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MATHIEU CASTAGNET, RETOUR SUR LE PARCOURS D'UN COMBATTANT

Événements 26/01/2023

Il y a quelques semaines, Mathieu Castagnet a annoncé qu'il mettait un terme à sa carrière professionnelle, à 36 ans.

Le "French Warrior" (surnom qui rend hommage à sa combativité sur le court) a accepté de revenir sur un parcours dont le point culminant aura été son ascension à la 6ème place mondiale en 2016. Ainsi que sur ses projets pour l'avenir, qui devraient être étroitement liés au squash. 

Propos recueillis par Jérôme Elhaïk 

UNE PAGE QUI SE TOURNE 

Mathieu, comment la décision de mettre fin à ta carrière de joueur professionnel a-t-elle germé dans ton esprit ?

Je dirais que ça s'est fait en trois étapes. La première est ma réussite au concours de professorat du sport à l'été 2021, très importante car elle m'assurait une certaine sécurité concernant mon avenir. Ensuite, au mois de juin dernier Thierry Jung (NDLR : président du Mulhouse Squash Club, que représente Mathieu depuis près de dix ans) m'a proposé un contrat de professionnalisation, qui me permet de suivre une formation financée par l'AFDAS (voir plus loin). Enfin, je dois avouer que j'ai eu du mal à me motiver lors de la dernière préparation estivale. Néanmoins je voulais absolument être prêt pour la Coupe d'Europe des Clubs à la mi-septembre, où nous avons malheureusement échoué de très peu pour le titre. Sur le plan personnel, j'ai réalisé une super semaine, et après la finale j'ai senti que c'était la fin de quelque chose. Comme c'était prévu de longue date, je suis quand même parti en Égypte le lendemain pour disputer un tournoi PSA : au premier tour, j'ai perdu contre Auguste Dussourd qui a été plus fort que moi ce jour là. De mon côté je n'avais plus l'envie et je me suis fait violence pour retourner à l'entraînement par la suite. À la mi-octobre, je me suis blessé aux mollets, et ça ne m'a pas affecté plus que ça … Quand j'ai pu reprendre un mois plus tard, j'étais content de m'entraîner mais c'était clair dans ma tête, je ne voulais plus faire de compétition.

Coupe d'Europe des Clubs 2022

À l'issue de la Coupe d'Europe des Clubs, Mathieu Castagnet (troisième en partant de la droite en haut) a senti que son parcours de joueur professionnel était arrivé à son terme (Crédit photo : Mulhouse Squash Club) 

As-tu des regrets de ne pas avoir eu un tournoi d'adieu en PSA, et continueras-tu à jouer pour Mulhouse ?

Des regrets, pas spécialement. J'ai eu l'opportunité de jouer de grands matches ces derniers mois, notamment au Canary Wharf Classic, et de représenter une dernière fois l'équipe de France au championnat d'Europe même si je me suis blessé. J'aurais pu faire mes adieux à l'open de France à Nantes, mais c'était en même temps que la Coupe d'Europe des Clubs et j'avais donné ma parole à Thierry. Du coup, ce sera aux playoffs des Interclubs en juin prochain. J'ai l'intention de continuer à jouer pour Mulhouse, sans doute encore un an et demi en Nationale 1 et aux échelons inférieurs par la suite. L'objectif est que les jeunes - Brice Nicolas, déjà intégré cette saison, ainsi qu'Antonin Romieu – prennent rapidement un rôle de plus en plus important.

« Mon intention est de rester dans le squash »

Quel va être ton avenir, à court, moyen et long terme ?

