Emmenées par une Mélissa Alves en grande forme, les Bleues visent au minimum une place dans le top 8. 

Article de Jérôme Elhaïk

Depuis leur création (1967 pour les hommes, 1979 pour les femmes), les championnats du monde par équipes étaient organisés à tour de rôle tous les 2 ans. Pour la première fois, les deux compétitions auront lieu en même temps, et pour les accueillir la Fédération Internationale a choisi Hong Kong (où se déroule en ce moment un tournoi Platinum). L’approche des Jeux Olympiques 2028 n’est certainement pas étrangère à la mobilisation des nations, avec 26 équipes engagés chez les hommes et 23 chez les femmes – deuxième meilleur total derrière l’édition 2012 à Nîmes. On commence par la présentation du tournoi féminin : tête de série 7/9, l’équipe de France vise au minimum les quarts de finale, et plus si affinités …

🖥️ Autre nouveauté et non des moindres, dans le cadre du partenariat entre la FFSquash et la chaîne, les rencontres des équipes de France seront diffusées sur Sport en France à partir du 11 décembre, plus d'infos à venir

Responsable de l’équipe de France féminine depuis 18 mois, Yann Menegaux va vivre son premier championnat du monde dans ce rôle. Une compétition que les Bleues abordent avec ambition, et la volonté de procéder étape par étape.

Un nouveau cycle pour l’équipe de France féminine ?

« Je ne sais pas si on peut parler de nouveau cycle, mais en effet ce sera le premier championnat du monde par équipe pour moi ainsi que deux joueuses, Marie Stéphan et Lauren Baltayan. Avec l’absence de Camille Serme pour raisons personnelles, la sélection est assez logique. Cette compétition constitue en quelque sorte le point de départ de l’aventure olympique, qui va nous mener jusqu’à Los Angeles en 2028, et va nous permettre de savoir où on se positionne sur l’échiquier mondial. On observe qu’il y a une dynamique qui se met en place à l’échelle internationale, avec la présence de 49 équipes et de certaines nations comme la Chine (NDLR : dont ce sera la première participation chez les hommes). La programmation n’est pas encore axée sur les Jeux, c’est encore un peu tôt, mais il faudra progressivement l'ajuster pour arriver au top pendant l’été, qui est généralement la période de préparation au squash. Les Jeux Mondiaux de l’été prochain constitueront une opportunité de démarrer dans cette voie. »

Yann Menegaux pourra compter sur une numéro 1 en grande forme en la personne de Mélissa Alves (Crédit photo : European Squash Federation)

Une nouvelle donne pour les Françaises

« C’est important d’avoir une numéro 1 en forme, et Mélissa Alves a enchaîné les bons résultats récemment. On touche du bois pour qu’elle n’ait pas de pépin physique … Après un début de saison délicat, Marie Stéphan a retrouvé la pêche (sic) ces dernières semaines. Énora Villard n’a pas gagné beaucoup de matches mais il y a de nouvelles choses qui se mettent en place dans son jeu, et le contenu est intéressant. Quant à Lauren Baltayan, elle est là pour observer et apprendre, et son principal objectif sera le British Junior Open début janvier. Cette saison, l’objectif était de changer de logiciel, et qu’elles fassent des tournois de moindre envergure afin de jouer davantage de matches. Le fait que Marie ou Énora ne puissent plus intégrer les tableaux des Platinum (NDLR : le format est passé de 48 à 32 joueuses) est selon moi un mal pour un bien, dans ces tournois vous êtes dépendants du tirage compliqué et vous vous déplacez souvent pour un seul match. La semaine dernière, Mélissa a fait le choix d’aller sur un Copper en Afrique du Sud, en le remportant elle a gagné autant d’argent et a marqué plus de points que si elle avait passé un tour à Hong Kong. C’est également important de savoir gérer la pression, et il y en a lorsqu’on est tête de série n°1 ... »

