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LE CLUB DE LA SEMAINE : CLUB OLYMPIQUE DE NOUMÉA
Promotion 19/06/2020Les structures et associations sont de véritables partenaires de la Fédération au quotidien, et nous mettons en avant ceux qui contribuent le plus au rayonnement du squash dans notre rubrique "Le club de la semaine".
Ce troisième numéro nous emmène à plus de 15 000 kilomètres de la métropole, à la découverte du Club Olympique de Nouméa en Nouvelle-Calédonie.
Article de Jérôme Elhaïk
PASSÉ, PRÉSENT ET FUTUR
Savez-vous sur quel territoire français va se dérouler la première compétition de "l'après-covid" la semaine prochaine ? Il s'agit de la Nouvelle-Calédonie, où la circulation du virus a été très faible (21 cas recensés, aucun décès), et les clubs ont rouvert leurs portes depuis quelques semaines. Le tournoi aura lieu de lundi à samedi (le format habituel sur le Caillou), sur les six courts du Club Olympique de Nouméa. Membre d'un complexe omnisports né en 1930, il s'est greffé à la section tennis en 1986. « Ici, ce sont les sports aquatiques qui prédominent, » concède Laurent Vendée, président d'une association qui rassemble entre 300 et 400 licenciés tous les ans. « Mais on a de belles installations, avec des courts qui ont été refaits à neuf en 2011 pour les Jeux du Pacifique, et une équipe de bénévoles dynamiques, parmi lesquels ont peut citer Pierre Bousquet et Christine Deneufbourg. Pendant une dizaine d'années, on a également eu la chance de bénéficier des services de David Navarre en tant qu'entraîneur. »
Laurent Vendée (à droite) aux côtés de Laurent Cassier, président du Club Olympique Nouméa multisports (Crédit photo : Laurent Vendée)
Ancien joueur de bon niveau (il a fait partie du top 15 national dans les années 90), David Navarre a ensuite été entraîneur à Marseille. « J'allais également de temps en temps à Aix-en-Provence pour donner un coup de main à Fred Lecomte, » raconte-t-il. « La plupart des meilleurs joueurs français, Thierry Lincou, Grégory Gaultier, Renan Lavigne, Julien Balbo etc., je les ai connus quand ils étaient plus jeunes. » Dès lors, comment s'est-il retrouvé en Nouvelle-Calédonie ? « Ma tante et mon oncle, qui habitaient là-bas depuis 40 ans, m'ont mis en contact avec les dirigeants locaux. Dans un premier temps, je suis allé sur place en 2004, afin de m'occuper de la préparation des équipes en vue des Oceanias, et ça s'est bien passé puisque les filles ont décroché le bronze. Je suis rentré en métropole, et quelques mois plus tard je recevais une proposition, pour intervenir à la fois en tant que CTN auprès de la Ligue et du club de l'Olympique. J'ai accepté, à la fois parce que je savais où j'allais et que le contrat était très intéressant. La chose la plus compliquée, c'était de quitter mes enfants (j'étais divorcé). Je ne savais pas du tout pour combien de temps je partais, et finalement l'aventure a duré 13 ans ... Même si le squash y existait depuis longtemps (je me souviens qu'Alain Marron, top 10 français dans les années 80, venait de Nouvelle-Calédonie), la Ligue était nouvelle : il y avait tout à faire, et les gens étaient très motivés. De mon côté, j'ai essayé d'apporter ma touche personnelle, avec mon vécu du haut niveau acquis en métropole. On a réorganisé les entraînements, les tournois (qui sont devenus mixtes) et fait beaucoup de choses pour le développement, en montant notamment jusqu'à 80 enfants pour l'école de squash de l'Olympique. »
David Navarre a été l'entraîneur du Club Olympique de Nouméa de 2005 à 2018 ... (Crédit photo : NC Sport)
« On a mis un peu de temps avant de trouver le temps le remplaçant de David, et sa mission est de relancer et de dynamiser les activités éducatives et sportives de la section squash, » déclare Laurent Vendée. Le nouvel entraîneur du Club Olympique de Nouméa s'appelle Grégory Corigliano, de retour sur son île natale huit ans après son départ vers la métropole. « C'est cool de revenir, en plus on n'a pas été trop touchés par la Covid-19, » affirme ce dernier. « Il y a une super qualité de vie ici, mais ça je le savais déjà (rires) ... » Comme son prédecesseur, Grégory travaille conjointement pour la Ligue et l'Olympique, avec la pratique jeunes érigée en cheval de bataille. Outre le développement de la collaboration avec les écoles locales, qui permettra de grossir des effectifs déjà forts d'une petite soixantaine de membres, la