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CHAMPIONNAT DE FRANCE JEUNES, LE BILAN
Événements 02/06/2022Quels sont les enseignements des championnats de France jeunes 2021-2022, qui ont lieu le weekend dernier à Clermont-Ferrand ?
Pour le savoir, nous avons recueilli les impressions des entraîneur nationaux Yann Menegaux et Malcolm Tullis, puis décortiqué les résultats en chiffres. Bonne lecture ...
Article de Jérôme Elhaïk
L'ŒIL DES COACHES
Respectivement entraîneurs au pôle espoirs d'Aix-en-Provence et au pôle France de Créteil, Yann Menegaux et Malcolm Tullis étaient à Clermont-Ferrand pour encadrer leurs protégés, tout en ayant un œil attentif sur l'ensemble de la compétition.
Une formule qui fonctionne
Lancée lors de l'édition précédente, en octobre 2021 à Lille, la formule visant à rassembler toutes les catégories, à l'exception des -23 ans, a été reconduite à Clermont-Ferrand. Avec une certaine réussite, le nombre total de participants étant passé de 204 à 230, soit une hausse de 13 %. « L'une des choses que je retiens de cette édition, c'est qu'il y avait plus de filles que d'habitude, surtout chez les plus jeunes, » indique le conseiller technique fédéral, Malcolm Tullis. « L'avantage de cette formule, c'est qu'elle brasse du monde, et qu'elle donne une image très vivante et dynamique de l'évènement, » ajoute Yann Menegaux, entraîneur des équipes de France junior. « Le seul bémol, c'est le nombre d'engagés en -19 ans (NDLR : 7 filles et 14 garçons). En théorie on aimerait avoir des tableaux de 32 pour chaque catégorie, cependant en pratique ce n'est pas possible pour les -19 pour l'instant. Peut-être faudrait-il avoir un championnat séparé pour eux (tout en continuant à rassembler les -11, -13, -15 et -17), afin non seulement d'avoir des tableaux plus fournis mais aussi pour que les plus jeunes, en particulier les -17, puissent se confronter à leurs aînés. Pour les garçons, je ne suis pas inquiet et je pense qu'on aura plus de joueurs les prochaines fois en -19, alors que pour les filles on sait qu'on en perd davantage dans cette tranche d'âge. »
Il y a avait du monde autour du court n°2 du HPark dimanche dernier, pour assister aux finales dans les dix tableaux (Crédit photo : David Dupuy)
Les championnats du monde dans le viseur
Par ailleurs, Yann Menegaux est positif quant au niveau d'ensemble de la compétition. « On aurait pu penser que la crise sanitaire ait un impact, mais on constate que ce n'est pas le cas et que les jeunes ont bien travaillé depuis deux ans. Même si on n'est pas parvenus à battre les Anglais, toutes les médailles d'argent obtenues sur les compétitions européennes en sont la preuve. »
Yann Menegaux (ici en compagnie d'Axel Diet lors du championnat d'Europe -17 ans) estime que les récents résultats des équipes de France sont la preuve du bon travail effectué par les joueurs et entraîneurs pendant la crise sanitaire (Crédit photo : Xavier Romieu)
La prochaine compétition internationale sera le championnat du monde -19 ans (individuels garçons et filles, par équipe garçons), qui aura lieu à Nancy du 11 au 21 août. « Chez les garçons, il semblerait que l'Égypte n'ait pas une génération aussi exceptionnelle que les précédentes, » confie le Stéphanois. « D'un autre côté, avec la crise sanitaire il règne un certain flou sur le niveau de la concurrence même si on s'attend à ce que des nations comme le Pakistan, les États-Unis ou la Malaisie présentent des équipes solides. Que ce championnat ait lieu en France est un avantage, j'espère d'ailleurs que le public sera nombreux pour soutenir nos jeunes athlètes. En tant qu'entraîneurs, notre mission est de tout faire pour les mettre dans les meilleures conditions et leur permettre d'arriver au top le jour J. Mais comme je dis souvent, une fois sur le court ce sont eux qui tiennent la raquette, pas nous ... »
-19 ans : Kara Lincou bis repetita, Laszlo Godde déjoue les pronostics
