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QUALIFICATIONS AU CHAMPIONNAT DE FRANCE : SUR LA ROUTE DE MONTPELLIER ... EN PASSANT PAR BORDEAUX
Événements 10/01/2019C'est l'un des rendez-vous attendus du début d'année civile : les qualifications pour le championnat de France Élite ont lieu ce weekend au SquashBad33 de Gradignan.
Nous vous en disons un peu plus sur le club et l'association hôtes, ainsi que sur la compétition. Comme souvent, les places qualificatives devraient faire l'objet d'une lutte entre l'expérience et la jeunesse.
Article de Jérôme Elhaïk
LE SQUASH BORDELAIS EN PLEINE MUTATION
Vous vous demandez peut-être pourquoi Bordeaux est devenue depuis quelques années une terre d'accueil pour les compétitions d'envergure (championnats de France mais aussi French Master Open) ? Pour comprendre une situation à un instant t, il est utile de remonter dans le temps. Et pour cela on a fait appel à Pierre Bernard, mémoire du squash dans la région. « Je suis là depuis 1978, » raconte le président de la Ligue Nouvelle-Aquitaine. « Le paysage du squash Bordelais a beaucoup évolué depuis, notamment parce qu'il y a de gros clubs qui n'existent plus : les Quinconces, le Jeu de Paume et Ornano. » Aujourd'hui, ils ont été remplacés par trois clubs qui appartiennent à la même enseigne : le SquashBad33. « Avoir accès à 26 courts de squash avec un seul abonnement, c'est sans doute unique en France, et c'est la volonté d'une personne, Michel Ludwig, » précise Bernard. Titulaire d'un poste important dans l'entreprise Siemens, celui-ci a souhaité s'implanter dans le paysage des sports de raquette dans la région il y a quelques années, et a confié la direction générale des 3 sites à Fabien Grignet. « La particularité de Bordeaux, » continue Bernard, « c'est que sa périphérie est la plus étendue de France, avec une rocade de 46 kilomètres. Il est donc possible de trouver une clientèle différente à plusieurs endroits. » Ludwig a commencé par l'immense club de Bordeaux Nord (10 cours de squash, 7 de badminton et 3 de padel), avant de s'étendre au sud à Gradignan, puis à l'ouest à Mérignac. « La seule partie de l'agglomération qui n'est pas couverte est donc la rive droite, il faut aller jusqu'à Libourne pour trouver le club le plus proche. »
Pierre Bernard (deuxième en partant de la gauche), lors de l'inauguration du club de Gradignan en compagnie de Coline Aumard, Isabelle Jardry (élue locale) et Michel Ludwig (Crédits photo : Sud Ouest)
Même si les trois structures sont gérées par la même entreprise, elles hébergent trois associations distinctes. Auparavant basée à Pessac, celle dont fait partie Pierre Bernard a profité de l'ouverture du Squash Bordeaux Sud en 2016 pour émigrer quelques kilomètres vers l'est. « Mais il y a une nouvelle association à Pessac, et le nombre de courts est même passé de 3 à 6. En ce qui me concerne, je ne suis plus président du Squash Club de Gradignan (NDLR : il a été remplacé dans cette fonction par Philippe Médan), mais je continue à m'occuper des relations avec les institutions, de l'organisation des tournois nationaux, sans oublier l'accueil des publics handicapés (voir ci-dessous). » Après quelques saisons en Nationale 1, et même une médaille de bronze en 2016, l'équipe féminine n'a pas été reconduite cette année. L'association compte tout de même deux équipes masculines en N3, et une école de squash qui fonctionne bien, « grâce à Thierry Capdeville, Noël Fouque et Guillaume Hersant. D'ailleurs, quatre jeunes ont participé récemment au championnat de France -11 ans. Nous avons la chance d'être soutenus par la municipalité, même si ce n'est un secret pour personne que les subventions sont de moins en moins élevées. » Après plusieurs opens nationaux depuis son inauguration, et un championnat de France jeunes la saison dernière, le Squash Bordeaux Sud accueillera ce weekend les qualifications au championnat de France Élite. Le spectacle promet d'être au rendez-vous.
LE HANDICAP À L'HONNEUR
Depuis plusieurs années, la Ligue Nouvelle-Aquitaine et le club de Gradignan mettent en place un accueil pour les publics handicapés, et Pierre Bernard est à l’initiative de cet engagement.
