. La semaine a été compliquée, avec ces deux matches en 5 jeux, sans oublier la chaleur et la balle qui rebondissait beaucoup. Même si je ne me satisfais pas d'une défaite, je retire des enseignements positifs de ce tournoi. J'ai atteint la finale, et Malcolm (NDLR : son père et entraîneur) et moi avons passé une superbe semaine ici. On a rencontré des gens formidables. »

"Grégoire était trop fort en finale, mais ma semaine a été positive."

Ici au micro de Geoffrey Demont, James Willstrop a fait l'unanimité pendant sa semaine passée à Montpellier (Crédit photo : Nicolas Barbeau)

 

Sur son état d'esprit actuel 

« Comme je l'ai déjà dit, je ne me fixe plus d'objectifs à proprement parler. Mon esprit est tourné vers des choses très simples. L'essentiel est de bien jouer au squash et de me faire plaisir sur le court. Je vais bientôt avoir 36 ans : je dois faire attention à mon corps, et je ne peux plus avoir les mêmes charges d'entraînement qu'auparavant. C'est difficile de suivre le rythme de joueurs comme Greg, mais je suis encore top 20 mondial, et je prends toujours autant de plaisir à m'entraîner et à disputer des tournois. »

"Je prends toujours autant de plaisir à m'entraîner et à disputer des tournois."

James Willstrop estime être plus relâché qu'auparavant dans son approche de la compétition (Crédit photo : Kronotek)

 

Sur sa capacité à élever son niveau de jeu à un moment précis, par exemple aux Jeux du Commonwealth Games en 2018 (victoire 3-0 en finale contre Paul Coll)

« Justement, je ne m'étais fixé aucune ambition sur cette compétition ! Je ne regardais pas plus loin que le premier tour. Je crois que j'aborde aujourd'hui les choses de manière plus relâchée que lorsque j'étais numéro 1 mondial et que je jouais des finales en World Series. (On lui parle de son livre « A shot and a ghost, » qui mettait en lumière la méticulosité de sa préparation). Ça m'arrive de relire certains passages, et de me dire que j'ai été un peu extrême sur certaines choses. Je ne devais pas être quelqu'un de très sympa à l'époque (rires). Cela étant dit, je prépare encore mes matches de la façon la plus sérieuse possible, afin d'avoir le maximum de chances de gagner à chaque fois que je rentre sur un court. »

"Les Jeux du Commonwealth 2018 n'étaient pas du tout un objectif."

La médaille d'or aux Jeux du Commonwealth 2018 est l'une des heures de gloire de la carrière de James Willstrop (Crédit photo : PSA World Tour)

 

Sur la vague de retraites dans le squash, et son avenir …

« Vous voulez vous débarrasser de moi (rires) ? Pour être honnête, je n'y pense pas du tout. J'ai la chance de faire ce que j'aime et d'être payé pour ça, je n'ai pas à me plaindre. Il y a des joueurs qui ont du mal à supporter que leur niveau baisse. Ce n'est pas mon cas, même si comme je le disais, je n'aime évidemment pas perdre ! C'est clair qu'il y a beaucoup de joueurs et joueuses de ma génération qui ont arrêté leur carrière récemment. Personnellement, je ne crois pas que je ferai d'annonce en grande pompe, ça n'est pas dans mon caractère. Mais peut-être que mon entourage me convaincra de faire autrement ... »

 

Sur ses centres d'intérêt en dehors du squash

« J'en ai déjà parlé, j'aime le théâtre et j'adore jouer. Est-ce que j'aimerais en faire de manière plus sérieuse après ma carrière de joueur ? Sans aucun doute, mais c'est un milieu qu'il n'est pas facile d'intégrer, surtout à mon âge. De plus, j'ai une famille et ça peut ne pas être compatible avec cette vie là. L'écriture, c'est plus facile, et c'est quelque chose que j'ai pu mener de front sans problème avec ma carrière de joueur (NDLR : il tient une chronique dans le journal The Guardian). »

Acteur à ses heures perdues, James Willstrop aimerait explorer davantage cette voie une fois sa carrière terminée (Crédit photo : The Guardian)

 

Sur son père et entraîneur Malcolm, et les choses qu'il lui a transmises

(On lui fait remarquer que son père n'a quasiment pas raté un match de la semaine). « C'est un passionné, tout simplement ! Regarder du squash, c'est comme des vacances pour lui (rires). Je ne sais pas comment il fait pour être autant investi, depuis toutes ces années. En ce qui me concerne, je me verrais bien entraîner après ma carrière de joueur, mais certainement pas de manière aussi intense et aussi longtemps. Le comportement sur et en dehors du court a toujours été la chose la plus importante pour lui. Ce n'est pas toujours facile de se contenir sur le court là dedans (il pointe le court du doigt), et dans le passé ça m'est arrivé de m'énerver. Maintenant, je passe plutôt mes nerfs sur Malcolm entre les jeux ! » « Ou sur Vanessa ... » rigole son père qui passait par là, faisant référence à Vanessa Atkinson, ancienne numéro 1 mondiale et épouse de James Willstrop.

"Mon père est un passionné, regarder du squash c'est comme des vacances pour lui."

Malcolm Willstrop - au centre - est une figure du squash mondial (Crédit photo : England Squash)

 

James a souvent dit qu'il adorait jouer devant le public français

« Avec mes coéquipiers en équipe d'Angleterre, nous n'oublierons jamais la rencontre contre la France au championnat du monde par équipe à Mulhouse en 2013, on en reparle souvent. Les supporters avaient encouragé leur équipe avec une immense ferveur, ce qui est normal ! Mais ce qui nous a marqué, c'est quand on est arrivés dans la salle de réception à une heure très tardive. Les gens étaient en train de manger ou de boire un verre, et tout le monde s'est levé et nous a applaudis ! C'est ça la France : il y a à la fois une énorme passion, qui s'exprime de manière très visible (car nous aussi sommes passionnés, mais c'est davantage contenu), mais aussi un grand respect. J'ai beaucoup d'autres bons souvenirs de votre pays, notamment avec l'équipe de Mulhouse. Je ne le dis pas pour faire plaisir mais parce que je le pense vraiment : j'adore jouer en France. »

"Nous n'oublierons jamais la rencontre contre la France en 2013 à Mulhouse."

La demi-finale France-Angleterre au championnat du monde par équipe à Mulhouse en 2013 est un souvenir inoubliable pour James Willstrop et ses coéquipiers (Crédit photo : SquashSite)

 

À venir : un retour sur le tournoi en compagnie des organisateurs.

Pour revivre le 5R Montpellier Métropole Squash Open 2019, c'est par ici