Abonnée aux places d'honneur dans le passé, Kara Lincou a trouvé la formule magique : pour son dernier championnat de France en jeunes, elle a remporté un troisième titre d'affilée, et le deuxième en -19 ans. « Comme prévu, elle a affronté Ana Munos en finale, et j'ai trouvé que ça avait été un match de qualité, en particulier dans les deux premiers jeux, » estime Yann Menegaux, qui entraîne la Guyanaise au pôle espoirs d'Aix-en-Provence. « Comme je lui ai dit, il y a six mois elle n'aurait pas été capable de produire ce niveau-là. Elle aurait pu mener 2-0, bravo à Kara qui a très bien défendu. » Âgée de 17 ans, Ana Munos aura encore une chance de décrocher son premier titre national dans un an, mais pourrait se heurter à la concurrence de la Franco-Égyptienne Lauren Baltayan. « J'espère qu'elle sera là, et que d'autres joueuses plus jeunes vont passer des caps et venir les concurrencer, car c'est de cette manière que le niveau d'ensemble augmente, » conclut l'entraîneur national.
Dans une finale entre deux pensionnaires du CER de la Rochelle, Laszlo Godde (au premier plan) a eu le dessus sur Titouan Isambard (Crédit photo : David Dupuy)
Chez les garçons, on avait vécu une soirée à rebondissements samedi avec la défaite en demi-finale des têtes de série 1 et 2, Brice Nicolas et Melvil Scianimanico, face à deux pensionnaires du centre d'entraînement régional de La Rochelle : Laszlo Godde et Titouan Isambard. « Brice n'a pas réussi à aller chercher la motivation intrinsèque pour conserver son titre, » explique Yann Menegaux au sujet de celui qu'il encadre à Aix-en-Provence. « C'est un garçon qui a du mal à compartimenter les choses, et en ce moment il se pose beaucoup de questions par rapport au passage de son bac. Cela dit, il faut féliciter Laszlo d'avoir su saisir sa chance, tout comme Titouan face à Melvil. Ça leur montre à tous que la hiérarchie présumée peut être remise en cause à chaque match. Le point positif concernant Brice et Melvil est qu'ils ont su rebondir et proposer une partie de qualité le lendemain. » C'est le premier cité qui s'est imposé en 5 manches pour décrocher le bronze, alors qu'après deux premiers jeux très disputés, Laszlo Godde a pris le dessus sur son partenaire d'entraînement en finale. Après ses succès en -11 et -15, le Rochelais monte à nouveau sur la plus haute marche du podium, alors que Titouan Isambard obtient tout simplement sa première médaille nationale en jeunes. Les quatre demi-finalistes, ainsi que le champion de France -17 ans Antonin Romieu, ont maintenant l'esprit tourné vers le championnat du monde junior, sachant qu'il y aura sans doute quatre places pour ces cinq là en ce qui concerne l'épreuve par équipe ...
-17 ans : Antonin Romieu dominateur, ça se resserre chez les filles
Pas de surprise en -17 ans garçons : délesté de la concurrence de Melvil Scianimanico, passé en -19 ans, Antonin Romieu n'a pas laissé passer l'occasion de remporter un quatrième titre national. « Il a une super évolution, » dit Yann Menegaux à propos de celui qui a intégré le pôle espoirs d'Aix-en-Provence depuis quelques mois. « À l'entraînement, il montre qu'il est au niveau des joueurs plus âgés que lui. » Le Corse a battu Axel Diet en finale, alors que l'entraîneur national a remarqué les prestations du Réunionnais Maxime Aubry, médaillé de bronze. « Il doit développer ses capacités physiques, mais il a un style de jeu agressif et a montré des choses intéressantes. »
Même si elle a conservé son titre en -17, Lilou Brévard-Belliot (à droite) a eu fort à faire en demi-finale face à Éva Ciceri (Crédit photo : David Dupuy)
Chez les filles, Inès Guyot a réalisé la remontada du week-end en demi-finale, sortant Rose Lucas-Marcuzzo après avoir été menée 2-0 et même sauvé quatre balles de match. « Disons que c'est une demi-surprise, car même si elle n'avait jamais battu Rose Inès en avait été extrêmement proche récemment, » indique Yann Menegaux. « Peut-être qu'elle a eu un peu de mal à digérer cette victoire car elle n'a pas très bien géré sa finale face à Lilou Brévard-Belliot. » Cette dernière a conservé son titre, après avoir eu chaud en demi face à Éva Cicéri (11-9 au cinquième jeu). « Je dois dire qu'Éva m'a surpris lors de ce match, » glisse Menegaux. « Dans cette génération, on a quatre filles qui sont au-dessus, c'est bien qu'elles se tirent la bourre car comme je le disais précédemment l'émulation est essentielle pour progresser. »
-11, -13, -15 : Des résultats conformes à la logique ...
