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Équipe de france 02/05/2017

Deux ans après leur premier titre historique au Danemark, Grégory Gaultier et ses équipiers ont confirmé en Finlande, à l'issue d'un championnat d'Europe qu'ils ont maîtrisé de bout en bout.

Un succès de bon augure, à sept mois du championnat du monde à Marseille. Leurs camarades de l'équipe de France féminine terminent à nouveau sur la deuxième marche du podium, après une finale contre l'Angleterre qui leur laissera quelques regrets.

Article de Jérôme Elhaïk

LES BLEUS, ROIS D'EUROPE

En tant que joueur, il avait échoué dix fois en finale contre les Anglais. Samedi dernier, Renan Lavigne a remporté à Helsinki son deuxième titre européen avec la casquette d'entraîneur national. Retour sur la compétition avec le patron des Bleus, en plusieurs volets.

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Les champions d'Europe 2017 et leur staff (Crédit photo : Petteri Repo)

La victoire de Grégoire Marche (lors du match d'ouverture, contre Daryl Selby)

Comme je l'avais dit auparavant, sur le papier cette finale contre l'Angleterre était extrêmement serrée, les quatre matches pouvaient aller dans les deux sens. Samedi les choses ont tournées en notre faveur. Battre Selby, c'est une victoire significative pour Grégoire : c'est la première fois qu'il remporte son match en finale du championnat d'Europe par équipes, contre un joueur qui n'est jamais aussi dangereux que lorsqu'il est mené. Greg a fait un très gros match, selon moi supérieur à ce qu'il fait en PSA. Tout le monde s'accorde à dire qu'il a le niveau top 20 mondial. C'est vrai qu'il oscille entre 25 et 30 depuis quelques temps mais les choses se mettent en place pour lui (NDLR : comme un symbole, Grégoire a atteint lundi son meilleur classement, 23ème).

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Toute la détermination de Grégoire Marche contre Daryl Selby (Crédit photo : Petteri Repo)

La victoire de Grégory Gaultier contre Nick Matthew dans des circonstances particulières (le match a été interrompu à plusieurs reprises et même temporairement déplacé sur un court annexe en raison d'un parquet trop glissant sur le court vitré)

Les joueurs, les entraîneurs et le délégué de l'ESF se sont mis d'accord pour changer de court pendant le premier jeu, puis Nick Matthew a voulu retourner sur le vitré à 11-10 contre lui … Les finales contre l'Angleterre sont souvent épiques, avec pas mal d'aléas. Mais le plus important était de rester dans notre bulle sans nous laisser déstabiliser par les éléments extérieurs. Grégory y est parfaitement parvenu, en livrant un match très solide. Je l'ai répété aux gars tout au long de la semaine, quand on a un leader comme lui, on n'a pas le droit de ne pas viser le titre de champions d'Europe. Il a parfaitement joué son rôle de leader sportif. Bien sûr, c'est plaisant d'avoir un numéro 1 qui évolue à ce niveau et affiche une telle sérénité.

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Le match Gaultier - Matthew a été émaillé de multiples interruptions (Crédit photo : Petteri Repo)

La victoire de Mathieu Castagnet contre James Willstrop

Mathieu avait été un peu hésitant durant la semaine, certainement un peu d'appréhension en raison de ses blessures récentes. Mais en finale, il s'est lâché et a été au taquet du début à la fin.

La deuxième fois, une autre émotion ?

C'est différent de notre premier titre il y a deux ans. Il y a peut-être moins d'émotion, mais d'un autre côté cette année Nick Matthew était présent donc ça a encore plus de valeur. Il ne faut pas surtout pas banaliser une victoire contre les Anglais. J'ai dit aux gars de bien profiter de ces moments, car on ne sait jamais ce qui peut se passer dans le futur. On avait été très déçus par notre défaite en 2016, les Anglais nous étaient rentrés dedans et étaient vraiment au-dessus. Mais on ne s'est pas apitoyés sur notre sort, au contraire on a essayé de tirer des enseignements, notamment de la blessure de Mathieu.