Objectif top 8 … et plus si affinités

« L’Égypte est évidemment largement au-dessus du lot sur le papier, et derrière il y a d’autres belles équipes comme les États-Unis (Sabrina Sobhy n’est pas là, mais la jeune Marina Stefanoni est en super forme), l’Angleterre, la Malaisie et la Belgique même si elles sont beaucoup plus faibles que ces nations en numéro 3. Pour nous, l’objectif minimum est de tenir notre rang et de se qualifier pour les quarts de finale. Ensuite, on verra si on a l’opportunité de faire mieux, en fonction du tirage au sort et des circonstances. Même si on s’arrêtait en quart, il faudra tout faire pour terminer à la meilleure place possible. Les joueuses qui vont aller loin à l’open d’Hong Kong vont peut-être laisser quelques plumes, on verra si ça a une influence au championnat du monde. Faire l’impasse sur un tournoi, c’est le genre de décision qu’il faudra être prêt à prendre dans le cadre d’une programmation pour les Jeux. »

Après un début de saison compliqué, Marie Stéphan a retrouvé le goût de la victoire ces dernières semaines (Crédit photo : Marie Stéphan)

La relève ?

« Le point positif, c’est que les jeunes joueuses françaises ont de plus en plus de confrontation, que ce soit sur le circuit PSA, les tournois européens jeunes ou les opens nationaux. Je pense par exemple aux jeunes corses Rafaella Guidoni et Elia Grossi, âgées de 13 ans et qui affrontent régulièrement des joueuses beaucoup plus âgées, ou encore Emma Vassenet, qui était bénéficiaire d'une wildcard sur le PSA des Hauts-de-France où je me trouve en ce moment (NDLR : cet entretien a été réalisé la semaine dernière). Je lui ai conseillé de rester pendant quelques jours pour observer les matches et faire des séances d’entraînement, c’est l’opportunité d’engranger de l’expérience. Sur ce genre d’évènement il ne faut pas se contenter de disputer son match et de repartir en cas de défaite. »

À Hong Kong, les Bleues seront emmenées par Mélissa Alves, désormais rompue à ce rôle de numéro 1 en sélection et qui arrive en Asie auréolée d’un beau début de saison – avec en points d’orgue deux titres sur des tournois ‘Copper’ et un succès de prestige sur la n°5 mondiale Nele Coll. Après un début d’exercice compliqué, Marie Stéphan a redressé la barre récemment avec une finale au Costa Rica et une première demie sur le circuit principal à Philadelphie. Même si les résultats n’ont pas été au rendez-vous pour Énora Villard en PSA dernièrement, le contenu de ses matches est de bon augure et elle aura un rôle important en numéro 3. Enfin, Lauren Baltayan va vivre son premier championnat du monde senior, à 17 ans. Comme Isabelle Stoehr et Camille Serme avant elle …

Crédits photo : SquashSite

L'équipe de France féminine au championnat du monde

👉 18 participations

👉 2 médailles de bronze 🥉 en 2016 et 2018

L’Égypte est-elle imbattable ? Malgré l’absence de la championne du monde individuelle Nouran Gohar (qui doit se faire opérer du nez), les triples tenantes du titre aligneront 4 joueuses du top 10 – Nour El Sherbini, Hania El Hammamy, Rowan ElAraby et la nouvelle terreur du circuit, Amina Orfi. Il y a deux ans, les États-Unis avaient bousculé les Africaines en finale mais la donne n’est pas la même avec la retraite d’Olivia Clyne, l’absence de Sabrina Sobhy (blessée) et une Amanda Sobhy pas encore revenue à son meilleur niveau après une rupture au tendon d’Achille. La ‘Team USA’ devrait lutter pour la médaille d’argent avec l’Angleterre (jamais absente du podium en 22 éditions), la Belgique des sœurs Gilis, sacrée championne d’Europe pour la première fois cette année et la Malaisie, dont les joueuses – Sivasangari Subramaniam, Rachel Arnold mais aussi la jeune Aira Azman - brillent depuis le début de la saison.

L'équipe d'Égypte a remporté les trois dernières éditions du championnat du monde féminin (Crédit photo : World Squash Federation)

Quid de la France ? Têtes de série 7/9, les protégées de Yann Menegaux sont justement dans la poule de la Malaisie et devront battre les Asiatiques pour avoir un meilleur tableau : si c’est le cas, elles se retrouveraient dans la partie de tableau de l’une des têtes de série 3/4, la Belgique et l’Angleterre, plutôt que dans celle des États-Unis ou de l’Égypte. Avant de penser à tout ça, il faudra évidemment sortir la poule (c’est-à-dire battre Macao et l’Irlande) et franchir les huitièmes, et parmi les possibles adversaires à ce stade de la compétition il y a le Canada ou encore l’Inde.

Rendez-vous mercredi pour la présentation du championnat du monde masculin par équipes