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RETOUR SUR LES GAY GAMES PARIS 2018

Événements 14/08/2018

Paris accueillait la semaine dernière la dixième édition des Gay Games, et les épreuves de squash se sont déroulées au stade Charléty.

Retour sur cet évènement en compagnie de plusieurs protagonistes, croisés autour des courts du Paris Université Club.

Article de Jérôme Elhaïk

Six ans avant les Jeux Olympiques de 2024, Paris était la semaine dernière la ville hôte d'un autre manifestation sportive d'ampleur internationale, les Gay Games. Le squash était l'un des 36 sports au programme, et une centaine de joueurs et joueuses se sont retrouvés sur les courts du PUC. Peut-être certains d'entre vous se posent-ils la question : les Gay Games, qu'est-ce que c'est ? Selon les propres mots des organisateurs, un événement engagé pour l'inclusion et le respect de la diversité, ouvert à toutes et à tous. Et non pas seulement aux populations LGBT (lesbiens, gays, bisexuels et transgenres), contrairement à ce que son appellation pourrait laisser croire. Est-ce la raison pour laquelle quelques (rares) détracteurs qualifient la manifestation de « communautariste » ? Un qualificatif que les participants croisés au stade Charléty balaient d'un revers de la main. « C'est même tout le contraire, » pour Véronique Chastres, ancienne joueuse du top 10 Français et lauréate du tournoi féminin (voir ci-dessous). Les instances nationales et internationales ont certes affirmé un soutien sans faille aux Gay Games (voir Le squash met à l'honneur la diversité, le respect et la solidarité à l'occasion des Gay Games 2018 à Paris), et plusieurs joueurs de squash professionnels ont annoncé publiquement leur homosexualité ces derniers mois. Mais ces coming outs restent extrêmement rares parmi les sportifs de haut niveau, et pour Frédéric Casas (président de l'association organisatrice, Les Petites Frappes), ce genre d'évènement est l'opportunité pour les athlètes gays « de s'affirmer grâce au sport » dans un environnement favorable. 

Gay Games

Plus de cent joueurs et joueues ont participé aux Gay Games la semaine dernière à Paris (Crédits photo : © Paris 2018 - Gay Games 10)

Autre précision d'importance : les Gay Games sont une compétition placée sous le signe de l'amateurisme, au sens noble du terme. La co-présidente des Jeux Pascale Reinteau rappelle que « l'ambition sportive n'est pas le fondement de la participation, c'est le côté festif et familial qui prime. » (Source : Europe 1). Pour preuve, les équipes ou athlètes médaillés ne sont pas du tout mis en avant sur les supports officiels de l'évènement. Aucune condition de performance n'est requise pour participer, et les athlètes sont regroupés par catégories d'âge ou de niveau afin que tout le monde y trouve son compte. Cela n'a évidemment pas empêché les 104 participant(e)s de donner le maximum sur le court, à l'image des vainqueurs James Wilson et Véronique Chastres. Témoignages ...

 

Frédéric Casas (président de l'association Les Petites Frappes, chargée de l'organisation des épreuves de squash des Gay Games) 

 

« Nous avions accueilli dans le passé un tournoi international avec une soixantaine de joueurs. Donc en termes d'organisation nous étions déjà rodés, même s'il y avait quelques spécificités sur les Gay Games (nombre de jours de compétition plus important, phases de poules au début). Tout s'est bien déroulé, et je pense que les joueurs ont apprécié d'avoir des jours « off » afin d'aller voir d'autres sports. Petit bémol, certains joueurs n'étaient pas forcément dans le bon tableau, mais c'est difficile voire impossble de déterminer le niveau exact des joueurs étrangers. Je pense en premier lieu au Malaisien (Choon Hong Teh) qui a remporté le niveau D, et qui aurait eu largement sa place dans le tableau A-B. Concernant ma participation, je suis très content de ma septième place. C'est très intéressant de se confronter à différents style de jeu. Je me suis d'ailleurs rendu compte que j'avais eu du mal avec les gros frappeurs, c'est un type de joueur auquel je suis rarement confronté dans les compétitions à Paris.