progression de ses meilleurs jeunes est une priorité pour le club. « Certains sont prometteurs, mais la transition entre David et moi a logiquement ralenti les choses, » indique leur entraîneur. « Je dirais qu'il y a deux ans de travail avant qu'ils puissent prétendre à disputer un championnat de France. » Il est vrai que pour les jeunes Calédoniens, un déplacement en métropole représente un véritable expédition, et un gros investissement pour l'association. « Cela concerne seulement ceux qui ont une vraie chance de finir en haut du classement, » précise David Navarre. « Il vaut mieux emmener dix jeunes en Australie ou en Nouvelle-Zélande – ce qui représente une récompense pour les meilleurs d'entre eux – que deux en France. » Outre les jeunes, le Club Olympique de Nouméa souhaite donner une meilleure accessibilité au squash à la population mélanesienne, et développer encore davantage la pratique féminine. « Je ne connais pas précisément les chiffres dans les clubs en métropole, mais de notre côté, nous avons environ 70 licenciées pour un total de 300, » indique son président. « Afin d'en avoir encore plus, nous proposons des cours collectifs pour les débutantes, ainsi qu'un tournoi annuel à l'issue duquel les joueuses reçoivent des lots spécialement conçus pour les femmes. »
... et Grégory Corigliano lui a succédé il y a quelques mois (Crédit photo : Grégory Corigliano)
PALMARÈS ET GRANDES DATES
☛ En s'imposant en -15 ans fin 2017, Brice Nicolas était devenu le troisième représentant Néo-Calédonien à être sacré champion de France (voir ci-dessous FOCUS SUR ... BRICE NICOLAS) : avant lui, il y avait eu Enzo Corigliano bien sûr (licencié au Dumbéa Squash Club lors de sa victoire en -11 ans en 2008), mais aussi Étienne Marziac (+45 ans en 2007, et +50 ans en 2012), pensionnaire comme lui de l'Olympique.
☛ Avec un court de double et un autre possédant une paroi latérale vitré, le Squash Olympique Nouméa est taillé pour recevoir des tournois importants : le BCI Open International Squash permet aux meilleurs joueurs locaux de se mesurer à des professionnels, surtout Australiens (c'est l'un d'entre eux, le jeune Nicholas Calvert qui a remporté la dernière édition fin novembre). « Il a lieu tous les ans, mais nous avons également organisé deux éditions du Squash Pro, un tournoi de plus grande envergure qui a attiré un nombreux public, » précise Laurent Vendée. La finale du 1er Squash Pro avait vu la victoire de Grégory Gaultier face à Thierry Lincou en 2011, alors qu'Olli Tuominen s'était imposé face à Mathieu Castagnet il y a trois ans.
Laurent Véndee, entourée des participantes féminines au dernier tournoi BCI Open International Squash en novembre 2019 (Crédit photo : Laurent Vendée)
☛ Même si les numéros 1 locaux (Nicolas Massenet et Vanessa Quach) ont participé récemment au championnat de France 2ème série, avec notamment une 4ème place pour le premier cité en 2016, l'éloignement géographique est un frein à la progression des joueurs et joueuses Néo-Calédoniens. Pour se confronter, ils disposent néanmoins de plusieurs compétitions avec leurs pays voisins : les Océanias, les Jeux de l'Arafura et surtout les Jeux du Pacifique. « C'est une compétition très importante ici, et le gouvernement y met les moyens, » confie Laurent Vendée. « Nous les avions organisés en 2011, ce qui avait eu un fort impact sur le nombre de licenciés. Espérons que ce soit la même chose après la prochaine édition chez nous, en 2028 ... » Côté court, la Nouvelle-Calédonie est devenue la nation dominante depuis une dizaine d'années. « Dans le passé, on était souvent battus par les Papous (NDLR : surnom donné aux habitants de Papouasie-Nouvelle-Guinée), » raconte David Navarre. « Mais en 2007 les garçons ont remporté notre première médaille d'or dans l'épreuve par équipe, qui est la plus importante. Ils sont invaincus depuis, toutes compétitions confondues ! » Lors de la dernière édition disputée aux Samoa en 2019, la délégation cagoue (surnom donné aux habitants de l'île) a réalisé la même performance qu'en 2011 : remporter l'or dans les sept épreuves, avec dans ses rangs de nombreux pensionnaires de l'Olympique (Nicolas Massenet, Vanessa Quach et sa sœur Caroline, Christine Deneufbourg, Christelle Nagle et Kareen Maréchalle). « Toutes ces médailles sont valorisantes, et donnent de la visibilité à notre discipline, vis-à-vis du public et des instances, » conclut Laurent Vendée.