La formation que j'évoquais auparavant et que j'effectue cette année est un Master 2 M.I.P.P.E, un acronyme compliqué qui signifie « Méthodologie et Ingénierie de la Préparation à la Performance et Expertise » (rires). Elle se fait à la fois en ligne et via des regroupements, et j'apprends énormément en côtoyant des spécialistes dans leur domaine. Comme son nom l'indique, elle est très orientée sur la performance et ça me permet de modéliser certaines choses pour le squash. Je vais pouvoir les mettre en application au cours des prochains mois : depuis quelques jours, j'interviens trois demi-journées par semaine auprès des jeunes du pôle France à Aix-en-Provence. Je viens compléter un collectif dont font partie Yann Perrin et Yann Menegaux, ce dernier en étant le responsable. Je vais essayer de leur apporter mon expérience, et ça me servira pour l'un des deux mémoires que je dois rédiger dans le cadre du Master. À plus long terme, je commencerai en septembre mon année de stage dans un service déconcentré, en tant que conseiller d'animation sportive suite à l'obtention de mon concours. Pour ce qui est du lieu, j'en saurai plus dans les prochaines semaines. Une chose est sûre, j'ai la volonté de rester dans le squash et je sens qu'elle est partagée par la Fédération. Néanmoins, on ne maîtrise pas tout et le nombre de postes de cadres est limité. Après près de vingt ans passés sur le circuit pro, je dois avouer que je suis un peu perdu quand je pense à ce qui m'attend, il y aura beaucoup de choses nouvelles à assimiler. De plus, je vais passer de 20-25 heures de sport par semaine à zéro (rires), je vais donc devoir faire attention à ma santé mentale et physique. Enfin, mon épouse est elle aussi dans l'attente de sa prochaine affectation (NDLR : ancienne joueuse de l'équipe de France, Laura Pomportes-Castagnet est attachée temporaire d'enseignement et de recherche en nutrition sportive à l'université d'Aix-Marseille), nous sommes donc aussi dans le flou sur le plan familial.

SON PARCOURS EN JEUNES

Peux-tu nous raconter comment tu as découvert le squash, et les premières étapes de ton parcours en jeunes ?

J'ai frappé mes premières balles dans le club de mes parents, à la Pommeraie près de Saintes en Charente-Maritime. Même si je n'avais que trois ans, je m'en souviens très bien ! J'ai eu la chance de grandir dans un environnement sportif. Mon père et mon frère ont été mes premiers entraîneurs, et je jouais tous les jours. Très jeune, je me suis déplacé dans tous les clubs de la région pour des compétitions, j'ai disputé mon premier championnat de France à 8 ans et l'année suivante j'ai remporté mon premier titre en poussins, à Toulouse. J'ai en mémoire la remise des prix, c'est Fred et Michèle Lecomte qui m'avaient donné ma médaille, ainsi qu'un article de presse intitulé « La Marseillaise à 9 ans. » Quand j'ai eu 12 ans, mes parents ont eu envie d'autre chose et ont vendu le club. J'ai joué pendant un an à Royan, puis deux ans à la Rochelle où j'ai eu Bob Bonabesse comme entraîneur. C'est mon père qui m'emmenait, mais ça faisait pas mal de route et j'y allais seulement une ou deux fois par semaine. Ça n'est pas suffisant quand on veut faire partie des meilleurs français, et j'ai rétrogradé dans la hiérarchie (parmi les joueurs de ma génération, il y avait Christophe André, Thibault Gouti et Jean-César Langlois, alors que Yann Perrin, Joan Lezaud et Fabien Verseille avaient un an de plus).

« J'ai eu la chance de grandir dans un environnement sportif »

Castagnet vs Rösner

Même s'il ne faisait pas partie au départ des joueurs les plus talentueux de sa génération, Mathieu Castagnet (ici face à Simon Rösner) s'est construit un beau palmarès en junior grâce à son travail acharné (Crédit photo : Squash Player) 

Ton départ au Mans a été un tournant, n'est-ce pas ?