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Moins d'émotion qu'en 2015, mais une énorme satisfaction pour les Bleus (Crédit photo : Petteri Repo)

La rivalité avec les Anglais

Après la finale, leur entraîneur m'a dit « too good, » ça fait plaisir ! Ils ont un vivier supérieur au notre, avec des joueurs comme Chris Simpson, Declan James, Richie Fallows, Joe Lee etc. Mais même s'il peut y avoir des révélations, pour l'instant aucun d'entre eux ne semble être de la trempe d'un Matthew ou d'un Willstrop (NDLR : le numéro 2 Anglais est le dernier Européen à avoir gagné le championnat du monde et le British Open en junior). On en parlait d'ailleurs avec l'entraîneur anglais pendant les interruptions samedi, des joueurs comme Greg (Gaultier) ou Nick Matthew sont des joueurs « special, » comme ils disent, des phénomènes. Ils évoluent à un tel niveau de performance que pour eux chaque détail, par exemple un court trop glissant, est important.

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C'était la dix-septième finale France - Angleterre de l'histoire (Crédit photo : Facebook Grégory Gaultier)

Les débuts de Benjamin Aubert (qui pour sa première sélection a disputé un match en poule)

Concernant Benjamin, j'ai vu des choses (sic). Je ne lui tiens pas rigueur de sa défaite : un premier match en équipe de France est toujours compliqué, et même si je ne lui avais pas dit avant, il était face à un très bon joueur (Jakub Solnicky). En revanche, il a encore beaucoup des choses à apprendre, notamment dans sa préparation des matches. On a eu une bonne discussion de 45 minutes ensemble. C'est un garçon qui est à l'écoute, mais il est aussi têtu. Ca tombe bien, ce sont deux qualités indispensables pour réussir.

La meilleure équipe de France de l'histoire ?

Oui, certainement. Comme je le disais, elle a battu l'équipe d'Angleterre avec Nick Matthew. Mais il faut garder à l'esprit qu'il y a un écart important entre le quatre majeur et le reste. Quand il nous manque un élément comme l'an dernier, on est en difficulté. Idéalement, il faudrait avoir des joueurs aux alentours de la 50-60ème place qui viennent titiller Lucas et créer une émulation.

L'âge d'or du squash français, oui mais ...

C'est vrai que le palmarès de l'équipe de France commence à être conséquent. Il pourrait d'ailleurs être encore plus riche : l'équipe dont je faisais partie au début des années 2000 avec Grégory, Thierry Lincou et Jean-Michel Arcucci est passée plusieurs fois près du titre européen, contre une équipe d'Angleterre qui avait naturalisé Peter Nicol … (NDLR : l'Écossais, ancien numéro 1 mondial, était devenu Anglais en 2002). J'espère que ces titres ont une résonance auprès des instances : nous on fait notre part du travail, ensuite c'est à la Fédération de servir de relais. Ces bons résultats sont obtenus avec peu de moyens, compensés par un travail quotidien des joueurs, du staff et de quelques élus. Il ne faut pas oublier les anciens DTN, en particulier Bertrand Bonnefoy (en poste de 1997 à 2006). C'est lui qui a initié la dynamique de performance dans laquelle nous sommes actuellement.

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Renan Lavigne a disputé de nombreuses finales européennes en tant que joueur. Ici en 2009 face à Adrian Grant (Crédit photo : www.squashplayer.co.uk)

Oui le squash français vit actuellement un âge d'or, mais on ne se voile pas la face pour autant : hormis Victor Crouin, les résultats des jeunes sur la scène internationale ne sont pas au niveau de certaines grandes nations, on le voit pas par exemple au British Junior Open. Il y a donc beaucoup de travail à faire dans ce domaine : c'est d'ailleurs dans un but de regroupement des meilleurs jeunes que Yann Menegaux et le pôle de Châtenay-Malabry pourraient être amenés à « déménager » à Aix. C'est important que les jeunes aient l'opportunité de côtoyer leurs aînés au quotidien, et que l'exigence puisse se décliner à travers toutes les catégories.

