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PÔLE FRANCE CRÉTEIL : ÇA BOUGE DANS LE STAFF

Événements 11/08/2020

Il y a du changement au pôle France de Créteil : depuis le déconfinement, Camille Serme et ses camarades d'entraînement enchaînent les séances en compagnie de leurs deux nouveaux préparateurs physiques, Mathias Ricard et Pascal Bolore.

Gros plan sur cette collaboration naissante.

Article de Jérôme Elhaïk 

LA GENÈSE DU CHANGEMENT

En septembre 2019, Camille Serme s'imposait à l'open de France devant un public Nantais en fusion. Après coup, la numéro 1 française attribuait en partie ce titre, son premier depuis deux ans et demi sur le circuit international, au travail estival effectué en compagnie de son nouveau préparateur physique, Frédéric Pfeferberg. La collaboration entre ce dernier et le pôle France de Créteil n'aura finalement duré qu'un an, mais son responsable Philippe Signoret précise que « bosser avec Fred a été très intéressant et les athlètes, notamment les filles, ne le regrettent pas. La préparation estivale s'était en effet très bien passée et avait eu des bénéfices immédiats, mais sans doute que la transition vers les séances plus spécifiques n'a pas répondu aux attentes. Pendant le confinement, nous avons été en contact permanent grâce à des visios individuelles et collectives, et avons fait le bilan de la saison tout en se projetant sur la suite. Parmi les sujets évoqués, il y a eu la préparation physique et un besoin de changement s'est exprimé à l'unanimité. À partir de là, j'ai pris mon bâton de pèlerin pour trouver une nouvelle solution. »

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Pascal Bolore et Mathias Ricard (deuxième et troisième en partant de la gauche) sont les nouveaux préparateurs physiques du pôle France de Créteil (Crédit photo : Sport & The City) 

La réflexion de l'entraîneur national l'a dirigé vers Mathias Ricard, qui était déjà intervenu ponctuellement au pôle France lorsque son mentor Frédéric Roualen en était le préparateur physique. « Je savais que Mathias était très occupé par ses nombreuses activités, mais j'ai tout de même tenté le coup ... » confie-t-il. Bien lui en a pris, puisque celui qui travaille auprès des équipes de France de judo et de karaté a répondu favorablement à sa demande, à condition de former un binôme avec Pascal Bolore. « C'est également un élève de Fred Roualen, que j'ai consulté comme je le fais toujours, » ajoute Philippe Signoret. « On a commencé à collaborer depuis le déconfinement, et ça se passe très bien. Avec Mathias, tout est étudié et très précis, notamment en ce qui concerne la dynamique des charges d'entraînement. Mais ça ne l'empêche pas d'être à l'écoute du ressenti des athlètes, d'autant que la période particulière que nous avons vécu nous a octroyé du temps. Le début de la préparation physique s'est déroulée essentiellement sur la piste et en salle, mais plus elle va avancer et plus on s'orientera vers des séances spécifiques squash (pendant la saison, il y en aura normalement trois par semaine). En attendant, nous avons articulé la planification autour des tournois nationaux des prochaines semaines, avec notamment un stage à Antibes et Biarritz auquel Pascal Bolore sera présent. » Avant de retrouver le circuit PSA, plus tôt que leur entraîneur ne le pensait (voir ci-dessous LES TOURNOIS INTERNATIONAUX, C'EST (ON L'ÉSPÈRE) POUR BIENTÔT ...), Philippe Signoret et ses protégées disputeront dans le sud de la France leurs premières compétitions depuis plus de cinq mois. Une vraie délivrance, à n'en pas douter ...

UN DUO SUR LA MÊME LONGUEUR D'ONDE

Vous l'avez sans doute remarqué si vous les suivez sur les réseaux sociaux : depuis quelques semaines, les athlètes du pôle France de Créteil, dont la numéro 3 mondiale Camille Serme, ont deux nouveaux préparateurs physiques. Qui sont Mathias Ricard et Pascal Bolore ? Les deux hommes se sont prêtés au jeu des questions-réponses.

Quelle a été la genèse de cette collaboration avec le pôle France ? 

Mathias Ricard : J'ai été contacté par Philippe Signoret et Malcolm Tullis, je dirais que c'était environ 2 ou 3 semaines avant le déconfinement (en cette période particulière on a tendance à perdre la notion du temps ... ). Nous avons fait quelques réunions en visio afin de définir les axes de travail, et j'ai suggéré le nom de Pascal Bolore pour constituer un binôme avec moi. 

Pascal Bolore : C'était la meilleure solution, car Mathias et moi avons d'autres engagements (voir Bios express ci-dessous) et n'étions pas disponibles à plein temps. 

M.R. : On va se partager le travail, de manière générale je m'occuperai de la coordination et Pascal de la mise en place des séances. 

Le point commun entre vous est que vous avez été tous les deux formés par Frédéric Roualen (NDLR : préparateur physique très réputé dans le sport français, qui a longtemps œuvré dans le squash). 