À l'approche de mes 15 ans, la question s'est posée : arrêter le squash, ou continuer mais en s'investissant complètement. Dans ma tête, la réponse était évidente, d'autant plus après avoir participé à des stages équipe de France. Je me rappelle qu'à chaque regroupement, on faisait des footings et j'étais loin des autres car j'étais en retard physiquement. Benoit Letourneau faisait demi-tour pour me dire que je pouvais arrêter si c'était trop dur, et je lui répondais « pas question, je veux terminer. » J'avais déjà cette mentalité de combattant … Je suis donc allé au pôle espoirs du Mans, où Benoît m'a fait énormément progresser, et en six mois j'avais rattrapé une bonne partie du retard. Auparavant, j'avais un revers à deux mains et une technique de déplacement insuffisante, je me contentais de renvoyer la balle. Les résultats sont arrivés très rapidement, j'ai été deux fois champion de France -19 ans et surtout vice-champion d'Europe, un peu à la surprise générale - j'avais 17 ans et je n'étais pas tête de série. Je bats mon ami Yann Perrin à l'issue d'une très grosse bataille en quart (on ne s'était pas fait de cadeau …) puis Chris Simpson en demi, à nouveau en 5 jeux. J'ai perdu en quart l'année suivante, je crois que j'étais tout simplement trop confiant. Ça m'a aidé à comprendre que le sport de haut niveau était une remise en question permanente et que rien n'était jamais acquis. À 19 ans, je suis parti au pôle France d'Aix-en-Provence où j'ai continué à travailler techniquement avec Fred Lecomte et surtout André Delhoste, qui a passé des centaines de milliers d'heures avec moi sur le court (rires). C'est notamment avec lui que j'ai découvert l'axe temporel (jouer tôt, tard etc.).

SA CARRIÈRE EN PSA (1) : 2010, LE TOURNANT

À l'été 2005, tu achèves ta carrière en junior et tu disputes également tes premiers tournois PSA avec une tournée en Amérique du Sud.

J'avais fini la saison à la première place du classement européen en -19 ans, et la PSA m'avait offert l'adhésion pour un an (ça fonctionnait comme ça à l'époque). C'est comme ça que j'ai commencé, et en effet on était partis à l'aventure avec Fabien Verseille et Yann Perrin. Pour moi, c'était un saut dans l'inconnu : je débarquais dans des clubs que je connaissais pas, qui étaient parfois vides pendant les matches, je devais me débrouiller pour me loger, me nourrir etc.

Même si tu as progressé régulièrement au classement lors de tes premières années en PSA (tu as intégré le top 100 en 2007 puis le top 50 début 2010), je crois savoir que tu as failli mettre un terme à ta carrière ?

À l'époque, il y avait à la fois moins d'argent en PSA et moins d'aides financières pour les joueurs pro en France. De 20 à 25 ans, j'ai habité dans une chambre de 9 mètres carrés en cité universitaire, c'était un peu la galère. Dans le même temps, j'ai passé mes diplômes (Brevets d'État 1er et 2ème degré) et j'étais très investi en PACA, en grande partie grâce à Michèle Lecomte. Il a même été question de créer un poste pour moi, mais deux évènements ont changé le cours des choses : la disparition malheureuse de Michèle, et ma soudaine progression au classement. Du coup, je me suis consacré totalement à ma carrière de joueur au détriment de mes actions d'encadrement et de formation. Ma victoire sur Cameron Pilley (la première sur un top 15) au championnat du monde an Arabie Saoudite fin 2010 a constitué une sorte de déclic, elle m'a prouvé que j'étais capable de battre ces gars là. Une chose importante que je dois souligner : les années que j'avais passé à enseigner, à tous les types de publics, m'avait ouvert les yeux sur plein de choses et fait progresser en tant que joueur. C'est un peu comme si j'avais compris ce que mes entraîneurs avaient toujours attendu de moi.

« Les années que j'ai passé à enseigner m'ont permis de progresser en tant que joueur ! »

Castagnet vs Pilley

Pour Mathieu Castagnet, sa victoire face à Cameron Pilley au championnat du monde en 2010 a constitué un tournant dans sa carrière (Crédit photo : SquashSite)

SA CARRIÈRE EN PSA (2) : 2015-2016, LA CONSÉCRATION

Entre 2011 et 2015, tu vas franchir les paliers plutôt rapidement ...

Mon objectif était d'atteindre la 49ème place, pour ne pas être bloqué à 50, mais en effet je n'y suis pas resté très longtemps. Parmi les étapes importantes, il y a ma victoire au Koweit contre Tom Richards, qui était 12ème à ce moment. C'était un joueur de ma génération et il s'agissait de mon premier 1/8ème de finale en World Series. En 2013-2014, j'ai joué deux quarts de finale, à l'US Open et au British Open, grâce à deux victoires contre Borjan Golan. On faisait tous les deux partie d'un groupe de joueurs au niveau semblable, il y en avait certains que je n'arrivais à pas battre et lui c'était plutôt l'inverse. Je retiens aussi mon succès au British Grand Prix contre Mohamed ElShorbagy : même s'il n'était pas à son meilleur niveau ce jour là, battre un numéro 1 mondial est quelque chose de spécial, et j'étais content que ça ne soit pas une victoire sans lendemain car j'ai battu Miguel Angel Rodriguez au tour suivant.