Marseille, c'est déjà demain

Évidemment que ce titre continental est de bon augure en vue du championnat du monde à Marseille en décembre. Les joueurs l'ont déjà en tête, Grégory et Mathieu vont planifier leur programme de reprise en fonction de cette échéance. Mais aussi du championnat du monde individuel qui a lieu juste après. Comme je le disais, quand on a dans l'équipe celui qui est actuellement le meilleur joueur du monde, on est obligés de viser la médaille d'or … Les joueurs étaient d'ailleurs très déçus que l'épreuve de 2015 ait été annulée, car on aurait déjà pu y viser très haut. Les têtes de série sont déterminées par un panel d'experts : l’Égypte sera probablement 1, sur le papier c'est possible qu'on soit en 2 en fonction de l'évolution des classements d'ici là mais c'est peu probable (NDLR : l'Égypte et l'Angleterre ont été désignés têtes de série 1 et 2 lors des cinq dernières éditions). Mais de toute façon, il y a beaucoup de nations dont il faudra se méfier : je pense à Hong-Kong qui a une équipe très homogène, ou l'Allemagne avec un Raphael Kandra qu'on a vu en grosse progression à Helsinki.

 

ILS ONT DIT

Grégory Gaultier

On est vraiment satisfaits du résultat, on savait depuis le début qu'on était capables d'aller au bout. On a quelques petits pépins mais qui ont été très bien gérés par le staff médical, qui a fait un boulot fabuleux. Je remercie mes coéquipiers de ces moments inoubliables, ils se sont surpassés sur tous les matches, et cette fois-ci on a fait vraiment la différence en finale en gagnant 3-0. Ramener cette médaille d'or c'est vraiment gratifiant, aussi bien pour les joueurs que pour le staff fédéral qui nous entoure, les personnes qui travaillent avec nous au quotidien pour qu'on atteigne nos objectifs, et la Fédération. Les émotions sont fortes mais différentes de notre premier titre au Danemark. En ce qui concerne mon match, le court glissait énormément, mais le plus important était de bien gérer les interruptions et ne pas trop se refroidir. J'ai eu une hypoglycémie au troisième jeu mais le principal était de faire le boulot et de ramener le point pour l'équipe.

Mathieu Castagnet

Nous sommes très fiers de remporter ce titre pour la seconde fois, avec cette finale gagnée sans perdre un match. Nous nous sommes comportés en professionnels, et avons prouvé que nous avions toutes nos chances en vue du championnat du monde.

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La victoire de Mathieu Castagnet face à James Willstrop prouve qu'il est proche d'un retour à son meilleur niveau (Crédit photo : Petteri Repo)

Grégoire Marche

La sensation est différente d'il y a deux ans. C'est peut-être moins un exploit et au vu des circonstances de la rencontre il y a eu moins de suspense. Mais la satisfaction est néanmoins énorme et les sourires étaient bien présents sur tous les visages !

Lucas Serme

C'est en effet très différent du titre de 2015. Ça a commencé sur les chapeaux de roues, avec la magnifique entrée en matière de Grégoire contre Selby. Ensuite, je pense que l'interruption du match de Grégory a fait retomber un peu la tension. Mais lui et Mathieu ont finalement fait chacun un match extraordinaire. La victoire est plus nette, il y a eu moins de suspense mais ça n'enlève rien à la joie de toute l'équipe. Les trois qui ont joué ont montré qu'ils étaient au dessus le jour J, et c'est très motivant en vue des futures échéances.

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Lucas Serme n'a pas eu besoin de rentrer sur le court samedi dernier, mais c'est lui qui prononcé le discours lors de la remise des prix (Crédit photo : Petteri Repo)

Benjamin Aubert

Même si ma contribution n'a pas été très importante, j'ai passé une bonne semaine, avec notamment la finale qui a été très longue, plus de cinq heures pour trois matches. Les gars ont été très forts toute la semaine et ça fait vraiment plaisir de battre les Anglais pour la deuxième fois. En ce qui me concerne, même si je n'ai joué qu'un match, ça a été une très bonne expérience. Je dois encore énormément apprendre - sur le court et en dehors – et je vais m'en servir pour progresser et prendre confiance.‎

PAS DE RÉPIT POUR LES CHAMPIONS ...

