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4ème OPEN INTERNATIONAL DE NANTES, J-2 !
Événements 02/09/2018La pression est montée pendant tout l'été, et le jour J est presque arrivé : le 4ème open international de squash de Nantes débute mardi !
Les premiers tours auront lieu à La Maison du Squash, puis le tournoi prendra ensuite ses quartiers au théâtre Graslin. Alors que tous les ingrédients semblent à nouveau réunis pour faire de ce rendez-vous désormais incontournable un événement grandiose, Grégoire Marche peut-il réaliser un incroyable quadruplé, malgré la présence de l'ancien numéro 1 mondial James Willstrop ? Réponse dimanche prochain.
Article de Jérôme Elhaïk
LE SQUASH À L'OPÉRA
Ceux d'entre vous qui suivent la saga de l'OISN (open international de squash de Nantes) depuis le début le savent. La marque de fabrique du projet est de poser le « cube de verre » sur des sites bien connus de la cité des Ducs – un différent tous les ans - tout en proposant un habillage artistique haut de gamme. Après les machines de l'île et les échafaudages autour du court vitré en 2017, changement de décor radical cette année : François Le Jort et son équipe amènent le squash à l'opéra, au théâtre Graslin. « L’Opus 4 est l’édition emblématique de ce projet hybride, » indiquent les organisateurs, pour lesquels cette configuration inédite vise à « mettre en scène notre sport à l’aube de son destin olympique … » Mathieu Castagnet et Grégoire Marche, qui ont découvert ce théâtre historique du XVIIIème siècle lors du tournage des teasers (pour lesquels ils se sont mués en acteurs), ont été séduits. « Je pense qu'il y aura une osmose avec le public, car c’est un lieu confiné avec un décor d’époque magnifique, » confie le premier, alors que le triple tenant du titre « a hâte de voir ce que ça va donner, dans un endroit inhabituel pour un événement sportif. »
Le comité d'organisation de l'open international de Nantes s'est installé au théâtre Graslin depuis quelques jours ... (Crédit photo : Open International de Nantes)
L'interaction entre sport et culture est donc plus que jamais au centre du projet. Un « mariage évident, » pour Alain Surrans, directeur du théâtre Graslin et en poste depuis quelques mois. « Quand François Le Jort m'a contacté à ce sujet, j'ai immédiatement été emballé, car proposer des choses innovantes est l'une de nos priorités. Comme on ne peut évidemment pas installer un terrain de foot ou de tennis sur la scène, le squash – un sport que je connais, même si je ne l'ai jamais pratiqué – était une évidence, grâce notamment avec cette formidable cage de verre. » Lorsqu'on l'interroge sur le parallèle entre ces deux mondes, Surrans indique que « les chanteurs d'opéra sont comme les athlètes des techniciens de leur corps (sic), même si leurs carrières sont plus longues. L'opéra est une vraie mécanique de précision, ainsi qu'un art collectif où on retrouve deux aspects essentiels : la passion et le côté merveilleux. Artistes et sportifs s'expriment de manière différente, mais la proximité est réelle : il y a une chaleur, et une communication latérale avec le public, qui se rassemble comme ça pouvait être le cas dans la Grèce Antique, avec l'agora. D'ailleurs, les théâtres et les salles d'opéra ont existé avant les stades, qui sont un peu comme leurs enfants (rires). »
... qui sera un changement de décor radical par rapport aux machines de l'île l'année dernière (Crédit photo : Lauranne Rochais)
Comme lors des trois premières éditions, l'OISN ne se contentera pas d'installer un court de squash dans un bel endroit. Ses organisateurs proposent une véritable habillage adapté au lieu, afin de mettre en scène la compétition et d'attirer des spectateurs d'horizons très divers. Le jingle joué avant chaque match aux machines de l'île vous trotte encore dans la tête ? Cette année, l’air de La Wally d’Alfredo Catalani sera interprété par la soprano Anne Sophie Duprels, accompagné du Quatuor Liger. De la nouveauté, mais aussi de la fidélité : certains des artistes invités sont là depuis le début, par exemple l'affichiste Michel Bouvet, Go Segawa (sculpteur du trophée), le duo de réalisatrices Sherkan qui a conçu les teasers, ou encore DJ One Up. Le public, massé dans une arène qui peut accueillir jusqu'à 630 personnes, devrait à nouveau répondre présent. Le succès de cet événement est aussi le sien : à l'image de la lauréate 2017 Fiona Moverley, de nombreux joueurs affirment que l'ambiance est la meilleure sur le circuit international. « Sans aucun doute, les autres tournois peuvent tirer des enseignements de ce qui se passe à Nantes, » nous confiait il y a quelques semaines Alex Gough, PDG de la Professional Squash Association (PSA). C'est pour toutes ces raisons que les caméras de sa chaîne officielle (SquashTV) seront en Pays de Loire cette semaine, plutôt qu'en Chine où se déroule au même moment un tournoi au prize money bien plus conséquent (46 000 $ contre 241 000 $). Certains joueurs, dont le classement aurait pu leur permettre d'intégrer le tableau à Shanghai, ont fait le même choix : Grégoire Marche, qui viendra chercher une quatrième couronne, et James Willstrop. La présence de l'ancien numéro 1 mondial sera l'un des évènements de la semaine au théâtre Graslin.