 
Gay Games Fred Casas

Fred Casas et les Petites Frappes n'ont pas chômé à l'occasion de ces Gay Games (Crédit photo : Fred Casas)

Comment définir les Gay Games en quelques mots ? L'inclusion, et le dépassement de soi. Ainsi que la possibilité pour les athlètes gays de s'affirmer grâce au sport, dans un événement où le côté festif et l'ambiance sont importants. Concernant la difficulté pour les homosexuels de faire du sport, je ne l'ai jamais vraiment ressenti. Il y a de temps en temps quelques commentaires, mais selon moi jamais agressifs. Mais peut-être qu'il faut faire comprendre à leurs auteurs que les choses peuvent être perçues différemment par certaines personnes, qui ne savent pas quelle réaction adopter dans ces situations. L'association Les Petites Frappes ? Elle existe depuis 15 ans, et j'en fait partie depuis environ 6 ans. On a une centaine d'adhérents et on organise plusieurs tournois internes au cours de la saison. Nous dépendons du Comité Départemental de Paris, et nous entraînons à Vincennes, au Club Med Gym de Montparnasse et à la piscine de Pontoise, avec des cours dispensés par Johan Bouquet et John Elstob. Je souhaiterais qu'on engage une équipe dans le critérium Île-de-France, mais nous ne sommes pas très nombreux à être habitués à la compétition. En plus, nous sommes tous Parisiens et aucun d'entre nous n'a de voiture (rires). Le championnat corpo serait une alternative intéressante car moins contraignante, mais pour y participer il faut être une entreprise, ce qui n'est pas notre cas... »

 

Véronique Chastres (joueuse de Vincennes et lauréate des Gay Games) 

 

Ancienne membre du top 10 français, et triple championne de France vétérans, la joueuse de Vincennes Véronique Chastres a remporté le tableau féminin de ces 10ème Gay Games. « J'ai été ravie de participer à cet événement, pour défendre une cause qui me tient à cœur. J'ai appris l'existence de ces Gay Games un peu par hasard, et je n'avais aucun à priori avant de venir. Pour être honnête, je pensais qu'il y aurait davantage d'inscrites, notamment des joueuses de la région. Peut-être y-a-t-il eu un manque de communication ? En tous les cas, j'ai passé une semaine magique. Aucune distinction n'est faite entre les athlètes, et quelle diversité ! J'ai par exemple vu un coureur de 83 ans sur la piste d'athlétisme. J'aimerais bien participer à la prochaine édition en 2022, mais c'est à Hong Kong donc ça risque d'être un peu compliqué … (On lui demande si l'appellation Gay Games est selon elle la cause d'une possible confusion quant à au fait qu'ils soient ouverts à tous). On ne peut en aucune façon les qualifier de communautaristes, c'est tout le contraire ! Si ces jeux portent ce nom, c'est parce qu'il y a une histoire derrière, et il faut s'y intéresser. Heureusement le regard de la société par rapport à l'homosexualité change, comme on peut le voir par exemple dans le cinéma et la musique. On avance doucement … Peut-être qu'un jour ce ne sera plus du tout un sujet de débat !

Gay Games Véronique Chastres 

Véronique Chastres - troisième en partant de la droite - en compagnie d'autres participantes (Crédit photo : © Paris 2018 - Gay Games 10)

En ce qui me concerne, j'ai commencé le squash à 20 ans, au club de Sainte Geneviève des Bois , qui n'existe plus aujourd'hui. J'ai progressé rapidement, sans doute parce que j'ai tout de suite adoré ce sport. J'ai également joué à Créteil, et je fais partie depuis plusieurs saisons du club de Vincennes. Mais pour la saison à venir, j'ai décidé de me lancer un nouveau défi et de disputer le critérium Île-de-France chez les hommes avec l'association Leonard de Vinci Lisses, qui est plus près de l'endroit où je travaille. L'équipe évolue en 3ème division, et je vais donc avoir des matches intéressants. J'ai toujours apprécié m'entraîner avec des hommes, les échanges durent beaucoup plus longtemps. C'est sympa aussi de jouer contre des filles, mais même en Île-de-France on finit toujours pas rencontrer les mêmes joueuses, et on se connaît par cœur. »