M.R. : Tout à fait. Du coup on se comprend plus vite car on a un langage commun, et il y a une grande confiance mutuelle entre nous. 

P.B. : Je confirme, on n'a pas besoin de s'appeler 10 fois par jour pour se mettre d'accord ... Les gens qui ont été formés par Fred sont amenés naturellement à travailler les uns avec les autres. 

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Que ce soit sous la direction de Mathias Ricard ...  (Crédit photo : MR Performance)

Comment définiriez-vous votre approche de la préparation physique ? 

M.R. : Je ne sais pas si j'ai une méthode particulière, mais je pense que c'est important de faire une évaluation précise afin de programmer les cycles de la préparation. Même si je suis également à l'écoute du ressenti des athlètes, il est indispensable d'avoir des mesurables. Je crois aussi beaucoup à l'importance de l'écrit, c'est pourquoi je leur présente des documents lors de nos réunions : ça leur permet de voir concrètement dans quelle direction on souhaite les emmener. 

P.B. : Dans la préparation physique, il y a une première phase générale pendant laquelle il faut amener les sportifs à un bon niveau athlétique. Ensuite, notre job est de s'adapter à la discipline et ses spécificités, et de faire en sorte qu'ils soient performants le plus longtemps possible pendant la saison. 

Quels ont été les axes de travail depuis le début de la préparation ? 

M.R. : Le flou qui règne depuis plusieurs mois a rendu cette période compliquée pour les athlètes ainsi que leur staff. Mais il faut savoir en retirer du positif, afin d'être prêt dès la reprise des compétitions. La préparation a été dense, avec notamment pas mal de séances de PMA sur piste. Mais le fait d'avoir du temps a également permis de travailler d'autres thématiques qui n'étaient pas abordées d'ordinaire, par exemple la détente. 

P.B. : Je vais dans le sens de Mathias, certes on a navigué un peu à vue en raison de l'incertitude autour de la date de reprise, mais en effet c'est un luxe de disposer de huit semaines pour la préparation physique. Ça n'arrive quasiment jamais dans le sport de haut niveau, car il y a toujours un tournoi ou une compétition qui vient se greffer. On a donc eu l'opportunité de leur faire faire de grosses séances, et ensuite il s'agira "seulement" de maintien pendant la saison (je mets les guillemets car ce n'est pas forcément facile).

« Bénéficier de huit semaines pour la préparation physique est un luxe » Pascal Bolore

Après ces premières semaines de travail en commun, quelle est votre évaluation de l'état de forme des athlètes du pôle ? 

M.R. : Le premier constat est qu'ils ont été rigoureux pendant le confinement, que ce soit en termes de préparation ou d'hygiène de vie. Néanmoins, c'était important moralement de se retrouver pour des séances collectives. On a déjà effectué quelques tests - on en fera d'autres à la fin du bloc - et certains ont d'ores et déjà battu leurs records personnels. C'est un signe positif, et on va donc pouvoir monter les curseurs. Ils nous ont également fait savoir que les sensations étaient bonnes lors des séances sur le court, ce qui valide le travail physique effectué en dehors.

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... ou celle de Pascal Bolore, les athlètes du pôle France de Créteil n'ont pas chômé lors des séances sur piste ces dernières semaines (Crédit photo : Sport & The City)

Pascal, je crois que c'est la première fois que tu travailles avec des joueurs de squash ? 

P.B. : C'est en effet nouveau pour moi, je ne connaissais pas ce sport si ce n'est grâce aux quelques parties que j'ai pu faire avec des amis le weekend. Quand je découvre une discipline, la première étape est de comprendre les enjeux physiques et physiologiques. Concernant le squash, il y a de toute évidence une dominante cardiovasculaire et la résistance lactique est un facteur important. Les joueurs sont amenés à faire des efforts violents de manière répétée, et le bas du corps est très sollicité. 

Mathias, de ton côté tu étais déjà intervenu au pôle France lorsque Fred Roualen en était le préparateur. As-tu constaté des évolutions ? 

M.R. : Sur le plan physique, je trouve qu'il y a eu une professionnalisation croissante au fil des années, avec des joueurs et joueuses de plus en plus "fit". C'est sans doute dû au fait que la densité du calendrier a augmenté, pour monter au classement il faut non seulement être capable de gagner un gros tournoi mais aussi d'enchaîner tout de suite derrière. Je crois aussi qu'ils ont progressé dans ce qu'on appelle l'entraînement invisible (par exemple la nutrition etc.), et qu'ils sont plus autonomes. Il y a quelques années, il me semble qu'ils faisaient une confiance aveugle au préparateur physique, alors que maintenant ils s'y intéressent de plus près et cherchent à savoir pourquoi on fait les choses.

« Je trouve que les joueurs et joueuses de squash sont de plus en plus "fit" » Mathias Ricard

Quels sont les principaux axes d'amélioration que vous avez identifiés au cours de ces premières semaines ? 