Victoire Canary Wharf

Parmi les grands moments de la carrière de Mathieu Castagnet, il y a sa victoire au Canary Wharf Classic en 2016 ... (Crédit photo : SquashMad) 

En octobre 2014, tu t'imposes à Montréal, qui est l'un de tes 4 titres en PSA.

Avant cela, je n'avais pas été très bon sur les finales (NDLR : 1 victoire en 6 tentatives). C'est vrai que 4 titres, ce n'est pas beaucoup, mais il y a plusieurs explications : dès que mon classement me l'a permis, j'ai préféré privilégier les World Series, plutôt que d'essayer d'accumuler les titres sur les petits tournois. D'autre part, quand j'ai commencé sur le circuit la plus petite catégorie était 10 000 $ et ils étaient la chasse gardée de quelques joueurs, notamment Peter Barker et Joey Barrington. D'ailleurs, lorsque je gagne mon premier titre à Sannois en 2009, c'était aussi la première fois que je disputais un 6 000 $.

« Le début d'année 2016 a été comme un tourbillon, on travaille toute sa vie pour vivre ce genre d'émotions »

À partir de 2015, tu es de plus en plus régulièrement au rendez-vous des quarts de finale en World Series, et tu rentres dans le top 10. Puis en 2016, c'est l'explosion …

Effectivement. Il y a tout d'abord ma demi-finale au Tournament of Champions face à Mohamed ElShorbagy, mon deuxième titre de champion de France, après celui de 2015, et ma victoire au Canary Wharf Classic qui me permet d'accéder à la 6ème place mondiale. Même si c'était un grand moment, j'ai presque envie de dire que le plus marquant pendant cette période a été mon plongeon au Windy City Open, je ne pensais pas que ça prendrait une telle ampleur. Ces quelques mois ont été un peu comme un tourbillon, ça s'est passé très vite mais ça valait le coup car on travaille toute sa vie pour vivre ce genre d'émotions.

... mais aussi son incroyable sauvetage au Windy City Open, qui avait fait le tour de la toile (Crédit vidéo : PSA World Tour) 

SA CARRIÈRE EN PSA (3) : MALGRÉ LES BLESSURES, MATHIEU NE RENONCE PAS

Malheureusement, la suite a été moins rose car à partir du printemps 2016 tu as été victime d'une multitude de pépins physiques.

Ça a commencé avec une pubalgie au championnat d'Europe, qui a entraîné une succession d'autres blessures, principalement aux mollets. Mon corps m'avait laissé tranquille auparavant et je ne peux pas me plaindre, mais je suis conscient d'avoir un jeu exigeant et j'en ai payé le prix. Le problème, c'est qu'on ne peut pas en faire autant à 30 ans qu'à 20 ans, et avec le recul il aurait fallu adopter d'autres stratégies en termes de charges d'entraînement, autrement dit privilégier la qualité à la quantité. Cela dit, je n'ai pas spécialement de regret par rapport à cette période, si ce n'est le championnat du monde par équipe fin 2017 à Marseille. Je n'étais pas du tout prêt physiquement pour cette compétition, et ça a été une énorme claque.

« L'une de mes plus grandes fiertés est d'avoir suscité le respect chez tous mes adversaires »

Les blessures

Sa blessure aux adducteurs au championnat d'Europe 2016 a marqué le début d'une longue série de pépins physiques pour Mathieu Castagnet (Crédit photo : EuroSquash2016) 

Même si les blessures ne t'ont pas épargné et que tu n'es pas parvenu à revenir dans le top 20, tu as réalisé de belles performances ponctuellement entre 2018 et 2022. Je pense par exemple à ton titre à Wimbledon ou ta demi-finale au Canary Wharf.