 

James Wilson (lauréat des Gay Games)

 

James Wilson a été impressionnant de détermination en finale face à l'Ecossais Jonathan MacBride, s'imposant 3 jeux à 0 (11-6, 11-6, 11-1). Et pourtant l'Anglais était passé tout près de la sortie le matin, s'imposant 13-11 face au Français Ludovic Parisot. « J'ai eu un peu de chance ... » raconte-t-il. « La demi-finale a duré une heure, du coup j'ai essayé de bien récupérer entre les deux matches. J'étais un peu fatigué, mais ça allait. J'avais une idée assez précise de la façon dont je devais jouer. Je savais notamment qu'en raison de la grande taille de Jonathan, il fallait l'empêcher de volleyer au maximum. Ça a plutôt bien fonctionné, et j'ai réussi à le maintenir sous pression. Je suis évidemment très content de cette victoire, c'était un superbe événement, très bien organisé de bout en bout. C'était la première fois que je participais aux Gay Games, et effectivement participer à un événement multi-sports est très appréciable. J'ai d'ailleurs participé aux épreuves d'aviron avec mon club (le London Otters Rowing Club, dont il portait d'ailleurs le maillot en finale), et on a remporté une médaille d'or. On peut donc dire que la semaine n'a pas été trop mauvaise pour moi …

Gay Games James Wilson 

James Wilson - au centre - a remporté le tableau masculin (Crédit photo : Paul Orlovic)

Faire du sport en étant homosexuel, ça n'a jamais été compliqué pour moi. J'ai toujours appartenu à des clubs, qu'ils soient « gay friendly » ou non. Je pense néanmoins que ces clubs sont importants, car ils peuvent constituer un environnement social favorable. Ils permettent d'être totalement soi-même, ce qui n'est pas toujours évident dans un autre contexte, même si l'homosexualité est selon moi de moins en moins un sujet tabou de nos jours. Je vais maintenant profiter de mes dernières heures à Paris et fêter mes médailles avec mes amis. En ce qui concerne le squash, je dispute actuellement la Ligue d'été avec mon club, Coolhurst London. Nous avons aussi une équipe qui évolue en Premier League, même si je n'ai pas tout à fait le niveau pour en faire partie (rires). La saison dernière, nous avions dans notre effectif plusieurs top players, notamment Cameron Pilley, Greg Lobban ou encore Adrian Waller. »

 

 

Paul Orlovic (joueur de l'AS Oxygène à Saint-Germain-en-Laye et participant aux Gay Games)

 

« Le côté vraiment appréciable des Gay Games est de se retrouver avec des personnes en provenance du monde entier, on retrouve vraiment une grande diversité de cultures, notamment une grosse communauté anglaise ici au squash. C'est également sympa de côtoyer d'autre sports, à Charléty il y avait le volley-ball, l'athlétisme et le tennis. Concernant la compétition, et c'était très bien de se retrouver tous ensemble pour la dernière journée. (On lui pose également la question sur l'appellation des Gay Games). C'est un faux problème, car c'est par essence un événement placé sous le signe de la diversité : que ce soit en termes de niveau, d'âge, et même de handicap. Si certains se posent la question, il n'y a pas de test d'entrée (rires) ! Mais le fait est qu'encore aujourd'hui c'est compliqué pour les gays de faire du sport, et l'homosexualité est toujours un délit dans de nombreux pays. L'existence de ce type d'évènement est donc importante, et le fait que les instances du squash aient affirmé leur soutien est en quelque sorte une validation. En revanche, je trouve qu'il y avait un manque de visibilité des Gay Games dans Paris, notamment en termes d'affichage. Et on peut également regretter le faible nombre de partenaires. Peut-être qu'un jour une grande marque de sport osera s'associer à ce genre d'évènement ... »