… avec notamment une présence importance des éléments récemment sélectionnés en équipe de France dans les finales. En -15 filles, Leelou Laporte a remporté son quatrième titre de championne de France aux dépens de la gauchère Sara Bonmalais (première médaille pour la Réunionnaise). « À noter la prestation de Sarah Guyot, qui a poussé Leelou au cinquième jeu en demi-finale, » indique Malcolm Tullis. Chez les garçons Amir Khaled-Jousselin s'est logiquement imposé face à Thomas Mauras, malgré la perte du premier jeu. « Amir montre de belles facultés d'adaptabilité, » confie Yann Menegaux. « On connaissait ses qualités à l'avant du court, il est désormais capable de mieux tenir la balle au fond. Quand à Thomas, lui aussi a acquis de la confiance en sélection, et ça lui a servi en demi-finale. » Mené 1-0 par Éthan Lecordier, le Réunionnais a ensuite inversé la tendance mais son adversaire a marqué des points en décrochant le bronze, à seulement 13 ans. « On connaît les qualités d'Éthan, un joueur qu'on suit de près, » conclut Menegaux.
En s'imposant en -13 ans, la jeune Lily Romieu a rejoint son frère Antonin au palmarès (à gauche leur père et formateur, Xavier) (Crédit photo : David Dupuy)
Après plusieurs médailles, Lily Romieu a été titrée en -13 ans et rejoint son frère Antonin au palmarès. En finale, elle a écarté une balle de jeu dans la deuxième manche face à la Réunionnaise Cassy Lincou, s'imposant finalement 3-0. Ces deux joueuses sont âgées de 11 ans et seront donc encore dans cette catégorie la saison prochaine. Chez les garçons, Maxence Imbert a pris le dessus sur Clément Leperlier en quatre jeux, dans une finale 100 % Jardin Squash Club. En quart de finale, le futur vainqueur avait écarté une balle de match face à Lysandro Joneau avant de l'emporter. « Lysandro est un joueur dont on connaît les qualités mais qu'on avait un peu perdu de vue pendant la crise sanitaire, et ce match va lui donner confiance, » indique Yann Menegaux. « Il faut souligner la belle médaille de bronze Jules Piqueras, ainsi que le potentiel démontré par Léo Gailland, à l'image de sa victoire sur Lysandro pour aller chercher la 5ème place, » ajoute Malcolm Tullis. Chez les -11 ans, les résultats récents désignaient deux favoris logiques, et ils ont tenu leur rang à Clermont-Ferrand : la Franco-Russe Émilie Leblond, arrivée depuis peu dans l'hexagone et qui s'entraîne à Lanester, et Robin Gautier, se sont imposés. « Robin a confirmé sa supériorité dans cette catégorie, même si le petit Guyanais Djaden Garcia progresse bien, » souligne Malcolm Tullis. « Je retiens également la prestation d'Adam Rameau, qui a pris un jeu au vainqueur en demi-finale. »
LES CHAMPIONNATS DE FRANCE JEUNES EN CHIFFRES
Après Lille en octobre 2021, c'était au tour de Clermont-Ferrand d'accueillir les championnats de France jeunes multi-catégories. Pendant quatre jours, 230 (152 garçons, 78 filles) se sont affrontés sur les parquets du HPark et du Sveltic, et 628 matches ont été lancés par les juges-arbitres ! Voici les enseignements de cette édition 2021-2022 par les chiffres.
