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COINCÉS ENTRE QUATRE MURS ...

Événements 01/04/2020

Depuis plusieurs semaines, l'épidémie de Covid-19 a mis la planète à l'arrêt, et le monde du sport n'échappe pas à la règle

Comment nos joueurs gèrent-ils cette période difficile ? Éléments de réponse en compagnie de l'entraîneur national Renan Lavigne.

Article de Jérôme Elhaïk

UNE SITUATION INÉDITE

Comme trois milliards de personnes dans le monde, les joueurs et joueuses de squash Français sont actuellement confinés et n'ont pas mis les pieds sur un court depuis presque trois semaines. « Quand on a vu ce qui se passait en Italie, on savait que ça pouvait arriver, » confie l'entraîneur national Renan Lavigne. « Suite aux premières annonces du président de la République, on a appris la fermeture du CREPS d'Aix-en-Provence le jeudi 12 mars. Ensuite, tout s'est enchaîné très vite ... » Le vendredi, la PSA suspend le circuit international jusqu'à fin avril, puis le lendemain, le premier ministre annonce la fermeture immédiate de tous les lieux publics non essentiels – dont les clubs de squash. Débute ensuite un confinement de quinze jours, qui vient d'être prolongé pour la même durée. Une éternité pour un athlète professionnel, mais « l'urgence est avant tout sanitaire, » insiste Renan Lavigne. « Le plus important est de respecter les consignes. La situation est la même pour tout le monde, et nous devons participer à un effort commun. »

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Depuis quelques semaines, les joueurs du pôle France d'Aix-en-Provence et leur entraîneur sont obligés de communiquer par écran interposé ... (Crédit photo : Renan Lavigne)

 À CHAQUE PROBLÈME, SA SOLUTION ...

L'incertitude, les joueurs de squash la gèrent en permanence sur le court. Mais celle autour de la date de reprise des compétitions est sans doute encore plus complexe, et pas seulement parce que l'absence de compétitions est synonyme de manque à gagner non négligeable. « Les échéances sont le moteur d'un athlète, » indique Renan Lavigne. « Dans le contexte actuel, on ne peut pas parler de préparation mais de maintien. La priorité, c'est qu'aucun d'entre eux ne reste sur le bord de la route et soit aussi prêt que possible lorsque la compétition reprendra ses droits. Il faut notamment faire attention à l'alimentation, surtout pour ceux qui ont tendance à prendre du poids. Avec les préparateurs physiques, on leur fournit des programmes et contenus d'entraînement. Sachant que concernant les joueurs dont je m'occupe, tous ne sont pas logés à la même enseigne en termes de matériel : Benjamin Aubert a récupéré un gilet lesté, Mathieu Castagnet un vélo d'appartement, Baptiste Masotti un home trainer etc. D'autre part, certains vivent dans un appartement en ville et d'autres à la campagne dans une maison avec un grand jardin. » Autre priorité pour l'entraîneur national, maintenir une liaison quotidienne avec ses joueurs, « via des visioconférences individuelles et collectives, qui permettent de garder la motivation. Il y a quelques jours, j'ai même sorti mon short du sac pour faire une séance de carré magique avec Toufik Mekhalfi ... » À l'heure où la population mondiale fait face à des difficultés inédites, être un sportif de haut niveau est-il un atout ? « On peut le penser, » affirme Renan Lavigne. « Ce sont des gens qui sont constamment au taquet (sic) en termes d'adaptabilité à toutes sortes de situations, et trouver une solution à un problème fait partie de leur quotidien. »

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... mais on espère les voir à nouveau réunis le plus rapidement possible (Crédit photo : Renan Lavigne) 

L'une de ces solutions, c'est de voir le positif dans le négatif. Pour Renan Lavigne, la période actuelle est « très intéressante, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, on peut se consacrer à des choses qu'on a moins le temps de faire habituellement : je pense à l'imagerie mentale, l'analyse vidéo de leurs matches, des fiches sur les autres joueurs etc. Il y a de quoi bien occuper ses journées ! Ensuite, c'est l'opportunité de prendre du recul et de réfléchir à sa carrière d'athlète de haut niveau, et même de coucher certaines choses sur le papier. Nous leur fournissons des contenus, mais c'est à eux de s'organiser. C'est donc une bonne mise à l'épreuve de leur autonomie et de leur implication dans leur projet. » 

DES JOUEURS ENTRE QUATRE MURS ...

