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CHAMPIONNAT D'EUROPE PAR ÉQUIPE, J-7 ...
Équipe de france 19/04/2023C'est l'un des rendez-vous attendus tous les ans pour le squash hexagonal : à partir de mercredi prochain, les Bleu(e)s seront en Finlande pour y disputer le championnat d'Europe par équipe.
Forts d'un groupe qui n'a jamais été aussi homogène (cinq joueurs dans le top 30 mondial), les hommes de Renan Lavigne visent l'or mais feront évidemment face à la concurrence d'une équipe d'Angleterre renforcée par Mohamed ElShorbagy. De leur côté, les filles de Philippe Signoret essaieront d'effacer la déception de 2022 en montant sur le podium.
Article de Jérôme Elhaïk
LES BLEUES ONT ENVIE DE REVANCHE
Déjà retirées du circuit PSA, Camille Serme et Coline Aumard auront donc disputé leur dernière compétition internationale au championnat du monde en Égypte en décembre dernier. La possibilité d'une ultime pige avait été envisagée pour l'ancienne numéro 2 mondiale mais ce ne sera pas le cas, « pour une excellente raison, » sourit Philippe Signoret (NDLR : Camille a récemment annoncé qu'elle attendait son premier enfant). C'est donc un chapitre entamé en 2004 qui se referme, et une nouvelle page s'ouvre avec l'arrivée de Lauren Baltayan. Celle qui fêtera ses 16 ans le 5 mai va devenir la deuxième plus jeune joueuse à porter le maillot de l'équipe de France féminine, juste derrière Isabelle Stoehr. « Le comité de sélection a décidé que l'âge n'était pas un critère, » explique l'entraîneur national. « Lauren avait déjà marqué des points en battant Élise Romba dans le match pour la médaille de bronze au championnat de France Élite. Cette dernière aurait pu lui passer devant si elle avait ensuite eu de bons résultats en PSA, notamment au Danemark, ça ne s'est pas produit. » La petite Franco-Égyptienne (1m52, et de l'énergie à revendre) sera aussi la première à disputer les championnats d'Europe par équipe -17, -19 ans et senior la même année. Comme elle vient également d'effectuer ses débuts sur le circuit international, autant dire qu'elle va passer beaucoup de temps dans l'avion au cours des prochaines semaines. « Le deal, c'était que ses parents soient d'accord, et ils le sont, » ajoute celui qui était à ses côtés au PSA de Normandie le weekend dernier.
Mélissa Alves félicitée par Philippe Signoret après son match, une scène qu'on espère voir souvent en Finlande ... (Crédit photo https://www.wsfwomensteams.com/)
À ses côtés, on retrouvera Marie Stéphan, Énora Villard et Mélissa Alves en numéro 1. « Ça a été le rôle de Camille pendant 15 ans, » indique Philippe Signoret. « Il n'est pas facile à endosser, cependant Mélissa s'en était très bien sortie au championnat du monde. » La Guyanaise s'était en effet offerte plusieurs belles victoires, avec en point d'orgue celle face à Sarah-Jane Perry. Elle ne la retrouvera pas dans la rencontre de poule contre l'Angleterre, car la n°8 mondiale a décidé de faire l'impasse sur cette compétition. La perfide Albion présente donc un groupe inhabituellement jeune avec quatre filles âgées de 23 à 26 ans et classées entre la 10ème à la 41ème place mondiale (Georgina Kennedy, Jasmine Hutton, Lucy Turmel et Lucy Beecroft), qui reste favori sur le papier mais peut être bousculé par trois nations : le Pays de Galles, avec Tesni Evans (n°15) et Emily Whitock (n°20), la Belgique des sœurs Nele (n°11) et Tinne Gilis (n°12), et l'équipe de France. « Le Belgique et le Pays de Galles ont un profil semblable, avec deux joueuses du top 20 et d'autres qui sont loin derrière au classement. Si on est amenées à les rencontrer, le match des numéros 1 sera essentiel, néanmoins on n'en est pas encore là. Comme je dis toujours, dans ce genre de compétition il faut procéder étape par étape, et pour nous la première sera de se qualifier pour les demi-finales. Si on y parvient, on fixera ensuite de nouveaux objectifs. » Pour terminer au moins deuxième de la poule A, il faudra battre l'Allemagne, la Suisse et la Finlande, et ça semble largement à la portée de cette équipe de France. « Ce n'est pas plus mal d'être dans le groupe de 5, ça permettra de donner du temps de jeu à tout le monde, » estime Philippe Signoret, qui ajoute que « la quatrième place de l'an dernier nous est vraiment restée en travers de la gorge. » Même si elles ne ne veulent pas mettre la charrue avant les bœufs, il semble évident que l'objectif des Bleues est de monter sur le podium, après deux compétitions sans médaille ...
