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BAPTISTE MASOTTI : « JE SUIS BEAUCOUP PLUS SEREIN SUR LE COURT »

Événements 22/11/2018

Dimanche dernier, Baptiste Masotti a remporté à Niort le plus grand titre de sa carrière, dans le tournoi organisé par son père.

Même si cette victoire a un goût particulier, elle n'a pas provoqué d'euphorie chez le 71ème joueur mondial. Alors qu'à 23 ans il arrive à maturité, le Français voit déjà plus loin. Entretien à bâtons rompus.

 

Retrouvez la première partie de notre compte-rendu du 4ème OPEN INTERNATIONAL NIORT VENISE VERTE : MASOTTI, COMME UNE ÉVIDENCE ...

Interview Baptiste Masotti PSA Niort 2018 Photo 1

Comme d'habitude, Baptiste Masotti a bénéficié du soutien inconditionnel de son public à Niort (Crédit photo : Emmanuelle Boyer) 

 

Jérôme Elhaïk : Salut Baptiste. Le lendemain d'un tournoi, surtout lorsque l'on a été au bout, quel est le programme ? Retour immédiat à l'entraînement ou récupération ?

Baptiste Masotti : Je vais m'accorder quelques jours de repos avec ma copine, et on va en profiter pour voir les amis et la famille. Ensuite, je pars en fin de semaine pour le Pakistan, où je participe à un 50 000 $ (NDLR : cet entretien a été réalisé lundi. Hasard du tirage au sort, il affrontera au premier tour l'Espagnol Edmon Lopez, qu'il a battu en demi-finale à Niort).

J.E. : Ta victoire à Niort est ta première dans un tournoi de cette catégorie, c'est une étape importante ?

B.M. : Oui, c'est clairement un cap de franchi. J'avais déjà remporté deux 5000 $, mais un 10 000 c'est autre chose. Mais ce résultat n'arrive pas par hasard : je me sens bien en ce moment, que ce soit physiquement, mentalement ou dans mon jeu. Je sens que j'ai davantage de variété, je sais utiliser les hauteurs, ralentir le rythme etc.

J.E. : Tu viens d'aborder l'aspect mental. Toutes les personnes de ton entourage, par exemple ton père ou ton entraîneur, disent que tu as énormément gagné en maturité dernièrement.

B.M. : C'est clair que je me sens plus serein sur le court et que j'aborde bien les matches. Par exemple, quand je fais deux fautes directes de suite, je sais me calmer et reprendre le fil du match, ce qui n'était pas le cas auparavant. En finale, Sébastien (Bonmalais) a mené 8-5 dans le troisième jeu, au lieu de laisser filer et de penser au quatrième, j'ai décidé de ne plus rien lâcher..

Interview Baptiste Masotti PSA Niort 2018 Photo 2

Sa victime en finale Sébastien Bonmalais est très proche du Niortais (Crédit photo : Emmanuelle Boyer)

 

J.E. : Tu as d'ailleurs remporté tes quatre matches 3 jeux à 0, est-ce que tu y accordes de l'importance ?

B.M. : Pas forcément, quand on est professionnel l'essentiel est de gagner, peu importe que ce soit 3-0 ou 3-2. Mais ça montre tout de même que j'ai bien géré les premiers tours, face à Omar El Kattan, qui avait eu quelques bons résultats récemment, et Valentin Rapp qui m'avait battu à Annecy, même si j'avais fait un match pourri (sic) ce jour là. Ensuite, j'ai vraiment été solide en demi puis en finale, j'ai fait peu de fautes.

J.E. : Cette finale contre un partenaire d'entraînement, c'était un peu particulier ?

B.M : Complètement, surtout que Seb est mon meilleur ami sur le circuit ! On s'entraîne ensemble et on partage beaucoup de choses hors du court. Même si j'avais perdu cette finale, j'aurais été content pour lui. Mais de toute façon, il joue super bien en ce moment, notamment à Niort, et cette finale va lui permettre de marquer des points et de continuer à progresser au classement.

« Ce résultat n'arrive pas par hasard, je me sens super bien en ce moment »

J.E. : À l'heure où les deux meilleurs joueurs Français (Grégory Gaultier et Mathieu Castagnet) sont blessés, les jeunes ont-ils un rôle à jouer ?

B.M : C'est important en effet de montrer qu'on peut compter sur nous, même si j'ai le sentiment d'avoir prouvé que je pouvais jouer un rôle lors du dernier championnat d'Europe par équipe. Nous les plus jeunes, on fait tout pour se rapprocher de ceux qui sont devant. J'en profite pour dire que, contrairement à ce que peuvent dire certains, le squash Français se porte bien. Certes, Grégory Gaultier et Mathieu Castagnet sont actuellement blessés, mais je suis persuadé qu'ils vont revenir à leur niveau. On travaille dur à Aix-en-Provence avec un groupe qui s'entend super bien, et c'est pareil en sélection. Quoiqu'il arrive, on aura dans le futur une équipe de France forte, qui pourra lutter avec les meilleurs.

Interview Baptiste Masotti PSA Niort 2018 Photo 3

C'est l'une des photos de l'année 2018 : en apportant le titre de champions d'Europe aux Bleus au printemps dernier, Baptiste Masotti avait fait exploser de joie tout le camp Français (Crédit photo : squashPage.net)

J.E. : De l'extérieur, on a l'impression que tu as mieux appréhendé le fait de jouer à domicile que lors des trois éditions précédentes. Je me trompe ?

