Depuis quelques années, l'enseigne SquashBad33 a fait de Bordeaux une place forte de la discipline dans l'hexagone. Nous vous présentons aujourd'hui le plus grand de ses trois clubs, Bordeaux Nord.

Article de Jérôme Elhaïk

UN PEU D'HISTOIRE. Comment, en l'espace de quelques années, la belle endormie est-elle devenue un carrefour incontournable dans le squash hexagonal ? « Je suis là depuis 1978, et le paysage du squash Bordelais a beaucoup évolué depuis, » raconte Pierre Bernard, président de la Ligue Nouvelle-Aquitaine et mémoire de la discipline dans la région. « Il y a de grosses structures qui ont disparu (Quinconces, Jeu de Paume et Ornano), et d'autres qui ont vu le jour : le Squash et Bad de Pessac, récemment passé de 3 à 6 courts, mais surtout ceux de l'enseigne SquashBad33. » Bordeaux Nord, Gradignan au sud et Mérignac à l'est couvrent la quasi-totalité de l'agglomération, avec un total de 26 courts de squash. « La particularité de Bordeaux, » ajoute Pierre Bernard, « c'est que sa périphérie est la plus étendue de France, avec une rocade de 46 kilomètres. Il est donc possible de trouver une clientèle différente à plusieurs endroits. » L'homme à l'origine de ce projet d'envergure s'appelle Michel Ludwig. « Tout a commencé il y a 10 ans, alors que je venais de quitter mon précédent emploi, » raconte celui qui occupe de hautes responsabilités chez Siemens Financial Services. « J'avais réfléchi à plusieurs concepts, avec la viabilité économique comme critère essentiel. J'ai opté pour un club multi-raquettes, agrémentée d'une vraie restauration. » Comme évoqué plus haut, l'enseigne est aujourd'hui un acteur qui compte dans le squash hexagonal. « C'est une fierté, ajoute-t-il. Notre ADN, c'est l'osmose entre la compétition et la pratique loisirs. Tous les grands championnats que nous avons reçus ces dernières années en sont la parfaite illustration, car des novices peuvent venir assister à des matches de très haut niveau. » Quand on l'interroge sur ses projets et rêves futurs, Michel Ludwig évoque la possibilité « d'un système de franchise, en exportant le concept du SquashBad33 dans d'autres villes de France. Mon credo, c'est de savoir saisir les opportunités, donc on verra quelles sont celles qui se présentent dans le futur ... »

Fabien Grignet, Pierre Bernard et Michel Ludwig, trois personnages qui comptent dans le monde du squash Bordelais (Crédit photo : FFSquash) 

BORDEAUX NORD, UNE GROSSE STRUCTURE. Auparavant enseignant dans l'ancien club d'Ornano, Fabien Grignet est aujourd'hui le directeur des trois sites du SquashBad33. « Notre base de données compte plus de 20 000 clients, » indique-t-il. « On fait de gros efforts de communication pour les fidéliser, et faire face à la concurrence de sports émergents comme l'escalade ou le cross-fit. En outre, nous avons fait l'acquisition d'un court gonflable qui permet de faire découvrir la discipline, notamment chez notre partenaire Decathlon. Notre objectif, c'est de susciter chez les gens une envie de jouer au squash qu'ils ne soupçonnaient pas auparavant. » Le plus grand des clubs de l'enseigne est un complexe de 2000 m², situé dans la zone industrielle de Bordeaux Nord. Outre 10 courts de squash, 7 de padel (extérieur couvert) et 3 de badminton, il dispose d'un restaurant de 60 couverts et d'un club house. On n'y trouve pas d'école de jeunes, mais l'association qu'il héberge (l'A.S. Bordeaux Squash, dont le bureau est composé de Sandra Pereira, présidente, François Mech, trésorier et Loïc Ribette, secrétaire) compte huit équipes engagées dans les championnats Interclubs senior, dont deux au niveau national.

