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LE CLUB DE LA SEMAINE : SQUASH DE L'HERMINE (RENNES)
Promotion 12/06/2020Les structures et associations sont de véritables partenaires de la Fédération au quotidien : depuis la semaine dernière, nous mettons en avant ceux qui contribuent le plus au rayonnement du squash dans notre rubrique "Le club de la semaine".
Après le Riviera Squash d'Antibes, ce deuxième épisode est consacré à une autre place forte de la discipline en France, le Squash de l'Hermine à Rennes.
Article de Jérôme Elhaïk
UNE HISTOIRE DE FAMILLE
Une fois n'est pas coutume, on ne va pas commencer l'histoire par le commencement : après pratiquement 25 ans à la tête du Squash de l'Hermine, Loïc Thebault va bientôt passer la main à ses deux enfants – Benjamin et Lilou – ainsi qu'à son gendre Allan. « Le confinement a ralenti les choses, mais la procédure est en marche, » raconte celui qui a découvert le squash en 1981. « Ma fille travaille déjà avec moi depuis de nombreuses années, alors que mon fils est plutôt dans le marketing. Comme n'importe quel frère et sœur, il leur arrive de se bouffer le nez (rires) et ils vont devoir apprendre à travailler ensemble et à s'écouter, mais j'ai toute confiance en eux. Avec mon associée Laurence Chevallier, nous avons bossé dur et souvent passé 15 heures par jour au club, mais j'ai atteint mes deux objectifs : assurer ma retraite, et laisser un bel outil à mes enfants. J'aime les belles histoires, et ce serait magnifique si mes petits-enfants pouvaient ensuite prendre la relève ... »
Le squash de l'Hermine, c'est une histoire de famille ... (Crédits photo : Loïc Thébault)
Flashback : en 1996, le Squash de l'Hermine ouvre ses portes dans la périphérie de Rennes, après 5 mois de construction. « J'avais le projet en tête depuis à peu près cinq ans, et pour un passionné de squash comme moi c'était un moyen de joindre l'utile à l'agréable, » raconte Loïc Thebault. « Il y avait pas mal de clubs en France avec 3-4 courts qui avaient des difficultés : on a donc fait le choix de voir plus grand, en s'inspirant de ce qui se faisait en Allemagne. » À peine un mois après l'ouverture, les 9 courts sont remplis en début de soirée, pour la première fois. « C'était une fierté, » poursuit-il. « Avoir autant de courts était aussi un moyen d'accueillir de gros évènements – je ne savais pas qu'on en ferait autant, mais l'appétit vient en mangeant (rires). Non seulement, en tant que compétiteur le haut niveau m'intéressait, mais ça permet aussi de mettre du beurre dans les épinards sur le plan financier. » Loïc Thebault va même faire franchir les murs du club à sa discipline, en organisant deux tournois du circuit international sur la place des Lices en 2000 et 2002, puis un inoubliable championnat d'Europe par équipe au Liberté en 2004 (voir ci-dessous SOUVENIRS, SOUVENIRS). On peut y ajouter une Coupe d'Europe des Clubs Champions en 2001, et une vingtaine d'épreuves nationales : dans les années 2000, le Squash de l'Hermine est la terre d'accueil de la majorité des championnats de France jeunes. « Le club, l'association et la Fédération ont constitué un trio qui s'est toujours entendu à merveille. Ce qui fait particulièrement plaisir, c'est de recevoir des messages de nos champions, qui ont disputé leurs premiers championnats de France à l’Hermine quand ils étaient très jeunes et qui sont ravis de revenir sur les parquets de leurs premiers exploits ! »
Dans les années 2000, tous les meilleurs Français ont foulé les parquets de l'Hermine lors d'un championnat de France jeunes, comme ici en 2006 : en reconnaissez-vous quelques uns ? (Crédit photo : Association Squash de l'Hermine)
Mais l'évènementiel demande beaucoup d'énergie, et le club a mis la pédale douce ces dernières années. « Ça reviendra ... Sans doute que les courts, qui ont maintenant 24 ans, ont besoin d'un petit coup de jeune, » confie son homme fort, avant d'ajouter que « les époques changent. Je l'avais constaté lors du championnat de France entreprises qu'on avait reçu en 2016, il y a moins de gens qui restent au club une fois les matches terminés. Or, c'est compliqué pour une structure si elle ne bénéficie pas des rentrées d'argent liées à la restauration et aux boissons. D'autre part, on vit dans une société de loisir et c'est difficile de trouver des bénévoles qui s'investissent. Concernant le développement du squash, peut-être qu'une intégration aux Jeux Olympiques aurait pu changer les choses et j'étais vraiment déçu que le breakdance nous passe devant. Pour moi, deux choses sont essentielles : premièrement que les gens, notamment les enfants, puissent voir notre sport sur les grandes chaînes de télé. Ensuite, il faut que les profs de squash ne soient pas seulement des techniciens mais des animateurs, afin d'attirer davantage de monde. Il faudrait sans doute insister là dessus lors de leur formation, même si on peut aussi penser qu'il y a une part d'inné et qu'avoir la fibre commerciale n'est pas donné à tout le monde ... »