L’Association du Squash Club de Gradignan - labéllisé (Valides-Handicapés) l’année dernière - a repris depuis le début de la saison l’accueil de jeunes handicapés. Trois classes de l’Institut National des Jeunes Sourds (INJS) pratiquent le squash dans le cadre de leur cours d’EPS avec leur professeur, alors qu'un groupe de l’Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique (ITEP) participe pour l’année scolaire à un cours le lundi soir, accompagné de son éducatrice. Enfin un groupe de jeunes autistes de l’association p’tit Dom et ses éducateurs se rend au club le vendredi après-midi. À l’initiative de cette démarche, Pierre Bernard a reçu le Trophée de la ville de Gradignan pour son engagement bénévole la saison dernière. « Je remercie Laura, Guillaume et Noël du temps qu’ils donnent pour s’occuper de ces jeunes, » indique-t-il. « La plus belle récompense est le sourire et l’affection qu'ils nous donnent en retour. Merci à tous ceux qui s’impliquent dans ce domaine. »
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Depuis plusieurs années, Pierre Bernard et le Squash Club de Gradignan accueillent des jeunes en situation de handicap (Crédit photo : Fédération Française de Squash)
LA COMPÉTITION EN UN CLIN D'ŒIL
Hommes : une affaire de spécialistes ?
Donnée importante : le nombre de places qualificatives sera non pas de quatre mais de six, en raison des forfaits de Grégory Gaultier (blessé au genou) et Victor Crouin (qui étudie depuis septembre à l'université d'Harvard aux États-Unis). La compétition s'annonce très relevée, avec 13 premières séries parmi les 32 engagés. Comme souvent, elle devrait se résumer à une lutte entre anciens joueurs professionnels et jeunes aux dents longues. Dans la première catégorie, on retrouve trois habitués, qui avaient d'ailleurs squatté le podium l'an dernier à La Rochelle : désormais entraîneur au pôle France d'Aix-en-Provence, l'ancien international Yann Perrin va tenter de se qualifier pour son dix-septième championnat de France consécutif ! Le joueur de Mulhouse a disputé la quasi-totalité des tournois nationaux lors de la première partie de saison – ce qui n'était pas forcément le cas lors des éditions précédentes – et ne devrait donc pas manquer de rythme. Retirés du circuit pour des raisons différentes, Arthur Moineau et Antoine-Camille Petrucci sont également des prétendants évidents à la qualification. Avec quatre succès (en 2009, 2012, 2013 et 2018), le Corse est même un spécialiste de cette épreuve. De son côté, Rohan Mandil cherchera à effacer le souvenir de 2018 : tête de série 3 (comme cette année), celui qui s'est récemment lancé sur le circuit pro avait été surpris par Jocelyn Martin. Même s'il a reculé au classement ces derniers temps, son frère aîné Quint sera également à surveiller.
Antoine-Camille Petrucci (en rouge) et Yann Perrin tenteront de faire parler leur expérience ce weekend (Crédit photo : Nicolas Barbeau)
Champion de France 2è série en 2016, Guillaume Duquennoy s'est depuis solidement installé dans le top 25 national. Une première participation à la phase finale pourrait lui permettre de passer un palier supplémentaire, alors qu'il vient d'annoncer son envie de tenter l'aventure professionnelle (voir l'article du journal Liberté). Le Rochelais Ludovic Barraud peut également espérer faire le trajet vers Montpellier, lui n'était pas passé loin à la maison l'année dernière. La liste des prétendants comporte également plusieurs joueurs de 20 ans et moins, qui n'ont jamais participé au championnat de France Élite : Edwin Clain, Toufik Mekhalfi, Adrien Douillard et Manuel Paquemar composaient l'équipe de France junior au championnat du monde l'été dernier et ont fini dans cet ordre au dernier championnat de France -19 ans. Avantage pour les trois derniers cités : alors que pour leurs adversaires ce sera le premier tournoi de l'année 2019, ils ont disputé la semaine dernière le British Junior Open. N'oublions pas Adrien Grasser : même s'il est venu au squash sur le tard, le pensionnaire du Squash 95 possède des capacités physiques au-dessus de la moyenne qui le rendent difficile à jouer pour ses adversaires. On aura également un œil sur quelques joueurs encore plus jeunes, qui ont affiché de belles promesses lors de la première partie de la saison : Paul Gonzalez, Pierre Vassia, Baptiste Bouin, Laszlo Godde etc.