B.M. : Non, pas du tout, j'ai en effet bien mieux géré l'aspect « hors terrain. » C'est en grande partie parce que j'ai vécu des choses bien plus impressionnantes récemment : entres autres, le titre avec l'équipe de France au championnat d'Europe par équipe (NDLR : en égalisant à 1-1 face à Declan James, il avait apporté le jeu nécessaire à l'obtention du titre), et mon parcours à Nantes, où j'ai atteint les demi-finales et évolué dans une salle d'opéra pleine à craquer. Et même si je suis évidemment content de gagner ce tournoi à la maison, ça ne me rend pas euphorique non plus.

J.E. : C'est aussi parce que tu as des objectifs plus élevés : comme l'explique ton entraîneur Renan Lavigne, tu te rapproches d'un classement qui te permettrait d'intégrer les tableaux des tournois Platinum (anciennement World Series) ?

B.M. : Tout à fait, je suis déterminé à y parvenir le plus rapidement possible. Une fois qu'un joueur a franchi cette marche, c'est un engrenage : on est assurés d'avoir un gros tournoi tous les mois, et donc de se frotter aux meilleurs et d'engranger de l'expérience. Non seulement les points marqués en cas de défaite au premier tour permettent de se maintenir ou presque (NDLR : 152,5 points, soit plus qu'une défaite en finale d'un 11 000 $), mais j'aurai certainement des opportunités en fonction du tirage au sort, car j'ai déjà battu des joueurs classés entre la 30ème et la 50ème place mondiale. À très court terme, il y a le championnat du monde en février à Chicago, pour lequel le classement du 1er janvier est pris en compte (NDLR : Baptiste est actuellement 71ème, et les 56 premiers sont automatiquement qualifiés, voire plus en fonction des blessures ou absences)..

« Disputer les gros tournois, c'est mon objectif majeur à court terme »

J.E. : Un joueur comme Joel Makin a su en profiter, à l'heure où le circuit est le théâtre d'une transition entre les générations. C'est le moment pour les jeunes de ne pas laisser passer leur chance, en es-tu conscient ?

B.M. : Tout à fait. Makin, je l'ai récemment affronté en Interclubs (NDLR : il s'est incliné 3-2). C'est une bête physique, il rentre sur le court pour écraser son adversaire. Son exemple montre que si un joueur obtient un ou deux gros résultats dans les grands tournois, les choses peuvent aller très vite par la suite.

J.E. : Les prochains mois vont donc être très importants pour toi.

B.M. : Oui, d'autant plus que j'ai fait une deuxième partie de saison 2017-2018 en dents de scie, avec quelques contre-performances, par exemple à Bratislava et à Annecy. Ce tournoi était en mars, et je n'en ai disputé aucun après. Ça veut dire que je n'aurai pas beaucoup de points à défendre pendant cette période, j'ai donc tout à gagner.

Interview Baptiste Masotti PSA Niort 2018 Photo 4

Alors qu'il l'a affronté il y a quelques jours en Interclubs, Baptiste Masotti (en vert) n'a qu'une hâte : se mesurer régulièrement à des joueurs du niveau de Joel Makin dans les gros tournois (Crédit photo : M Squash)

J.E. : Afin d'avoir un avant-goût de ces fameux tournois Platinum, vous allez partir en stage (avec Renan Lavigne, Auguste Dussourd, Sébastien Bonmalais et Benjamin Aubert) début décembre en Égypte, pendant le Black Ball Squash Open.

B.M. : Oui, et ça va être intéressant d'observer les meilleurs joueurs et de voir comment ça se passe.

J.E. : On t'a vu poser avec le chèque accordé au vainqueur après le tournoi (1 985,5 $). Est-ce que tu es du genre à te faire plaisir après une victoire ?

B.M. : Pas vraiment. Ce sont mes parents qui s'occupent de la gestion de mes gains. J'en profite également pour remercier mes partenaires qui me permettent de financer ma saison sur le circuit. L'argent, je ne vais pas dire que je n'y pense jamais, mais ce n'est pas mon moteur. Je suis davantage focalisé sur mes objectifs sportifs. 

J.E. : Avec ton ascension au classement, c'était peut-être la dernière fois que tu disputais l'open de Niort (qui est organisé par son père). Est-ce que tu y as pensé ?

B.M. : Oui, un petit peu. Mais on ne sait jamais ce qui peut passer dans le futur, aussi bien par rapport au classement qu'à une éventuelle hausse de la dotation. Si c'était le dernier, cette victoire a donc valeur de symbole, et on peut dire en quelque sorte que la boucle est bouclée.

 

 

BAPTISTE MASOTTI - BIO

Interview Baptiste Masotti PSA Niort 2018 Photo 5

 Crédit photo : Emmanuelle Boyer

23 ans, n°6 français, 71ème mondial

Club : 5R Montpellier

Entraîneur : Renan Lavigne

International

- 3 titres PSA, dont un 11 000 $ (Open international Niort Venise Verte) - demi-finaliste de l'open international de Nantes 2018 (28 000 $)

- Champion d'Europe par équipes 2015 et 2018

- Quart de finaliste du championnat d'Europe individuel 2018

- Champion d'Europe des Clubs 2017 

- Vice-champion d'Europe par équipes -19 ans 2013

France

- Quart de finaliste du championnat de France 2016 et 2018

- Champion de France Interclubs 2017

- Champion de France -15 ans 2010, -17 ans 2011 et -19 ans 2013

 

 

 

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