Crédits photo : Xavier Romieu, Thomas Balke, Gehard Nel
Le groupe France : Mélissa Alves (29 ans, n°19 mondiale), Énora Villard (29 ans, n°45), Marie Stéphan (27 ans, n°49), Lauren Baltayan, 15 ans, n°122)
Entraîneur : Philippe Signoret
UN ENIÈME DUEL FRANCE - ANGLETERRE ?
Même si leurs situations ne sont pas les mêmes, il y a un point commun entre les deux équipes de France : comme Camille Serme et Coline Aumard, Grégory Gaultier et Mathieu Castagnet ont tiré leur révérence après avoir été des éléments incontournables pendant de nombreuses années. La relève est cependant bien présente avec cinq joueurs appartenant au top 25 mondial*, une première pour le squash masculin tricolore. « La sélection était assez évidente, avec ce groupe de cinq garçons et Lucas Serme en remplaçant, » témoigne l'entraîneur national Renan Lavigne. « Derrière Lucas, il y a un fossé avec les plus jeunes, en termes de classement mondial. Ça peut être à double tranchant, à savoir que réduire cet écart peut être une source de motivation mais ils se disent peut-être aussi que ça va être dur. Néanmoins, ils doivent se souvenir d'une chose : parmi les joueurs qui composent la sélection cette année, la quasi-totalité était dans les tribunes lors du championnat du monde fin 2017 à Marseille, ça montre bien que tout est possible. » Même si l'équipe de France masculine a sans doute rarement eu une moyenne d'âge aussi basse, ce n'est pas le talent qui manque et les résultats récents des tricolores sont plus que prometteurs. À commencer par ceux de Victor Crouin, qui vient de disputer un troisième quart de finale en Platinum, passant tout près de sortir le nouveau numéro 1 mondial Diego Elias. Après un début de saison 2022-2023 mitigé, Baptiste Masotti (n°15 depuis lundi) s'est complètement relancé outre-Manche, avec en point d'orgue sa demi-finale à Optasia et plusieurs victoires références au cours des dernières semaines. Pas épargné par les pépins depuis le début de l'année civile, Grégoire Marche (n°18) reste une valeur sûre et est désormais le doyen de l'équipe de France, ayant effectué ses débuts en 2010. Quant à Sébastien Bonmalais et Auguste Dussourd, leur sortie prématurée au British Open n'efface en rien leur bel exercice 2022-2023, qui leur permet aujourd'hui d'être mathématiquement proche du top 20 mondial.
*Ce cas de figure s'est produit la semaine du 20 mars, avant qu'Auguste Dussourd puis Sébastien Bonmalais ne reculent à la 26ème place.
L'Angleterre domine le championnat d'Europe par équipe depuis sa création, et la France est devenue au fil des ans son principal challenger (Crédit photo : Gerhard Nel)
Après la défaite en finale face aux Anglais l'an dernier, Renan Lavigne avait reconnu leur supériorité, tout en exprimant son envie de l'analyser avec précision pour revenir plus forts. « J'avais dit à notre directeur technique national, Éric Silvestri, qu'on avait un an pour se donner les moyens d'inverser ce résultat. » Dans ce contexte, les Bleus effectueront un stage de préparation jeudi et vendredi, près d'Aix-en-Provence. « C'est important pour construire un collectif, » explique l'entraîneur national. « Même si les joueurs ne sont pas obligés de comprendre le fonctionnement des autres, ils doivent le respecter. Le squash est certes un sport individuel et chacun mène sa carrière à sa manière, mais on sait qu'un résultat dans une rencontre par équipe peut avoir un gros impact dans une carrière, dans un sens comme dans l'autre. Ces deux journées vont être très denses et il y a plein de choses au programme, par exemple une intervention de Thierry Lincou autour de la fixation des objectifs. » Parmi ceux de l'entraîneur tricolore, il y a forcément celui de terminer premier d'une poule « très homogène. Même sans Borja Golan, l'Espagne reste une équipe à prendre au sérieux. La Suisse manque peut-être de densité, cependant n'oublions pas qu'avec Nicolas Mueller et Dimitri Steinmann, elle est la quatrième nation à avoir deux joueurs (ou plus) dans le top 30 derrière l'Égypte, la France et l'Angleterre. Enfin, l'Écosse sera sans doute notre adversaire le plus coriace avec Greg Lobban, un Rory Stewart qui joue souvent très bien en sélection et Alan Clyne en numéro 3. » Si elle tient son rang de tête de série n°2, la France devrait affronter l'Allemagne ou le Pays de Galles en demi-finale. « La rencontre entre ces deux équipes en poule promet d'être indécise, » indique Renan Lavigne. « Je suis de près les résultats de Simon Rösner en Interclubs, même s'il ne joue plus en PSA on voit qu'il se maintient à un certain niveau. Quant au Pays de Galles, avec Joel Makin ils ont un numéro 1 très fort, et même s'il y a un écart avec les autres ce sont des joueurs solides. »
Crédits photo : SquashSite, World Games 2022, Thomas Balke, Nathan Clarke
Même si le patron des Bleus ne veut pas trop se projeter, l'homogénéité de son groupe par rapport à tous ces adversaires potentiels permet d'envisager une qualification pour la finale, et une énième explication face à l'Angleterre*. « Évidemment, l'arrivée de Mohamed ElShorbagy chez eux change la donne. Avec Nick Wall, ça leur fait deux nouveaux joueurs par rapport à l'an dernier, nous aussi avec Victor et Auguste. Il y a 5 garçons pour 4 places de chaque côté, et donc énormément de combinaisons possibles si cette finale a lieu … Effectivement, si on ne regarde que les classements mondiaux, on peut penser qu'on est favoris, mais on sait qu'avec les Anglais ça ne veut pas dire grand chose et qu'ils sont souvent performants en sélection. À l'image d'Adrian Waller, qui nous a fait mal lors de nos dernières rencontres. » Comme on dit dans la langue de Shakespeare, wait and see ...