En effet, j'ai eu quelques victoires significatives, face à des joueurs du top 20 et même du top 10. Le problème, c'est que pour aller très loin dans les gros tournois il faut en battre plusieurs à la suite et que ça c'était très compliqué. Mais au-delà des résultats, l'une de mes plus grandes satisfactions est d'avoir toujours senti du respect chez mes adversaires, y compris les jeunes les plus virulents (sic). Que l'on m'ait surnommé le French Warrior, c'est une fierté.

MATHIEU CASTAGNET, UN JOUEUR D'ÉQUIPE

Appelé pour la première fois en équipe de France senior en 2008, Mathieu en a été un digne représentant pendant près de 15 ans.

J'ai toujours adoré les compétitions par équipe, je crois même que j'y étais meilleur que dans les tournois individuels. Représenter mon pays et partager des émotions avec mes coéquipiers a toujours été quelque chose de spécial. Parmi mes plus grands souvenirs, il y a bien sûr la victoire contre l'Angleterre au championnat d'Europe en 2015 après de nombreuses finales perdues. J'aurais aimé disputer une finale de championnat du monde, et à ce titre l'annulation de l'édition 2015* nous a laissé d'énormes regrets. Grégory Gaultier venait d'être sacré champion du monde et de repasser numéro 1 mondial, et quant à moi j'étais dans la forme de ma vie. Dans un format à trois joueurs, avoir deux membres du top 10 est un gros atout et je suis convaincu que nous avions de grandes chances d'être champions du monde cette année-là.

*Suite à la suspension du Koweït par le CIO, le championnat du monde 2015 avait été délocalisé en Égypte puis définitivement annulé suite à des attentats au Caire.

Equipe de France

Mathieu Castagnet a connu de grands moments avec l'équipe de France, à commencer par les trois titres de champion d'Europe (Crédit photo : squashPage.net)

« Je crois que j'étais meilleur dans les compétitions par équipe »

Depuis qu'il a quitté le pôle espoirs du Mans, Mathieu n'a connu que deux clubs en France.

Concernant les Interclubs, j'ai vécu deux grandes aventures. La première à Marseille, entre 2004 et 2012 avec Maxence de Peretti, j'ai eu la chance d'évoluer aux cotés de grands professionnels comme Thierry Lincou et Renan Lavigne. Puis il y a eu Mulhouse : Thierry Jung est un président exceptionnel mais ça va au-delà de ça, il est toujours présent même dans les moments difficiles. Il fait tout pour nous mettre en avant. C'est grâce à lui que j'ai intégré le collectif olympique de la région Grand Est, alors que le squash n'est pas une discipline olympique.

EN VRAC ...

Quelles sont les personnes qui ont eu une influence sur toi au cours de ton parcours ?

Mon épouse Laura, incontestablement. C'est elle qui m'a appris la rigueur sur de nombreux aspects (par exemple la récupération) alors qu'avant j'avais tendance à me disperser. Ensuite, il y a tous mes entraîneurs, de mon père à mes débuts jusqu'à Renan Lavigne à la fin de ma carrière. Concernant les joueurs, j'admirais beaucoup Peter Nicol quand j'étais plus jeune, puis il y a eu Amr Shabana et Ramy Ashour – dans un style différent mais c'était des magiciens, à tel point qu'on se demandait comment c'était possible de jouer comme eux. Shabana, c'était l'intelligence ultime, avec cette capacité à mettre la balle exactement là où il faut pour perturber l'adversaire. Quant à Ramy, c'était un joueur unique, sans doute imbattable lorsqu'il était à 100 %. Il jouait à une vitesse incroyable, grâce à son amplitude et sa faculté à générer de la puissance avec un swing très court. Il n'avait aucun état d'âme, et n'hésitait pas à tenter des coups gagnants à des moments clé d'un match. Ça a été un honneur pour moi d'affronter ces joueurs là.

Si tu devais ressortir un ou deux matches comme les meilleurs de ta carrière, ce seraient lesquels ?

Le premier qui me vient en tête, c'est la finale du Canary Wharf Classic en 2016 contre Omar Mosaad, je crois que je ne fais aucune faute directe ! Il y a des jours où on est « dans la zone » sans trop savoir pourquoi, et il ne peut rien vous arriver. Désolé Omar, c'était écrit que je devais gagner ce titre (rires). Ensuite, il y a ma victoire en 2020 à Chicago face à Saurav Ghosal, un match d'un niveau exceptionnel et probablement le meilleur de ma carrière sur un court en dur (NDLR : Mathieu s'était imposé 12-10 au cinquième jeu après 1h40 de combat).