Dès hier, Mathieu Castagnet, Grégoire Marche et Lucas Serme disputaient les qualifications de la Grasshopper Cup (100 000 $) à Zurich. « Ce n'est pas facile d'enchaîner, mais c'est sympa de s'y retrouver ensemble, » nous confiait Grégoire. Dommage que le tirage au sort ait mal fait les choses avec un Castagnet - Serme au premier tour (victoire du premier cité en 3 jeux accrochés). « C'est une situation qui n'est pas facile, mais ce sont les aléas du sport, » disait Mathieu dimanche. Même son de cloche chez Lucas, « un peu frustré de devoir affronter un coéquipier après avoir vécu une telle semaine ensemble, mais c'est une compétition différente et il faut faire notre boulot. » Au rayon des bonnes nouvelles, Castagnet et Marche se sont tous les deux qualifiés aujourd'hui, et attendent de connaître leur adversaire dans le tableau principal. Tandis que Grégory Gaultier - qui visera un cinquième titre de suite en 2017 ! - retrouvera jeudi un certain Daryl Selby ... 

 

LES FILLES EN ARGENT

Elles ont préféré retenir le positif, et elles ont sans doute raison : après leur premier podium mondial en décembre à Paris, les Bleues de Camille Serme ont décroché leur quatrième médaille d'argent d'affilée au championnat d'Europe. Une vraie satisfaction, car elles avaient su se défaire en demi-finale du piège Gallois (Tesni Evans et ses camarades sont d'ailleurs montées sur le podium pour la première fois depuis 1983). Et comme le disait leur leader, elles n'ont jamais été aussi proches de l'exploit contre les intouchables Anglaises, qui ont remporté en Finlande leur 38ème titre en 39 éditions !

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Quatrième défaite de suite en finale contre l'Angleterre mais les Bleues n'avaient jamais été aussi proches (Crédit photo : Petteri Repo)

Mais il y aura évidemment une pointe de regret, tant elles ne sont pas passées loin de décrocher cette médaille d'or, « dont on rêve tellement. » (Coline Aumard). L'occasion était pourtant belle contre cette équipe d'Angleterre déjà privées de Laura Massaro et Emily Whitlock (numéros 2 et 13 mondiales) et dont les entraîneurs avaient décidé de laisser leur capitaine Alison Waters sur le banc samedi. Après son combat de la veille contre Evans, Serme avait concédé la première manche à Sarah-Jane Perry, avant de prendre les commandes de la partie. Au point de mener 2 jeux à 1, et même de se procurer quatre balles de match (à 10-8, 11-10 et 12-11). Qu'elle ne pourra convertir, à cause de quelques fautes directes, mais surtout d'une défense acharnée de l'Anglaise quand la Française passait à l'offensive. Boostée par ce retournement de situation, Perry fera la course en tête pendant tout le cinquième jeu pour conclure 11-7.

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Camille Serme est passée à deux doigts de la victoire contre Sarah-Jane Perry (Crédit photo : Petteri Repo)

Des occasions, Laura Pomportes en a eues également contre Fiona Moverley, une joueuse à la fois nettement mieux classée mais moins expérimentée dans ce genre d'évènements. Après une excellente entame, la Française s'est retrouvée à 10-6 dans le premier jeu, avant de perdre les six points suivants. Menée ensuite 2 jeux à 0, elle trouvera les ressources pour revenir, avec notamment une superbe volée gagnante pour conclure le quatrième jeu. Le cinquième sera tendu et disputé jusqu'au bout, mais il tournera en faveur de Moverley (11-8). Cette joueuse de 30 ans est d'ailleurs la belle histoire de ce championnat d'Europe : revenue sur le circuit en 2014 après une longue période d'arrêt due à un manque de moyens financiers, elle a été appelée au dernier moment pour remplacer Emily Whitlock, et a donc offert à son pays le titre européen … On aurait bien aimé voir Coline Aumard contre Victoria Lust, mais comme l'an dernier la numéro 2 française aura été privée de finale en raison de l'ordre des matches. Nullement frustrée, elle affirmait être « très fière de faire partie de cette belle équipe de France. On reviendra encore plus fortes l'année prochaine ! »

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Laura Pomportes a fait trembler Fiona Moverley mais ça n'a pas suffi (Crédit photo : Petteri Repo)

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--- et en photos

 Squash European Team Championships 2017 (par Petteri Repo)

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