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LE SQUASH AUTREMENT (N°2) : LE SPORT AU SECOURS DE LA MÉDECINE

Événements 24/04/2019

Retrouvez le deuxième épisode de notre nouveau rendez-vous mensuel, « LE SQUASH AUTREMENT. »

Dans cette rubrique, nous sortons des sentiers battus et vous présentons un projet, un club, un acteur etc. qui met en avant la discipline autrement que par la performance sportive. Aujourd'hui, nous sommes partis à la rencontre de Valérie Gourdon. Atteinte d'une maladie chronique, cette quinquagénaire a vu son état de santé s'améliorer de manière significative grâce à la pratique du squash.

Article de Jérôme Elhaïk

UNE DÉCOUVERTE FORTUITE

Vous avez peut-être découvert l'histoire de Valérie Gourdon si vous avez regardé jusqu'au bout le magazine Esprit Bleu, diffusé sur France Ô il y a quelques semaines. « Mon histoire avec le squash a débuté en 2005, » nous a-t-elle à nouveau raconté. « À l'époque, je suivais une chimiothérapie pour traiter la maladie chronique dont je souffre, une polyarthrite rhumatoïde inflammatoire qui limitait grandement mes capacités physiques. Mon mari avait découvert cette discipline peu de temps auparavant, et jouait une ou deux fois par semaine. Fatigué de me voir passer mon temps sur le canapé, il m'a poussé à venir essayer ... » Même si l'un de ses frères a fait partie de l'équipe de France de rugby en junior, Valérie ne se considère pas comme une « grande sportive. Disons que je suis plutôt adepte de disciplines qui sont totalement différentes du squash, physiquement et mentalement : le parachutisme, l'équitation, et surtout la moto. » Le moins que l'on puisse dire, c'est que le coup de foudre ne fût pas immédiat. « Je me demandais vraiment ce que je faisais là, et pourquoi mon mari m'infligeait ça, » rigole-t-elle. « Le bruit infernal, l'odeur de transpiration, et cette impression que tout va très vite, notamment sur le court. Même si j'ai fait un peu de tennis dans ma jeunesse, je n'arrivais pas du tout à voir la balle ... » Heureusement, Valérie ne va pas s'arrêter à cette première impression et continuer à se rendre régulièrement au club du Set Aix. « J'ai commencé par jouer avec mon mari, uniquement pour m'amuser. Puis j'ai pris des cours avec l'enseignant du club, Yves Tastet. Au début, je tenais 5 minutes (rires), puis la durée des séances a augmenté progressivement ... »

"Au début, je me demandais ce que je faisais là ..."

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Atteinte d'une maladie chronique, Valérie Gourdon a découvert le squash il y a une dizaine d'années (Crédit photo : Esprit Bleu) 

UNE DEUXIÈME JEUNESSE

Plus elle pratique le squash, plus Valérie en ressent les bienfaits, psychologiques mais aussi physiques. « Je revenais de loin, mais ça a été une vraie leçon de vie, » n'hésite-t-elle pas à dire. « J'ai par exemple appris à me déplacer. » Certaines phrases prononcées par son nouveau prof au M Squash, Sameer Khan - « il a une approche différente d'Yves et m'a apporté autre chose, j'en avais besoin à ce moment là, » - sont restées gravées dans son esprit. « Des choses évidentes, mais tellement vraies, comme 'Si tu es prête et que tu pars au bon moment, tu arriveras au bon endroit et en ayant gagné du temps'. Et le temps c'est précieux … » Elle utilise même le termes de « deuxième jeunesse. » « Disons que je me définis plutôt comme quelqu'un de rock n'roll (sic), et je n'avais pas le goût de l'effort absolu. Grâce au squash, j'ai appris à me faire mal, et à me faire plaisir en dépassant mes limites. Je comprends pourquoi on dit que c'est un sport pour les cadres sup', car ça va très vite et on a rapidement sa dose d'adrénaline ! » Valérie est également devenue accro à la sensation de bien-être après les séances (« Après 45 minutes de squash, passer l'aspirateur à la maison était devenu une partie de plaisir ... ») mais aussi aux moments de partage avec ses camarades de club. Après l'effort, le réconfort … « Je tiens à souligner que je suis bien tombé à Aix, car c'est un club avec de vrais passionnés et des gens extraordinaires, comme Sameer, Jean-Michel Arcucci etc. Et j'ai également la chance d'avoir un kiné fabuleux – Jérôme Bianchi – qui me donne de très bons conseils. » Mais Valérie n'apprécie pas le squash que pour ses bienfaits. « J'adore ce jeu, tout simplement, » s'exclame-t-elle. « Je me suis rendue compte avec le temps que c'était un sport de fainéant (rires), car ça ne sert à rien de courir partout : c'est bien plus efficace de savoir se placer et d'attendre que la balle revienne après avoir touché l'un des murs. On s'en rend d'autant plus compte quand on regarder jouer les professionnels, et j'ai la chance d'en côtoyer à Aix. Je suis d'ailleurs convaincue qu'on peut progresser autant, sinon plus, en observant les meilleurs qu'en jouant soi-même. Quand j'assiste à un match de haut niveau, je suis à fond dedans, c'est comme si j'étais sur le court ! » dit-elle tout en exprimant des regrets « de ne pas avoir découvert le squash plus tôt. Qui sait, peut-être que j'aurais pu avoir un bon niveau ... »