UNE LUTTE FRANCO-ANGLAISE ?
Dans sa chronique – passionnante – qu'il publie régulièrement dans le journal The Guardian, James Willstrop a déjà évoqué son amour du théâtre, le vice-champion du monde 2010 étant même acteur amateur à ses heures perdues (Why athletes become actors: my journey from the squash court to the stage). Est-ce pour cette raison qu'il a choisi de disputer l'open international de Nantes ? Le grand Anglais – surnommé "The Marksman" (tireur d'élite dans la langue de Molière) pour l'extrême précision de ses coups – n'avait pas disputé de tournoi de cette catégorie hors de son pays depuis … 2004 ! Après son opération à la hanche en 2014, Willstrop a certes reculé au classement et n'est plus vraiment un prétendant à la victoire dans les tournois World Series, comme c'était systématiquement le cas au début de la décennie. Mais il reste un joueur capable d'exploits, surtout lorsqu'il a ciblé un objectif : le dernier en date est sa victoire aux Jeux du Commonwealth, où il avait réalisé une démonstration contre Paul Coll en finale. Le géant Anglais a hérité de la moitié de tableau la plus abordable sur le papier, même si l'on espère que Lucas Serme lui donnera du fil à retordre en quart de finale. L'adversaire théorique de Willstrop en demi-finale est l'Égyptien Zahed Salem (31ème), moins en vue la saison dernière après un excellent exercice 2016-2017.
James Willstrop (ici lors du championnat du monde par équipe à Marseille) est un monument du squash international (Crédit photo : Philippe Rochais)
Dans la partie basse du tableau, on retrouve les deux meilleures chances Françaises. Contraint à l'abandon l'an dernier alors qu'il se faisait une joie de se produire devant le public Français, Mathieu Castagnet a dû déclarer forfait au championnat d'Europe en raison d'une petite alerte au mollet. Mais le numéro 2 Français était rassurant sur son état de santé en fin de semaine dernière, et compte bien prolonger à Nantes sa remontée vers le sommet de la hiérarchie : il avait atteint le 6ème rang mondial au printemps 2016 avant de connaître une succession de pépins pendant 18 mois. Si la logique est respectée, il retrouvera en quart le Néo-Zélandais Campbell Grayson, joueur certes solide et régulier (il oscille entre le 30 et le 50ème rang mondial depuis plus de cinq ans), mais largement à sa portée. L'autre quart potentiel pourrait être le choc de ce tour, entre Grégoire Marche et Declan James. Cet Anglais de 25 ans avait disparu rapidement et dans l'anonymat l'an dernier, mais a passé plusieurs caps en 2017-2018 : quart de finaliste au World Series d'Hong Kong, suivi d'une entrée dans le top 25 mondial dans lequel il s'est stabilisé. Tout a déjà été dit sur l'histoire entre Marche et l'OISN. « Il se passe quelque chose de spécial pour moi là bas, » confie le triple tenant du titre. Peut-il réussir une incroyable passe de quatre ? S'il parvient à franchir l'obstacle Declan James, les organisateurs rêvent sans doute d'une demi-finale entre lui et Castagnet, samedi soir en prime time (21h45) sur la scène de l'opéra … Si Castagnet, Marche et Serme rentrent directement en 1/8è de finale, il y aura cinq autres Français sur les courts de La Maison du Squash pour le premier tour après-demain : Benjamin Aubert n'aura pas la partie facile face au jeune Anglais Charlie Lee, qui a connu une progression météorique en 2017-2018 (le vainqueur retrouvera Serme mercredi). Sur la lancée de son succès en Australie, Christophe André a une belle occasion de confirmer son retour au premier plan face au vétéran du circuit, Olli Tuominen (39 ans), et une victoire lui offrirait un match de gala contre Castagnet à l'opéra. Duel 100 % Tricolore entre les partenaires d'entraînement Baptiste Masotti et Sébastien Bonmalais, et celui qui sortira vainqueur se frottera à Grayson. Enfin, Auguste Dussourd a un match largement à sa portée face au Canadien Baillargeon avec la perspective d'affronter Grégoire Marche sur le court vitré.