M.R. : C'est un peu tôt pour répondre car jusqu'à maintenant on a travaillé l'aérobie et le renforcement, et pas la puissance ni la vitesse. Je peux néanmoins en ressortir un : les joueurs et joueuses de squash sont très performants sur les plans cardiovasculaire et énergétique, moins en ce qui concerne le renforcement musculaire (car ce n'est pas dans leur culture). Je crois qu'il se rendent compte des bienfaits, il faut maintenant que le travail effectué dans ce domaine se traduise de manière concrète sur le court. 

P.B. : Déjà, il faut souligner qu'on ne part pas de zéro : on a à faire à des professionnels, et du bon travail a été effectué auparavant. D'autre part, le groupe est constitué d'athlètes qui sont à des stades très différents de leur carrière, et ça rend notre mission très motivante. À titre d'exemple, avec une Camille Serme on est sur de la précision chirurgicale, alors qu'un jeune joueur comme Edwin Clain a une grosse marge de progression. Concernant les axes d'amélioration, je pense qu'on peut optimiser encore davantage leurs capacités cardiovasculaires et leur PMA (NDLR : puissance maximale aérobie), ainsi que des aspects comme l'explosivité et la stabilité (qui sont liés au travail de musculation évoqué par Mathias). 

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Depuis leur prise de fonction, Mathias Ricard et Pascal Bolore insistent sur l'importance du renforcement musculaire, comme ici avec Camille Serme (Crédit photo : Camille Serme) 

Pascal, tu vas accompagner Philippe et les joueuses à l'occasion du stage et des tournois nationaux à Antibes et Biarritz. 

P.B. : Tout à fait, et le fait de voir les athlètes en situation de match va apporter des indices supplémentaires (comment ils réagissent au stress, est-ce qu'il y a une perte de précision en cas de fatigue physique etc.). Cela va nous donner des premiers éléments de satisfaction, ou au contraire nous permettre d'identifier de manière plus précise les choses à améliorer. De plus, ces tournois seront l'opportunité de mettre en place des routines et des protocoles, qui seront ensuite automatisés en vue d'échéances plus importantes où il y a davantage de pression. On ne sait pas encore si on sera amenés à se déplacer sur les tournois pendant la saison – l'élément financier rentre également en ligne de compte – mais notre objectif est de donner le maximum d'outils aux entraîneurs, sachant que Philippe Signoret ainsi que Malcolm Tullis sont des techniciens expérimentés.

Bios express 

Mathias Ricard (40 ans) est préparateur physique depuis 2007 (il avait démarré sa carrière dans le sport en tant que professeur du judo). Après être intervenu auprès d'athlètes de haut niveau dans des clubs pendant plusieurs années, il est depuis 2017 l'un des préparateurs de l'équipe de France masculine de judo (à l'INSEP) et du pôle France karaté à Châtenay-Malabry.

☛ Originaire de Guyane, Pascal Bolore (39 ans) a fait du karaté en compétition à haut niveau pendant 10 ans. Il a également été entraîneur dans cette discipline, avant de se tourner vers la préparation physique (il a été formé par Fred Roualen au sein de son organisme, Optimisasport). Créateur du concept SKalpator Training (mélange de running, d'athlétisme et d’art martial), il accompagne plusieurs athlètes de haut niveau, dont le champion du monde de boxe Louis "Kaway" Toutin.

LES TOURNOIS INTERNATIONAUX, C'EST (ON L'ÉSPÈRE) POUR BIENTÔT ... 

L'info n'a pas pu vous échapper si vous suivez le squash de près : jeudi dernier, la ligue professionnelle a publié un calendrier provisoire de reprise, avec un premier tournoi PSA du 16 au 22 septembre à Manchester. Sans doute une (bonne) surprise pour Philippe Signoret, qui avant cette annonce nous avait fait part de son pessimisme quant à un retour rapide du circuit international. « Mais si c'était le cas, les filles seraient prêtes, » nous avait-il confié. « Dans l'ensemble, elles ont été très sérieuses pendant le confinement, et je trouve que sur le plan physique elles ne sont pas mal du tout. » À condition que provisoire se transforme en définitif, on en aura rapidement la confirmation tant le calendrier est compact : après Manchester, il y aura les finales du World Tour pour lesquelles Camille Serme est qualifiée (28 septembre - 3 octobre), le CIB Egyptian Open (10-17 octobre) au pied des pyramides, El Gouna (14-20 novembre), Hong Kong (30 novembre – 6 décembre), sans oublier le championnat du monde par équipe (15-20 décembre en Malaisie). Tout un programme ... 

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« Le Caire, c'est par là, » semble dire Philippe Signoret à Camille Serme. Si tout va bien, la numéro 3 mondiale y disputera les finales du World Tour 2019-2020 fin septembre (Crédit photo : SquashSite)

 

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