"Le squash m'a offert une deuxième jeunesse"

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Grâce notamment aux leçons de Sameer Khan, Valérie a retrouvé une deuxième jeunesse sur les courts de squash (Crédits photo : Esprit Bleu) 

LE SPORT SANTÉ, UN SUJET D'ACTUALITÉ 

Dans le reportage de France Ô, Valérie évoquait l'épisode de sa visite chez son rhumatologue, incrédule devant l'amélioration de son état de santé grâce aux séances de squash. « En réalité, ça faisait déjà quatre ans que j'en faisais quand j'en ai parlé pour la première fois à mes médecins, » précise-t-elle. « Je ne sais pas trop pourquoi, ça ne m'était pas venu à l'esprit. En me manipulant, il a en effet constaté que j'allais beaucoup mieux, mais quand je lui ai dit que c'était grâce au squash, il ne m'a pas cru et m'a conseillé d'arrêter tout de suite. Et quand je lui ai montré mes radios, il a cru que c'était celles de quelqu'un d'autre. Quel intérêt j'aurais eu à faire ça ??? » Même si les choses évoluent dans le bon sens (voir ci-dessous L'ŒIL DU MÉDECIN), cet épisode met en lumière les difficultés à percevoir les bienfaits du sport pour les personnes souffrant de soucis de santé. « En tant qu'ancienne infirmière, je suis consciente de cette problématique, » confie cette touche-à-tout, qui a également été assistance de réalisation pour Envoyé Spécial, secrétaire de direction et directrice de casting. « Dans le cas de ma pathologie par exemple, la médecine a du mal à comprendre le pourquoi et le comment. On se contente souvent de donner de la cortisone aux patients, parce qu'on n'a pas les moyens de proposer autre chose. » Même si depuis 2017, une loi autorise les médecins à prescrire du sport à leurs patients, ça n'est pas aussi simple en pratique. « En ce qui me concerne, les séances de squash – un sport encore considéré comme dangereux par certains – ne sont pas remboursées, et représentent donc une charge financière que je ne peux assumer en permanence. Je n'ai pas la possibilité de jouer en ce moment, et le squash me manque. Heureusement que j'ai découvert le yoga grâce à une amie, c'est également une discipline que j'apprécie et qui me fait beaucoup de bien. » 

 

L'œil du médecin 

Le sport, aussi efficace sinon plus qu'un médicament ? On a demandé son avis à Florent Herzog, médecin fédéral. « Il n'y a pas encore énormément d'études en la matière (NDLR : une a néanmoins été publiée fin 2016 dans le journal British Journal of Sports Medicine, plus d'infos ICI), mais on sait que le squash, et le sport en général, ont des bienfaits sur la santé, » indique-t-il. Depuis le 1er mars 2017, un décret permet aux médecins de prescrire « de l'activité physique adaptée (APA) aux patients qui souffrent d'une affection longue durée (ALD). » « Comme cela a été mentionné lors de sa récente Assemblée Générale, la Fédération Française de Squash a la volonté de s'inscrire dans cette tendance. Mais il y a encore du chemin à faire. » Et pour cause, car le décret ne prévoit pas (encore) un remboursement par la sécurité sociale. « Il faut passer par d'autres filières, » précise Herzog. Elles peuvent par exemple être les collectivités locales, via des programmes spécialisés, ou les assurances complémentaires. « Le CNOSF a lancé il y a quelques années le Médicosport-santé, qui est en quelque sorte le Vidal du sport. Il faut donc mener un travail de référencement des bénéfices de la discipline. Mais il faut également progresser en matière de formation : les enseignants dans les clubs doivent être familiarisés aux spécificités du sport adapté, et des différentes pathologies. Plus nous serons performants dans ces deux domaines, plus nous aurons d'arguments pour justifier du bien-fondé d'un remboursement. »

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Florent Herzog est le médecin fédéral depuis près de deux ans (Crédit photo : Fédération Française de Squash)

 

Retrouvez le magazine Esprit Bleu "À la découverte du Squash" sur YouTube 

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