« Ramy Ashour est le joueur le plus fort que j'ai jamais affronté »

Mathieu Castagnet et Laura Pomportes

Parmi les personnes qui ont été une source d'inspiration au cours de sa carrière, Mathieu Castagnet cite en premier lieu son épouse Laura (Crédit photo : Mulhouse Squash Club) 

Quel est ton regard sur le squash masculin actuel, à l'échelle nationale et internationale ?

Concernant la France, il y a quelques années il y avait un écart assez conséquent entre les quatre meilleurs joueurs (Grégory Gaultier, moi-même, Grégoire Marche et Lucas Serme) et les autres. Aujourd'hui, il y a une densité plus importante et on ne peut que s'en féliciter. Pour ce qui est du circuit PSA, le top 30 mondial est également très costaud et il n'y a plus de match facile. Par contre, et c'est mon avis, le top 10 me semble moins percutant (sic) qu'il y a quelques années. Je précise que je ne m'inclus pas dedans, je fais plutôt référence au début des années 2010*. Aujourd'hui, les joueurs sont tous très affûtés physiquement, mais il me semble qu'il y a moins de créativité et aussi moins de « monstres » dans ce top 10. Cela dit, ce que réalise Victor Crouin à son âge est exceptionnel.

*Au début de la saison 2011-2012, on retrouvait dans le top 10 le numéro 1 mondial Nick Matthew, six autres qui avaient occupé cette place auparavant (Ramy Ashour, Karim Darwish, Amr Shabana, Grégory Gaultier, David Palmer, Thierry Lincou) et deux autres qui allaient le devenir par la suite (James Willstrop et Mohamed ElShorbagy).

Que penses-tu de l'évolution du squash en général, au-delà du haut niveau ?

Le déclin du squash, et l'essor de certaines disciplines comme le padel, on le constate dans les clubs. Je crois qu'au fil des années, il y a eu la conjonction de plusieurs facteurs : dans un premier temps, on a été écrasé par le tennis, ensuite il y a eu la non-inclusion aux Jeux Olympiques (notamment ceux de Sydney en 2000, alors que le squash Australien était très fort à ce moment là, ça aurait pu être un coup de boost). Une chose est sûre, aujourd'hui que la France soit championne du monde par équipe ne changerait strictement rien à la popularité du squash. Les clubs font ce qu'ils peuvent, mais pour se développer il faut absolument parvenir à toucher des gens qui ne connaissent pas notre discipline : pour ça, il faut être présent dans les écoles – comme l'est le badminton – voire au sein des universités. D'autre part, il me semble que pour un spectateur lambda, c'est très compliqué de comprendre les règles, en tous cas plus que dans d'autres sports. Ce n'est pas facile, il faudrait peut-être les simplifier pour intéresser davantage de gens.

MATHIEU CASTAGNET - BIO EXPRESS

Né le 14/11/1986 à Saintes

Meilleurs classements : n°6 mondial (mai 2016) et n°2 français

➡ PSA

👉 4 titres dont le Canary Wharf Classic 2016 (70 000 $)

Canary Wharf Classic 2016

👉 Demi-finaliste du Tournament of Champions 2016

👉 7 quarts de finale en tournoi Platinum (anciennement World Series) dont 3 au British Open

👉 1 participation au PSA World Series Finals en 2016

➡ Équipe de France

👉 Champion d'Europe par équipe 2015, 2017 et 2018

👉 Médaillé de bronze au championnat du monde par équipe 2013 et 2019

Championnat du monde par équipe 2019

👉 Vice-champion d'Europe par équipe -19 ans 2004

➡ International

👉 Médaille d'argent aux Jeux Mondiaux 2017

👉 Vice-champion d'Europe individuel 2014

👉 Vice-champion d'Europe individuel -19 ans 2004

➡ France

👉 Champion de France Élite 2015, 2016 et 2018

👉 Champion de France -19 ans 2004 et 2005

Interclubs 2014

👉 8 titres de champion de France Interclubs (3 fois avec Marseille, 5 fois avec Mulhouse)

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