Retour sur la journée de samedi, et projection sur les finales de cet après-midi.

Article de Jérôme Elhaïk

Âgé de seulement 16 ans, Toufik Mekhalfi aura encore deux occasions de monter sur la plus haute marche du podium. Mais même s'il est déjà assuré de faire mieux que l'an dernier à Nancy (médaillé de bronze), celui qui jouera cette saison pour le 5R Montpellier n'a pas envie d'attendre. « La finale contre Edwin va être très difficile, mais je vais jouer mon jeu et tout donner pour gagner, » nous disait-il samedi soir après sa victoire face à son éternel rival Manu Paquemar, à l'issue d'un match de belle facture. Le défi sera de taille aujourd'hui à Antibes, car Mekhalfi n'a jamais battu Clain. Les deux joueurs se sont d'ailleurs affrontés lors des deux dernières éditions (en 1/8è en 2016, puis en demi l'an dernier), et ont été également équipiers en sélection lors des dernières campagnes européenne et mondiale. « Même s'il n'a pas fait un super début de saison, Edwin reste le favori logique, » affirmait l'entraîneur national Yann Menegaux avant la compétition. Bousculé par le jeune Baptiste Bouin vendredi soir, le Parisien s'est rassuré lors de la deuxième journée, avec deux succès convaincants contre Noah Hateau et Adrien Douillard. Alors que son adversaire en finale collectionne les titres nationaux (quatre au total), Clain est un habitué des places d'honneur : à quelques jours de son 19me anniversaire, il a cet après-midi une ultime occasion de devenir champion de France en jeunes. 

Edwin Clain et Toufik Mekhalfi, lors de leur demi-finale l'an dernier à Nancy (Crédit photo : Jean-Luc Paquemar) 

Ce n'est pas faire injure à Cléo Jahard de dire que la finale féminine semble beaucoup moins ouverte. Même si elle a dû sauver une balle de jeu face à Léa Barbeau en quart de finale, la Franco-Suisse Ambre Allinckx (que nous vous faisons découvrir ci-dessous) est bien l'épouvantail annoncé, à l'image de sa démonstration en demi-finale face à Yuna Loaëc. Bien consciente d'avoir en face d'elle une adversaire « plus forte, » Jahard est prête à tout donner, « et tenter de lui rendre la vie aussi difficile que possible. » En manque de résultats avant la compétition, elle estime avoir d'ores et déjà réussi son tournoi, et n'aura donc aucune pression. Elle aura de plus le public derrière elle : après toute une carrière en jeunes effectuée à Vincennes, Jahard est depuis la rentrée pensionnaire du pôle espoirs d'Aix-en-Provence et jouera pour Antibes en Interclubs. 

Ambre Allinckx (à gauche) partira très largement favorite en finale, mais Cléo Jahard est prête à tout donner (Crédits photo : Christian Lortat & Jean-Luc Paquemar)

Vous êtes sans doute nombreux à vous demander pourquoi Ambre Allinckx, qui joue pour la Suisse dans les catégories de jeunes, dispute cette année son premier championnat de France. « Tout simplement parce que même si nous résidons en Suisse et avons la nationalité, nous sommes aussi Français : mon épouse, moi-même et nos enfants, » résume très simplement son père Igor. Il y a quelques mois, la jeune prodige (demi-finaliste du dernier championnat d'Europe junior, à tout juste 16 ans), est approchée par Thierry Jung, l'emblématique président de Mulhouse, pour intégrer l'équipe féminine du club Alsacien. C'est après des discussions avec ce dernier que l'idée de participer au championnat de France germe dans leurs esprits. « C'est tout nouveau pour moi, et c'est sympa d'affronter des joueuses que je ne connais pas beaucoup, » affirme la jeune Ambre, qui admet néanmoins avec honnêteté se sentir « un peu plus Suisse que Française, » et son accent est là pour le confirmer. Sans rivale chez les jeunes dans son pays de résidence, elle s'y entraîne beaucoup avec des garçons dont son frère aîné Roman, lui même joueur de très bon niveau. C'est peut-être l'une des raisons de sa puissance de frappe étonnante pour une joueuse de son âge, elle qui a balayé Yuna Loaec en demi-finale hier soir. « C'est drôle, » raconte son père, « car Ambre avait joué – et perdu – contre Yuna à l'open de Suisse, pour l'un de ses tous premiers tournois européens. » C'était en 2013, et Ambre venait à peine de commencer à taquiner la petite balle noire, « pour faire comme mon frère, et parce que je cherchais un deuxième sport après le tennis. » Est-il imaginable de la voir un jour évoluer sous le maillot Bleu, alors qu'il existe quelques exemples de joueurs et joueuses ayant changé de nationalité en cours de carrière (on pense à Peter Nicol, Natalie Grinham, ou encore Alister Walker) ? « Pour l'instant, ce n'est pas d'actualité, » affirme Igor Allinckx. « Nous sommes davantage concentrés sur notre nouveau projet familial, qui va nous amener à déménager à Barcelone très prochainement. » La fait que la capitale de la Catalogne soit le berceau d'une académie très réputée (la Barcelona Global Squash de Victor Montserrat) n'est pas étranger ce choix : même si ses parents insistent sur l'importance des études, leur fille répond par l'affirmative lorsqu'on lui demande si elle envisage une carrière professionnelle. À plus court terme, Ambre sera grandissime favorite cet après-midi en finale face à Cléo Jahard, avec à la clé un premier national dans l'hexagone. Pour son père, « être championne nationale junior en même temps dans deux pays différents, ça ne doit pas être fréquent, et ça serait un beau clin d’œil. »

Ici aux côtés de sa mère, la jeune Franco-Suisse Ambre Allinckx n'est plus qu'à une marche de son premier titre de championne de France (Crédit photo : Jean-Luc Paquemar)

Programme de dimanche

Finale femmes, 13 heures

Ambre Allinckx (n°8 française, Mulhouse) - Cléo Jahard (n°17, Rackets Antibes) 

Finale hommes, 14 heures 

Toufik Mekhalfi (n°24, 5R Montpellier) - Edwin Clain (n°32, Créteil)