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LE CLUB DE LA SEMAINE : STADE FRANÇAIS SQUASH
Promotion 25/09/2020Les structures et associations sont de véritables partenaires de la Fédération au quotidien, et nous mettons en avant ceux qui contribuent le plus au rayonnement du squash dans notre rubrique "Le club de la semaine".
Après le PUC il y a quelques semaines, nous mettons aujourd'hui en avant la section squash d'un autre club omnisports historique de la capitale, le Stade Français.
Article de Jérôme Elhaïk
PASSÉ, PRÉSENT ET FUTUR
UN PEU D'HISTOIRE. Célèbre de nos jours grâce à son équipe de rugby, le Stade Français est aussi et surtout un club omnisports historique, créé le 13 décembre 1883 par quelques adolescents désireux d'organiser des activités athlétiques à l'extérieur du lycée Saint-Louis, dans le 6ème arrondissement de Paris (Source : Wikipédia). Ses premières sections sont la course à pied, le cyclisme, le rugby à XV et le tennis. En 1887, le Stade Français et le Racing Club de France créent l'Union des sociétés françaises de course à pied (qui deviendra ensuite l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques, ancêtre de nombreuses fédérations sportives modernes). C'est également à leur initiative que le Stade Roland-Garros est construit et inauguré en 1928 lors d'une rencontre de coupe Davis. Jusqu'aux années 1950, le club remporte plusieurs trophées dans de nombreux sports, comme l'athlétisme, le basket-ball, le tennis de table et le hockey sur glace et sur gazon. Les années 1960 sont plus difficiles, et c'est à cette époque que l'athlétisme quitte le site de Roland-Garros pour s'installer au stade Géo André dans le 16ème arrondissement de Paris. Ce sont les résultats des athlètes féminines du club, comme Marie-José Pérec - parmi ses autres illustres membres, on peut citer, pêle mêle, Guy Drut, Jean Galfione, Alain Mimoun, Hervé Dubuisson, Larbi Benbarek, Patrice Dominguez, René Lacoste et Simonne Mathieu - qui remettent le Stade Français sur le devant de la scène dans les années 1980. À la fin des années 90, des travaux transforment le très vétuste stade Géo André (qui était devenu le siège social dès 1966), en un centre sportif moderne, où est hébergée la section squash aujourd'hui.
C'est autour d'un café que le Stade Français a été créé, il y a maintenant 137 ans ... (Crédit photo : Wikipédia)
MADAME LA PRÉSIDENTE. Créée en 1978, le Stade Français Squash a rapidement connu de beaux succès (voir plus loin PALMARÈS ET GRANDES DATES) et est aujourd'hui l'une des 20 sections d'un club qui rassemble 12 000 pratiquants. Membre de l'association depuis 2005, Caroline Grangeon a pris en la présidence il y a trois ans. À ses côtés, on retrouve Hubert Krafft (« un membre historique, » souligne-t-elle) au poste de trésorier, et Benoît Piscione en tant que secrétaire général. Lorsqu'on lui fait remarquer qu'elle est l'une des rares femmes à occuper cette fonction dans le squash français (en tous les cas, la première après 17 épisodes du Club de la semaine), elle explique « ne pas ressentir les choses comme ça. Je ne vais évidemment pas dire que les femmes sont surreprésentées, mais nous sommes quelques unes à siéger au comité directeur de la Ligue Île-de-France et de la Fédération. » Caroline a découvert la discipline sur le tard, à Challes-les-Eaux. « Je devais avoir 15 ans, ma mère en avait marre de m’emmener à la danse et m’a poussée à faire du squash comme mon frère (rires). Je n’étais pas parmi les meilleures en jeunes, mais quand même dans le top 10 de ma catégorie. » Juste avant son arrivée au Stade Français, elle avait atteint la 12ème place nationale et disputé le championnat de France 1ère série, puis va descendre ensuite dans la hiérarchie. « Pour des raisons personnelles, j’ai eu plus de temps pour jouer à partir de 2014. Ça a payé car je suis remontée au classement. D’ailleurs je pense que je joue mieux que lorsque j'étais plus jeune, malgré trois opérations au genou. » Aujourd'hui 18ème, elle a récemment obtenu trois médailles au championnat de France +35 ans, et s'est lancée sur le circuit européen avec un certain succès : lauréate de trois tournois, elle est même montée deux fois sur la troisième marche du podium au championnat d'Europe (+35 ans en 2017, +40 ans en 2019). Des distinctions qui font la fierté d'un club, auquel elle se dit « très attachée. Quand je suis arrivée à Paris, je ne connaissais pas de joueuse à part Laurence André que je côtoyais sur les opens nationaux, et c'est pour elle que je suis venue au Stade. Quinze après, je ne regrette pas mon choix : ici, il y a de vraies valeurs dans lesquelles je me retrouve. »
Le bureau du Stade Français Squash, de gauche à droite : Hubert Krafft (trésorier), Caroline Grangeon (présidente) et Benoît Piscione (secrétaire général) (Crédit photo : Caroline Grangeon)