SOUVENIRS, SOUVENIRS
Lorsqu'on lui demande quel est son plus grand souvenir dans le squash, Loïc Thebault répond sans hésiter. « L'organisation du championnat d'Europe par équipe en 2004. avec en cerise sur le gâteau le premier podium de leur histoire pour les Bleues. Il y a une anecdote que je raconte souvent ... La France avait été désignée comme pays hôte quatre ans auparavant, et nous nous étions portés candidats. La Fédération avait finalement choisi Aix, mais nous étions restés en réserve de la République (sic). Environ un an avant le championnat, j'étais en train de skier quand je reçois appel de Bertrand Bonnefoy, le DTN de l'époque. Il me dit "Loïc, on a un souci, Aix ne peut plus accueillir la compétition." Je m'en rappelle très bien : j'ai posé mon téléphone, puis cinq secondes plus tard je lui ai dit que j'étais partant ! Je ne vais pas vous mentir, je n'ai pas dormi l'année qui a suivi ... Quand on organise ce genre de manifestations, 95 % des choses sont relativement simples, mais les 5 % restants, ce sont des détails auxquels j'ai pensé sans arrêt. J'avais eu la chance de côtoyer le haut niveau avec Laurence Bois (NDLR : ancienne n°2 française et membre de la sélection en 2004, qu'il a initiée au squash), et j'avais conscience que les joueurs et joueuses de l'élite mondiale s'entraînent comme des fous et font des sacrifices : quand on les reçoit, la moindre des choses est de mettre les petits plats dans les grands. Avec l'aide de la Fédération, des bénévoles (des passionnés venant de la France entière, et qui ont été pris en charge à 100 %) et de l'équipe du club, on a mis sur pied un évènement qui a été reconnu comme l'un des plus beaux jamais organisés dans le squash. Deux moments me reviennent en tête : la longue file d'attente de gens en quête d'un billet pour assister aux rencontres, qui avaient lieu sur le court vitré installé dans la Salle Le Liberté. C'est rare pour notre sport, et c'était la récompense du travail accompli (NDLR : 2 000 personnes étaient dans les tribunes le jour des finales). Le deuxième, c'est quand je rentre chez moi après l'évènement : j'avais été tellement sous pression pendant un an, j'ai pleuré pendant 15 minutes, seul dans ma voiture. Dans les deux mois qui ont suivi, j'étais cassé physiquement et nerveusement, et j'ai mis un an et demi avant de retrouver l'envie d'organiser quelque chose ... »
Le championnat d'Europe 2004 et la médaille de bronze de l'équipe de France féminine constituent le meilleur souvenir de Loïc Thébault (Crédit photo : Squash-u.Bild.net / SquashSite)
Si le club a reçu de nombreux évènements, l'association Squash de l'Hermine a aussi connu quelques succès marquants, en premier lieu grâce son équipe féminine. Championnes de France Interclubs en 2006, 2007 et 2008, elles disputent donc trois fois la Coupe d'Europe des Clubs et deviennent la première équipe Française à remporter le titre en 2007 ! Deux de ses membres ont également brillé au niveau individuel : Isabelle Stoehr bien sûr - championne de France sous les couleurs du club de 2005 à 2008, avec notamment un sacre à domicile la première année - mais aussi Laurence Bois : celle qui a commencé le squash à … 28 ans (!) a été championne de France 2è série en 2000 puis en +35 ans en 2006. On peut ajouter quatre autres titres nationaux pour l'association : Jean-Luc Angladon en +45 ans en 1996, les vétérans +45 ans en par équipe en 2000, Gilbert Tenant en +50 ans en 2004 et l'équipe féminine en Nationale 2 en 2010, avec dans ses rangs une certaine Énora Villard. À signaler que Michèle Fleury a également été 3 fois championne de France (+40 ans en 1996 et 1998, +45 ans en 2004) sous les couleurs du R.A.S (Rennes Association Squash), aujourd'hui disparu.
La particularité du squash de l'Hermine est que trois associations lui sont rattachées : celle du même nom, présidée par Philippe Sauvé, l'Argoat Squash avec à sa tête Philippe Bronnec, et Rennes Squash, objet de notre focus ci-dessous. Cela permet à la structure d'être deuxième au classement du nombre de licences fédérales derrière le Riviera Squash (que nous vous avons présenté la semaine dernière dans LE CLUB DE LA SEMAINE : RIVIERA SQUASH (ANTIBES)), et de recevoir de nombreuses rencontres du championnat de Bretagne Interclubs. Elle héberge également plusieurs équipes qui participent au championnat interentreprises d’Ille et Vilaine, dont la section squash de l'AS Orange Cesson, championne de France et même d'Europe en 2019 !