Ici en compagnie de l'entraîneur national Yann Menegaux, les jeunes Adrien Douillard, Edwin Clain, Toufik Mekhalfi et Manuel Paquemar viseront quant à eux une première qualification (Crédit photo : Yann Menegaux)
Femmes : deux favorites, et plusieurs prétendantes
Ce n'est pas faire injure aux autres de dire que deux joueuses semblent au-dessus du lot : Marie Stéphan et Cyrielle Peltier. Après une brillante carrière en jeunes (demi-finaliste du championnat d'Europe junior), la première a passé quatre années passées à l'université de Pennsylvanie. Son diplôme en poche, celle qui avait remporté les qualifications en 2013 s'est (re)lancé sur le circuit international, et a affiché quelques dispositions intéressantes en fin d'année 2018. Le cas de Peltier est un peu différent : membre à part entière de la sélection au milieu des années 2010, et deux fois médaillée de bronze au championnat de France, une grave blessure à la cheville a mis sa carrière entre parenthèses. Même si elle est en manque de compétition, son expérience devrait la mettre à l'abri d'une mauvaise surprise.
Marie Stéphan sera la grande favorite de la compétition (Crédit photo : Mikphotos.fr)
Derrière elles, les deux finalistes de l'édition 2016 peuvent avoir des ambitions : la championne de France de France +35 ans Noelle Boden, et Léa Moineau. La Brestoise sera la joueuse à éviter au premier tour, mais d'un autre côté son classement ne la protège pas d'un affrontement précoce avec l'une des deux favorites. Comme chez les garçons, plusieurs jeunes joueuses complètent le peloton des prétendantes : la Vincennoise Cléo Jahard s'était qualifiée l'an dernier, et les courts de Gradignan lui évoquent de bons souvenirs : elle y avait été sacrée championne de France -17 la saison dernière, aux dépens de Yuna Loaëc. Cette dernière, qui vient de réaliser un bon British Junior Open, avait finalement été repêchée pour les phases finales en 2018, comme Océane Michelot et Johanna Pigeat. Ces trois joueuses tenteront cette fois-ci de se qualifier directement. Tout comme Léa Barbeau, qui a eu de bons résultats ces derniers mois.
Derrière Peltier et Stéphan, elles sont nombreuses à pouvoir prétendre aux deux autres billets pour Montpellier. Par exemple, Noellie Boden, Léa Moineau, Cléo Jahard et Océane Michelot (Crédit photo : Squash de l'Adour & Nicolas Barbeau)
Vous retrouverez les photos des podiums en début de semaine prochaine sur notre site. En attendant, vous pouvez consulter la liste des participants et suivre les résultats en direct sur squashnet pendant la compétition.
Voici la liste des joueurs et joueuses déjà qualifiés pour le championnat de France Élite à Vendargues (15-17 février) grâce à leur classement :
Hommes : Mathieu Castagnet, Grégoire Marche, Lucas Serme, Baptiste Masotti, Auguste Dussourd, Sébastien Bonmalais, Benjamin Aubert, Christophe André, Enzo Corigliano, Fabien Verseille
Femmes : Camille Serme, Coline Aumard, Énora Villard, Mélissa Alves, Chloé Mesic, Maud Duplomb, Charlotte Delsinne, Fanny Segers, Ambre Allinckx, Laura Paquemar, Laurianne Maingot, Ninon Lemarchand
Le saviez-vous ? Seuls les joueurs et joueuses classés de 1 à 12 sont directement qualifiés pour la phase finale. Les assimilé(e)s doivent en passer par les qualifications, par exemple Marie Stéphan et Cyrielle Peltier (qui sont assimilées n°6 et 7 françaises). Autre point de règlement, c'est le classement mondial qui sert de référence pour son équivalent national, mais seulement pour celles ceux classé(e)s dans les 200 chez les hommes, et 120 chez les femmes. Cela signifie que même s'il devrait l'être très prochainement, le rang de Stéphan (135è) n'était pas encore suffisant pour lui permettre d'être intégrée au classement français de janvier, et d'être qualifiée directement.
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