La délégation Néo-Calédonienne, composée de nombreux membres de l'Olympique, a tout raflé lors des derniers Jeux du Pacifique (Crédit photo : Squash Olympique Nouméa)
FOCUS SUR ... BRICE NICOLAS
Trois ans après avoir démarré le squash, Brice Nicolas était devenu champion de France -15, fin 2017. Coup de projecteur sur le jeune Néo-Calédonien, aujourd'hui pensionnaire du pôle espoirs d'Aix-en-Provence.
« Je me rappelle très bien la façon dont j'ai découvert Brice, » raconte David Navarre. « Sa mère s'occupait de la buvette pendant les tournois, et un jour il est venu la rejoindre après l'école. Une fois les matches terminés, je discute avec eux et ils m'expliquent que Brice a arrêté le tennis depuis quelques temps (il était champion de Nouvelle-Calédonie en -10 ans), qu'il a regardé les matches et que ça lui a plu. Je lui propose de venir essayer le lendemain matin avec l'école de jeunes, il était là à 7h45 ! Il ne m'a pas fallu longtemps pour voir qu'il avait du potentiel. Normalement on répère facilement quand un joueur vient du tennis, mais en moins d'un mois il avait déjà assimilé tous les gestes spécifiques au squash et s'est rapidement baladé dans les tournois jeunes. » Fin 2017, Brice et son entraîneur effectuent le long voyage vers la métropole pour disputer le championnat de France -15 ans, à Royan. « On avait effectué une grosse préparation (il avait notamment remporté un tournoi en Australie quelques temps auparavant en battant le n°3 local), mais on n'avait pas trop de référence par rapport aux meilleurs français. J'ai une anecdote assez amusante : avant la compétition, on est allés se préparer au CREPS d'Aix. Brice est en train de s'entraîner, quelques jeunes s'arrêtent et se demandent qui est ce joueur qu'ils ne connaissent pas. Yann Menegaux leur répond, "C'est Brice Nicolas, il va battre tout le monde ce weekend." Après que Brice soit devenu champion de France, il m'avait dit, "J'avais dit ça pour plaisanter, je ne savais pas que ça allait se réaliser ... » La suite, on la connaît : à l'été 2018, le Cagou quitte Nouméa pour intégrer le pôle espoirs d'Aix-en-Provence. Depuis, Brice alterne résultats intéressants (par exemple, une 5è place au championnat de France -17 pour sa première année dans la catégorie, sans oublier une 6è place à l'open de France junior quelques semaines avant l'interruption de la saison 2019-2020) et périodes d'indisponibilité pour blessure. « Il m'a dit récemment qu'il n'avait pas de chance, après avoir loupé la sélection en -15 en raison d'une blessure, cette année c'est à cause du coronavirus ... » conclut David Navarre. « Il devra attendre les -19 pour connaître enfin l'équipe de France, mais il a bien récupéré après sa grave blessure à la cuisse et je suis persuadé qu'il va faire une bonne saison. »
Le squash hexagonal avait découvert Brice Nicolas fin 2017 à Royan, lorsque le Cagou avait remporté le championnat de France -15 ans (Crédit photo : Matthieu Huin)
DEUX QUESTIONS À ... BRICE NICOLAS
Quand tu penses à tes années au Club Olympique de Nouméa, une image en particulier te vient-elle en tête ?
Il y en a tellement ... Les moments qui m’ont le plus marqué sont les nombreux entraînements avec mon coach, et les matches difficilement gagnés (mais aussi les défaites, qu’il faut ne pas oublier). Pour moi, l'Olympique est le club où tout a commencé, et c'est un lieu où j'ai fait de belles rencontres.
Tu as fait le grand saut en partant en métropole : quel serait ton message pour les jeunes Calédoniens qui rêvent de faire carrière dans le sport et en particulier dans le squash ?
Je leur dirais qu’il faut s’accrocher coûte que coûte, malgré les difficultés et les moments où le moral est bas. Ça demande beaucoup d’heures d’entraînement et de sacrifices, mais qui en valent la peine quand on les compare au bonheur que ce sport procure.
1 Rue Taragnat, Nouméa 98800, Nouvelle-Calédonie
Tél. : +687 27 74 04
Rendez-vous vendredi prochain pour le quatrième épisode du "Club de la semaine", qui sera consacré au Squash du Rêve Maxeville.