DE LA PLACE POUR TOUS. « Un club omnisports, c'est un fonctionnement particulier, » admet Caroline Grangeon. « Il y a une présidence générale, qui répartit le budget entre les différentes sections. » Lorsqu'on lui demande s'il existe de véritables interactions entre elles, la présidente de la section squash répond qu'elles ont « des problématiques différentes ... Certains sports n'ont pas besoin de mettre des actions spécifiques en place pour avoir des jeunes. Mais oui ça arrive, par exemple à l'occasion des tournois multi-raquettes. » La saison dernière, l'association comptait près de 200 licenciés, dont 70 compétiteurs. « L'avantage chez nous, c'est qu'une fois leur cotisation réglée les adhérents n'ont pas besoin de payer de supplément pour réserver des créneaux, » indique Caroline. « On a perdu quelques éléments classés 2ème série ces dernières années (notamment Thierry Scianimanico), et il y a eu un nivellement par le bas. Néanmoins, en termes de nombre de joueurs ça s'est maintenu, ce qui nous permet de continuer à engager de nombreuses équipes en critérium Île-de-France. Il faut souligner le rôle de notre éducateur David Quéré, dont l'approche pédagogique est très appréciée. » Impliqué dans la promotion du squash féminin avec l'accueil du tournoi gratuit de la Ligue depuis trois ans (voir plus loin PALMARÈS ET GRANDES DATES), le Stade Français aimerait développer son école de jeunes, qui compte une dizaine d'enfants. Trois d'entre eux ont d'ailleurs fait leurs débuts en compétition début février lors de l'étape du circuit Ken Chervet organisée au club, une première. « On a également reçu des scolaires la saison dernière, » ajoute Caroline. « C'est le genre d'actions qui est indispensable pour amener davantage de jeunes vers notre discipline. »
L'étape du circuit Ken Chervet, organisée au Stade Français en février, avait été une belle réussite (Crédit photo : Stade Français Squash)
UN CLUB, UN COACH : DAVID QUÉRÉ
David Quéré n'est certainement pas le plus connu des entraîneurs exerçant dans le squash hexagonal. Mais ses compétences sont saluées par ceux qui le côtoient, notamment les joueurs qu'il encadre depuis quelques années au Stade Français. La joueuse originaire des Bermudes Emma Keane raconte que lorsqu'elle a vécu à Paris pendant un an, elle a eu « la chance que David travaille dans le club le plus proche de là où j'habitais (Source : Island Stats). Grâce à lui, j'ai énormément progressé sur mon déplacement. Il m'a consacré beaucoup de temps et d'énergie : il m'a tout d'abord orienté vers un programme de préparation physique axé sur le renforcement du bas du corps, et nous y avons ajouté de nombreuses séances sur le court. » « Les réseaux sociaux, ce n'est pas son truc, mais David adore parler de squash, » confie avec le sourire Caroline Grangeon. Nous en avons eu la confirmation lors d'un entretien d'une heure, que l'ancien joueur du top 10 français nous a accordé. Morceaux choisis.
Les débuts
« J'ai découvert le squash totalement par hasard en 1984, j'avais 13 ans à l'époque : mes parents tenaient un restaurant sur Paris, et un jour ils discutent avec un couple très sympathique qui était venu manger chez eux. Ils étaient tous les deux dans le top 10 français au squash, et ils nous ont proposé de nous faire découvrir la discipline. On a donc été au club du Front de Seine avec eux, mon père et moi, et par la suite on a continué à jouer tous les deux le dimanche. Il y avait là-bas un joueur Anglais, assimilé n°1 français (NDLR : Sean Flynn, qui sera champion de France en 1986 et 1987), qui donnait des cours là-bas. J'en ai pris un avec lui, et dès la fin de cette première séance il est allé parler à mon père pour lui dire qu'il souhaitait s'occuper de moi. À partir de là, je me suis lancé à corps perdu dans le squash, j'avais envie de bouffer la balle (rires). »
Une belle carrière de joueur
Lorsqu'on lui demande quels sont les souvenirs marquants de sa carrière, David Quéré cite étonnamment « une finale perdue au championnat de France 4ème série, après avoir eu 6 ou 7 balles de match. » Pourtant, il aurait pu nous parler de sa sélection pour le championnat d'Europe junior en 1990, où les Bleuets étaient montés sur la troisième marche sur le podium. L'année suivante, il intègre le top 20 national. Il va y rester pendant 8 ans, avec une pointe à la 10ème place en 1994. « C'était l'époque de Julien Bonétat, et ensuite il y a eu Thierry Lincou, » se rappelle-t-il. « En ce qui me concerne, j'ai fait énormément de tournois en France mais très peu à l'étranger, pour diverses raisons : ça coûtait pas mal d'argent, et je ne parlais pas très bien anglais. De plus, il fallait bien que je gagne ma vie : j'aurais pu travailler dans la restauration ou dans l'informatique, mais j'ai préféré le squash ... J'ai commencé à donner des cours au Front de Seine dès l'âge de 18-19 ans. C'est compliqué d'être joueur de haut niveau quand on entraîne en parallèle, et du coup je suis progressivement devenu coach à plein temps. J'ai travaillé dans pas mal de clubs à Paris et en Province, je suis un homme de terrain. »
Une remise en question permanente
« Ma méthode en tant qu'entraîneur ? Je suis avant tout un passionné, comme quand j'étais joueur. Je jouais avec mes tripes, j'étais reconnu comme quelqu'un de très combatif. En toute objectivité, j'avais également du talent mais par contre je n'ai pas du tout travaillé l'aspect tactique. Puis avec le temps, j'ai ouvert mon esprit vers d'autres choses, en particulier les échecs et le poker. Ça a été comme un déclic, je me suis pris de passion pour la stratégie, j'ai transposer tout ça au squash. C'est un peu comme si j'avais ouvert un robinet qui était resté fermé pendant toutes ces années ... J'adore analyser le jeu des adversaires, et adapter la tactique en fonction de leur profil. Passer le CQP (certificat de qualification professionnelle) a également été utile. Ça n'a pas été facile au début, d'une part car je n'ai jamais été très bon à l'école, et d'autre part je m'étais formé tout seul et il m'a fallu mettre mon égo de côté. Mais au bout du compte, ça a été très bénéfique. Je ne suis pas arrêté sur mes idées et je me remets constamment en question, notamment en discutant avec ma femme (rires). »