 

Donald et Georgii Orlov (participants aux Gay Games)

 

C'était le petit clin d'œil de la dernière journée de compétition : Donald et Georgii Orlov, époux dans la vie et qui résident à Berlin se sont retrouvés sur le court pour leur dernier match. Donald, qui pratique le squash depuis 20 ans, s'était déjà rendu aux Gay Games à Chicago et Montréal, alors que c'était la première participation pour Georgii, ancien adepte de la musculation. Ils évoquent la dimension de « partage, » et « une autre version de la compétition, » tout en soulignant la qualité de l'organisation et de l'accueil dans la capitale Française. Seul petit bémol, leur étonnement quant au fait que la Marseillaise ait été jouée deux fois lors de cérémonie d'ouverture. Concernant leur affrontement, « on aurait préféré que ça n'arrive pas sur ce genre de compétition, » confient-ils avec le sourire après le match, « car on s'entraîne déjà ensemble toutes les semaines. » C'est le plus expérimenté des deux qui l'a logiquement emporté, malgré des douleurs au bras droit qui l'ont amené à envisager à jouer … de la main gauche. « Mais les premiers essais se sont avérés franchement ridicules, donc j'ai préféré prendre des anti-douleurs. Mais je retenterai l'expérience lors de notre prochaine séance vendredi prochain à Berlin ! »

 

Retrouvez ci-dessous le communiqué de presse de conclusion des Gay Games Paris 2018

Gay Games logo

Cette 10ème édition des Gay Games touche à sa fin, clôturée sur le Parvis de l’Hôtel de ville de Paris samedi soir devant plus de 8000 spectatrices et spectateurs. Plus de 160 bénévoles-artistes ont conclu dix jours de sport, de culture et de festivités après le passage du drapeau des Gay Games à Hong-Kong pour la prochaine édition en 2022. La coprésidente Pascale Reinteau et le coprésident Manuel Picaud ont prononcé quelques mots pour remercier chaleureusement les sportives et les sportifs, les arbitres, les artistes, les bénévoles, les partenaires et tous les participant.e.s qui ont partagé nos valeurs. L’inclusion, la tolérance et la diversité ont animé Paris pendant ces quelques jours, plus de 54 000 personnes ont visité le Village sur le Parvis de l’Hôtel de ville. Ils ont pu participer aux animations diverses et rencontrer athlètes, artistes et bénévoles au quotidien.

Plus de 13 000 participant.e.s, dont 10 000 athlètes et plus de 3 000 bénévoles, ont montré au monde entier que ces Jeux de la diversité peuvent rassembler au-delà des frontières et des différences pour promouvoir la non-discrimination et l’égalité dans le sport. Les Gay Games sont un rendez-vous consacré au dépassement de soi indépendamment des nationalités et des performances. Ainsi, nous ne produisons pas de palmarès par pays mais par épreuves.

L’organisation de Paris 2018 se félicite du bon déroulé général des épreuves. Tout au long de la semaine, de nombreux athlètes et artistes ont remercié les équipes pour leur implication et la tenue des compétitions dans des conditions parfois compliquées - alerte canicule, puis orages en début de semaine.

Plus de 200 médias de 30 pays différents ont couvert Paris 2018 et ont participé à son rayonnement à travers le monde. C’est à notre tour de vous remercier car vous avez été un relais inestimable pour mettre en lumière l’esprit des Gay Games et l’ensemble des participant.e.s. Nous sommes encore dans l’étape de consolidation des chiffres et retombées finaux. Nous sommes encore dans l’étape de consolidation des chiffres et retombées finaux.

Nous vous donnons rendez-vous en septembre pour l’ultime conclusion de Paris 2018. A cette occasion, nous vous présenterons les 18 propositions concrètes issues des trois jours de conférence sur le thème « Sport et Diversité ». Ces réflexions constitueront une part de « l’héritage des Gay Games » pour le monde sportif.

 

Photos officielles de l'évènement 

Photos Gay Games 2018 (Squash)

 

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