*Les deux nations se sont affrontées 19 fois en finale lors des 21 dernières éditions.
Le groupe France : Victor Crouin (23 ans, n°8 mondial), Grégoire Marche (33 ans, n°18), Baptiste Masotti (27 ans, n°15), Sébastien Bonmalais (25 ans, n°26) et Auguste Dussourd (27 ans, n°25)
Entraîneur : Renan Lavigne
DEMANDEZ LE PROGRAMME
Pour la sixième fois de son histoire, la compétition se déroule en Finlande. Les rencontres vedettes auront lieu sur le court vitré principal, installé au sein du centre commercial Tripla (le plus grand de Scandinavie). Les autres se joueront au club de Talihalli, qui comporte aussi un court vitré.
Hommes
Poule A : [1] Angleterre 🏴, [4] Allemagne 🇩🇪, [5] Pays de Galles 🏴, [8] Hongrie 🇭🇺, [9] Finlande 🇫🇮
Poule B : [2] France 🇫🇷, [3] Écosse 🏴, [6] Espagne 🇪🇸, [7] Suisse 🇨🇭
Mercredi 26 avril
👉 10h30 : [2] France 🇫🇷 🆚 [6] Espagne 🇪🇸 / court vitré Tripla
👉 16h : [2] France 🇫🇷 🆚 [7] Suisse 🇨🇭 / court vitré Tali
Jeudi 27 avril
👉 11h : [2] France 🇫🇷 🆚 [3] Écosse 🏴 / court vitré Tripla
Femmes
Poule A : [1] Angleterre 🏴, [4] France 🇫🇷, [5] Allemagne 🇩🇪, [8] Suisse 🇨🇭, [9] Finlande 🇫🇮
Poule B : [2] Pays de Galles 🏴, [3] Pays-Bas 🇳🇱, [6] Belgique 🇧🇪, [7] Espagne 🇪🇸
Mercredi 26 avril
👉 9h : [4] France 🇫🇷 🆚 [9] Finlande 🇫🇮 / court vitré Tripla
👉 14h30 : [4] France 🇫🇷 🆚 [8] Suisse 🇨🇭 / court vitré Tali + court n°2
Jeudi 27 avril
👉 11h : [4] France 🇫🇷 🆚 [5] Allemagne 🇩🇪 / court n°3 Tali
👉 17h30 : [1] Angleterre 🏴 🆚 [4] France 🇫🇷 / court vitré Tali
Les deux premiers sont qualifiés pour les demi-finales (1er poule A-2ème poule B et 1er poule B-2ème poule A).
Vendredi 28 avril : demi-finales + matches de classement
Samedi 29 avril : finales + matches de classement
--- Programme et résultats sur Tournament Software
Le court vitré sera installé au sein du centre commercial Tripla (Crédit photo : SquashMad)
Les rencontres du court Tripla sont diffusées sur SquashTV, les autres sur WorldSquashTV
Suivez la compétition sur le site officiel et sur nos réseaux (Facebook - Instagram)
UN PEU D'HISTOIRE. Dire que l'Angleterre domine le championnat d'Europe est un euphémisme : la perfide Albion a remporté 43 des 48 éditions masculines, et affiche un score de 41/43 côté féminin. Néanmoins, la France est venue perturber cette suprématie dans les années 2000 : tout d'abord en s'installant comme sa plus grande rivale chez les hommes (14 finales entre 2000 et 2014), puis en faisant tomber la forteresse au Danemark en 2015 – avant de récidiver en 2017 et 2018. Le processus a été un peu plus long pour les Bleues, avec tout d'abord quelques médailles de bronze à partir de 2004, puis une présence continue en finale de 2014 à 2018. Avant le triomphe historique de 2019 pour Camille Serme et ses copines ...
La France sera évidemment représentée par ses équipes masculine et féminine à Eindhoven, mais pas seulement : parmi la vingtaine d'arbitres sélectionnés, on retrouve Joaquim Rissetto, Nicolas Barbeau et Simon Saunders.