Renan Lavigne est en charge du Collectif France Masculin Senior. Parmi les athlètes de ce groupe il y a ceux qu'il accompagne tout au long de l'année, comme Mathieu Castagnet. L'entraîneur national est également à la disposition des autres joueurs de ce collectif, par exemple Victor Crouin, si ces derniers ont besoin de contenus d'entraînement. Nous avons interrogé Mathieu et Victor afin de savoir comment ils traversaient cette période si particulière.

Mathieu Castagnet

« On habite dans une maison à une demi-heure d'Aix, et de ce point de vue je m'estime chanceux par rapport aux personnes qui sont à Paris dans un 30 mètres carré. En soi, le confinement ne me dérange pas car ça me permet de passer du temps avec ma femme et ma fille. De par notre activité de joueur on est très souvent absent, donc je n'aurais pas pu la voir grandir au quotidien en temps normal (NDLR : elle est née fin 2019). En ce qui me concerne, je ne suis pas un adepte des réseaux sociaux, de Netflix etc. Il y a d'autres choses sympas pour occuper son temps, par exemple bricoler dans le jardin comme je le fais en ce moment. Côté entraînement, j'ai pu récupérer un vélo performant auprès de l'un de mes meilleurs amis, qui gère une salle de fitness. Je fais des séances Indoor Cycling Workout sur YouTube, même si je les adapte à mes besoins ça me permet de me mettre dans une ambiance de groupe.

Je cours également tous les 2-3 jours en respectant les directives gouvernementales. C'est plaisant car je ne le faisais plus depuis quelque temps à cause de mes problèmes au mollet, ça me permet de casser ma routine. Je fais aussi du renforcement, du gainage, de la pliométrie etc. La priorité est de ne pas perdre trop de masse musculaire et d'activer le cardio. On sera probablement un peu perdu quand il faudra la raquette (rires), mais tout le monde sera logé à la même enseigne. Personnellement, je suis étonné que certains évoquent une reprise possible du circuit professionnel en mai. Mon esprit est plutôt tourné vers le mois d'août : ça veut dire que la préparation va être très longue, il n'est donc pas nécessaire selon moi d'y intégrer des exercices spécifiques au squash (ghosting, carré magique etc.) avant d'avoir davantage de visibilité à moyen ou long terme. » 

Victor Crouin

« Pour un athlète, être confiné est une situation inhabituelle et frustrante. Néanmoins, j'ai la chance d'être en bonne santé et en sécurité chez moi, pendant que d'autres travaillent et font face au virus toute la journée. Je vois donc le bon côté des choses et profite de ma famille que je n’avais pas vu depuis début janvier. Et pour être honnête, je ne m’ennuie pas une seule seconde, à tel point que les journées ne sont pas assez longues pour faire tout ce que je voudrais ! Les cours de l'université d'Harvard (qui ont repris sur une plateforme en ligne) me prennent quatre à cinq heures par jour, et le reste de la journée est consacré aux entraînements physiques (un le matin et un fin d’après-midi) : travail du haut du corps, gainage, circuits cardio, musculation spécifique et réactivité, vélo avec un home trainer etc. 


Je me suis également lancé un petit défi personnel : ma petite sœur étant danseuse, elle me fait travailler les assouplissements trois fois par semaine, l'objectif étant de parvenir à faire le grand écart dans quelques mois (rires) ! Le squash me manque, mais je profite de cette coupure pour travailler des choses auxquelles je n'ai pas de temps à consacrer habituellement, et qui je suis certain vont m'ouvrir de nouveaux horizons. Autrement dit, j'essaie d'être intelligent afin d'être prêt à relancer la machine lorsque le moment sera venu … Mais avant cela, j'ai une pensée pour toutes les personnes de la communauté du squash en France qui combattent le virus, que ce soit intérieurement ou au front, dans les hôpitaux et les magasins de première nécessité. »

 

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