Après avoir participé au tournage des teasers ensemble, Mathieu Castagnet et Grégoire Marche se retrouveront-ils sur la scène du théâtre Graslin, mais cette fois sur le court vitré ? (Crédit photo : Miklphotos.fr)
Chez les femmes, Fiona Moverley (24ème mondiale) remet son titre en jeu. L'Anglaise ne s'en cache pas, sa victoire en 2017 est « un très grand souvenir (Defending champion Moverley relishing Nantes return). C'était le plus grand titre de ma carrière, remporté dans un lieu fantastique et devant un public incroyable. Les conditions seront différentes, mais d'après les photos que j'ai vues, l'opéra a l'air magnifique ! » Moverley est tête de série n°2, et pourrait retrouver en demi-finale Nele Gilis, pour un remake de la finale 2017. Mais auparavant, elle aura peut-être dû se défaire de la sœur cadette de la Belge, Tinne.
Si la hiérarchie est respectée, la tenante du titre Fiona Moverley pourrait retrouver Nele Gilis en demi-finale (Crédit photo : Philippe Rochais)
La tête de série n°1 et favorite du tournoi est une autre Anglaise. Après une année 2017 passée dans le top 15 mondial (avec une pointe à la 12ème place), Emily Whitlock a connu une période difficile. Notamment à cause de problèmes physiques, à l'image de son récent abandon au tournoi des Pyramides à Paris face à Hana Ramadan. La jeune Égyptienne n'est pas une inconnue à Nantes : elle s'était imposée lors du premier tournoi féminin il y a deux ans. Les deux joueuses pourraient d'ailleurs se retrouver en 1/8è de finale, mais pour cela Ramadan devra battre la championne d'Écosse Lisa Aitken mardi, dans ce qui constitue sans nul doute le choc du premier tour. Outre Whitlock, l'autre tête de série de la partie haute du tableau est Nadine Shahin (30ème). En raison de la proximité du championnat du monde par équipe, les meilleures joueuses hexagonales, ne seront pas à Nantes, mais on retrouvera néanmoins trois Françaises au premier tour mardi. Chloé Mesic a un match largement à sa portée contre la Finlandaise Koskinen, mais en cas de qualification les choses se compliqueront face à Alexandra Fuller, auteur d'une fin de saison 2017-2018 tonitruante. Invitées par les organisateurs, Marie Stéphan et Julia Le Coq sont dans une situation similaire : désireuses de se lancer sur le circuit après leurs études en université Américaine, elles ont besoin de points pour grimper dans la hiérarchie mondiale. Leurs matches, respectivement face à Milnay Louw et Kace Bartley, permettront de juger leur niveau, alors qu'elles n'ont pas joué dans leur pays depuis plusieurs années. « Même si Marie et Julia vont dans un premier temps rester aux États-Unis, je crois beaucoup en cette génération, qui représente l'avenir de l'équipe de France, » confie l'entraîneur national Philippe Signoret. « On l'a peut-être oublié parce qu'elles ont quitté la France, mais ces deux filles, ainsi que Mélissa Alves, ont fait des podiums en championnat d'Europe junior. »
Après quatre années passées en université Américaine, Marie Stéphan (en photo) et Julia Le Coq se lancent sur le circuit international (Crédit photo : US Squash)
Nous serons sur place à partir de jeudi pour vous faire vivre la compétition et les coulisses du tournoi.
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