À l'image de cette rencontre entre les équipes de Rennes Squash et de l'Hermine, trois associations cohabitent en harmonie au sein du club (Crédit photo : Rennes Squash)
PLEINS FEUX SUR ... RENNES SQUASH
Créée à l'aube de la saison 2007-2008, l'association Rennes Squash a élu domicile pendant quelques années au Garden, avant de prendre ses quartiers à l'Hermine. « Parmi les bénévoles qui s'investissent le plus, on peut citer la vice-présidente Marie Lesueur, le trésorier Jérôme Lelarge, sans oublier Grégoire Tosser, » indique son président, Thierry de Contet. Elle compte une équipe à chacun des quatre niveaux régionaux, et avant l'interruption de la saison trois d'entre elles occupaient la tête de leur championnat ! Sans doute le résultat de l'assiduité des joueurs aux séances collectives du jeudi soir ... Rennes Squash est maintenant tourné vers la suite, et son président nous donne un aperçu des projets de l'association à court, moyen et long terme.
☛ Les jeunes - « L'école de squash a été mise entre parenthèses lors la transition entre le Garden et l'Hermine, mais nous avons la volonté de la relancer la saison prochaine. À l'heure actuelle, nos jeunes sont essentiellement des enfants de joueurs, qui s'entraînent avec leurs parents. Parmi eux, il y a Hannah Oudinet, vice-championne de France -11 ans en 2018-2019. Elle a de grosses qualités techniques mais aussi mentales, je pense qu'elle peut aller loin. L'association a l'intention de développer le squash pour tous, en proposant des cours pour les enfants à un coût très réduit. Le projet est prêt, nous avons les encadrants et les subventions. »
Hannah Oudinet (ici en compagnie de son frère Arnaud) est l'une des meilleures joueuses de sa catégorie en France (Crédit photo : Rennes Squash)
☛ Le squash féminin - « Nous avons l'ambition de développer la pratique féminine au sein de l'association. On constate que cette population est très présente dans d'autres sports, par exemple au badminton. Nous avons besoin de davantage de structuration et d'accompagnement pour attirer plus de femmes vers le squash. Pourquoi ne pas envisager la création d'un championnat départemental (sous la forme d'une coupe sur une journée la première année, avant de se développer petit à petit) ? Pour atteindre cet objectif, il y a différents moyens, des manifestations comme le forum des associations ainsi que les médias locaux. »
☛ Le squash, vecteur de santé et de bien être - « Avec la crise sanitaire, le monde sportif voit bon nombre de ses certitudes être remises en cause. C'est un moment propice pour réfléchir aux besoins des sportifs moins assidus. Nous souhaitons regrouper tous les hommes et les femmes désirant associer la dépense physique au bien-être et à la découverte de notre sport. Une équipe d’entraîneurs diplômés sera dédiée à ce projet, avec des initiations proposées à ces nouveaux pratiquants. »
☛ Le squash au centre d’un projet citoyen - « Selon nous, l’apprentissage sportif doit être dispensé avec le plus grand sérieux, et nous avons depuis 13 ans formés de nombreux cadres bénévoles. La proximité avec des sportifs(ves) jeunes ou adultes nous imposent des règles de savoir vivre : même si nos bénévoles sont au-dessus de tout soupçon, nous ne pouvons pas ignorer la réalité et avons donc pris contact avec l’association Colosse aux pieds d’argile : sa mission est la prévention, la sensibilisation et la formation aux risques de pédocriminalité en milieu sportif ainsi que dans tous ceux où l’enfant est présent. La formation de nos propres cadres nous permettra de mener avec la plus grande sérénité l’ensemble des missions que notre engagement associatif nous impose. »
Les membres de Rennes Squash et leur président Thierry de Contet (quatrième en partant de la gauche, en haut) veulent démocratiser la discipline (Crédit photo : Rennes Squash)
☛ La préparation mentale - « Depuis quelques mois, j'ai mis en place quelque chose qui me tenait à cœur : des séances de préparation mentale pour les amateurs. J'estime que c'est un aspect primordial dans toute pratique sportive, qui est pourtant quasi-inexistant chez ce type de joueurs. Encore fallait-il trouver la bonne personne, ce qui a été fait avec Marine Le Gall. Elle est intervenue auprès de trois joueurs et trois joueuses du club lors de six séances de deux heures, et ça a été très fructueux : on a observé des améliorations marquantes en compétition, sur des aspects comme le manque de confiance ou la nervosité. D'autres pratiquants et associations ont montré un vif intérêt pour cette initiative, qui sera élargie au niveau de la Ligue la saison prochaine. »
Rue Newton Décoparc, 35760 Montgermont
Tél. : 02 99 23 80 80
Rendez-vous vendredi prochain pour le troisième épisode du "Club de la semaine", qui sera consacré au Squash Olympique Nouméa.