LE HAUT NIVEAU EN GUISE DE VITRINE. Depuis le milieu des années 2010, le club de Bordeaux Nord a reçu plusieurs évènements d'envergures, qui participent au rayonnement du squash dans la région. « Un championnat de France, c'est une vitrine, » souligne Fabien Grignet. « Cela permet aux pratiquants loisirs de découvrir le haut niveau, on s'en était particulièrement rendus compte lors des play-offs des Interclubs en juin 2019. C'est le genre de choses qui peut leur donner envie de s'investir davantage, par exemple en prenant des cours et en se lançant dans la compétition. » Ce mois de juin 2019 avait été exceptionnel, avec la réception de trois gros évènements consécutifs ! « Le championnat de France vétérans n'était pas prévu au programme. Mais comme on avait pris beaucoup de plaisir à recevoir cette compétition l'année précédente, on avait saisi l'opportunité sans hésiter. » Près de 300 joueurs présents, à nouveau 150 le weekend suivant avec la troisième édition du French Master Open, puis la cerise sur le gâteau avec les play-offs : cet enchaînement avait nécessité une grosse organisation, « notamment l'embauche de plusieurs extras, alors qu'on a déjà 14 salariés. » Alors que Bordeaux Nord va à nouveau accueillir le championnat de France Élite et les vétérans en 2021, ses dirigeants ont l'organisation d'une compétition internationale majeure dans un coin de la tête. « Pourquoi pas un championnat d'Europe par équipe, junior ou même senior ? Pour ce genre d'évènements, il y a pas mal de choses sur lesquelles il faut travailler en amont, dont l'installation d'un court vitré, mais il y a plusieurs endroits sympas pour cela à Bordeaux. » « La structure est également partante, » ajoute Fabien Grignet, qui pense même à un tournoi du circuit international, tout en étant conscient que « faire un one-shot est une chose, pérenniser un événement d'envergure comme Nantes a réussi à le faire en est une autre. »

Les tribunes font toujours le plein lors des grands championnats organisés à Bordeaux Nord (Crédit photo : Nicolas Barbeau)

La ville de Bordeaux étant actuellement en alerte renforcée, l'activité des clubs de l'enseigne SquashBad33 et de son entraîneur a été fortement impactée ces derniers jours. « Heureusement, l'école de squash est autorisée à continuer, » raconte Guillaume Hersant. Et ça tombe bien, car encadrer des jeunes, c'est ce que préfère cet ancien tennisman de 25 ans, qui a découvert la discipline il y a une dizaine d'années, « grâce à mon parrain. On en faisait en loisir à Agen, et un jour il y a eu un tournoi avec des compétiteurs des clubs voisins. Comme on m'a dit que je me débrouillais bien, ça m'a encouragé à m'y mettre sérieusement, et à m'inscrire dans une structure où je pourrais faire de la compétition. » Ce sera Casseneuil, club réputé pour avoir formé de nombreux champions de France : Toufik Mekhalfi bien sûr, mais aussi sa sœur Sarah, Jules Crémoux, ainsi qu'Adrien et Lola Douillard. Derrière ces succès, il y a un homme, Hervé Guillou. « Je ne sais pas si je peux dire que c'est grâce à lui que j'ai voulu devenir entraîneur, car ce n'était pas quelques chose à laquelle je pensais quand j'étais là-bas, » témoigne Guillaume Hersant. « Mais une chose est sûre, j'ai beaucoup d'admiration pour lui et c'était une vraie figure paternelle pour les jeunes. » 

Guillaume Hersant (au centre), en compagnie de Stéphane Brevard lors d'un regroupement de jeunes de la Ligue Nouvelle-Aquitaine (Crédit photo : Stéphane Brevard) 

Avant de devenir entraîneur de squash à plein de temps, le Bordelais s'était dirigé vers une autre voie. « Des études de design, » raconte celui qui occupe actuellement la 119ème place nationale en tant que joueur. « Mais ça n'a pas marché, et j'ai dû réfléchir à une réorientation professionnelle. » Ce sera le sport, mais dans un premier temps Guillaume envisage d'obtenir un BPEJPS pour devenir animateur. « C'est Pierre Bernard qui m'a poussé à me spécialiser dans le squash. J'ai passé mes brevets fédéraux en 2017, puis j'ai rapidement embrayé en donnant des cours. Et à Bordeaux, il y a de quoi faire ... » Et pour cause, car il intervient dans les trois structures de l'enseigne SquashBad33 (Bordeaux Nord, Mérignac et Gradignan). « J'ai la chance qu'elles me laissent une grande marge de manœuvre, mais les semaines passent très vite et je n'ai pas forcément le temps de mettre de nouvelles choses en place. C'est le paradoxe du squash à Bordeaux actuellement : alors qu'il est en plein essor, je suis le seul enseignant à temps plein. Il y aurait largement la place pour un autre, d'autant qu'il y a une autre structure de six courts à Pessac. » Titulaire d'un CQP (certificat de qualification professionnelle) depuis 2019, Guillaume a récemment entamé la formation DEJEPS, avec une semaine passée à Créteil. « C'était nécessaire, si je suis amené à intervenir à l'avenir au sein du centre d'entraînement régional, qui est en projet à Gradignan, ou en tant qu'agent de développement de la Ligue. Nicolas Sajat nous a donné de nombreux outils, afin notamment de mieux cadrer certaines choses que l'on faisait déjà avant : je pense par exemple à la programmation d'une saison, ou encore les actions de formation. Une chose est sûre, c'était une semaine très enrichissante. » Prochaine étape, du 23 au 27 novembre à Aix-à-Provence.

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Rendez-vous vendredi prochain pour le dix-neuvième épisode du "Club de la semaine", qui sera consacré au Squash 95 à Saint-Ouen l'Aumône.