☛ Comme dans le Nord, le Squash Loisirs Balagne repart avec 5 breloques (dont deux en or pour Antonin Romieu et sa sœur Lily), mais cette fois-ci ce chiffre met les Corses en tête du classement. Trois clubs suivent avec trois médailles : deux Réunionnais, le Jardin Squash (1 or et 2 argent) et le Squash Paradis (1 de chaque métal), ainsi que le Squash 95, qui sans faire aussi bien que lors de la dernière édition place trois joueurs et joueuses sur le podium (plus deux autres à la quatrième place). Avec deux médailles, on trouve le TSC Kourou et surtout l'Association Squash Rochelais, doublement titrée avec Laszlo Godde et Lilou Brévard-Belliot. Si l'on ajoute les médailles d'argent d'Axel Diet et Titouan Isambard, et celle en bronze de Rose Lucas-Marcuzzo (licenciés à Royan, Marseille et Niort), les pensionaires du centre d'entraînement régional ont brillé en Auvergne. « Stéphane Brévard est un très bon entraîneur, et pour un technicien les résultats au championnat de France valident le travail effectué, » souligne Yann Menegaux. Outre Royan, Niort et Marseille, 9 clubs sont repartis avec une médaille : en or pour Lanester, Art Sport (Le Havre), le Squash du Rêve et Antibes, et d'un autre métal pour Squash-OI.COM, Mulhouse, Créteil, Vincennes et Rennes.
☛ À l'échelle des ligues, on l'avait pressenti car ses jeunes athlètes avaient obtenu plusieurs places d'honneur pour leur première année dans leurs catégories à Lille, et la tendance s'est confirmée à Clermont-Ferrand : après une éclipse de quelques années, la Réunion est de retour en force, et ses représentants ont obtenu sept médailles dont deux en or, auxquelles il faut ajouter trois cinquièmes places. « J'ai moi-même habité en Martinique et ai pu me rendre compte que dans les CROM, les jeunes s'épanouissent vraiment par le sport, » confie Yann Menegaux. « Comme en plus ils terminent l'école plus tôt, les opportunités de s'entraîner sont plus nombreuses que dans les clubs en France métropolitaine. » C'est également une confirmation pour la Corse (5 médailles, dont deux titres) alors que l'Île-de-France n'a pas dominé son sujet comme en 2021 (elle avait remporté 5 titres) mais place tout de même 5 jeunes sur le podium. Suivent la Nouvelle-Aquitaine (4), la Bretagne, le Grand Est, PACA et la Guyane (2), puis la Normandie (1). Un mot sur la ligue Auvergne-Rhône-Alpes, qui recevait ces championnats de France : même si elle n'a pas obtenu de médaille, elle avait sept jeunes en quart de finale. Parmi eux, Ilyes Hammouche et Melvil Scianimanico, élèves de Christophe Carrouget au CER du Squash des Volcans, ont échoué au pied du podium.
Les jeunes Réunionnais ont été très performants à Clermont-Ferrand (Crédit photo : Jardin Squash Club)
☛ Kara Lincou (-19) a remporté un troisième titre d'affilée pour son dernier championnat de France en jeunes. Vainqueur en -11 et -15, Laszlo Godde (-19) a retrouvé la plus haute marche du podium, alors qu'Antonin Romieu (-17) et Leelou Laporte (-15) ont décroché leur quatrième médaille d'or. De son côté, Lilou-Brévard Belliot a conservé son titre en -17, alors qu'Amir Khaled-Jousselin (-15) a également ajouté une deuxième ligne à son palmarès. Après deux médailles, Lily Romieu (-13) obtient un premier titre tout comme Robin Gautier (-11), Émilie Leblond (-11), et Maxence Imbert (-13).