Une victoire obtenue aux dépens de l'équipe locale, multiple vainqueur de l'épreuve, et sans son capitaine Mathieu Castagnet blessé. L'aboutissement d'une aventure débutée à la fin des années 2000, et initiée par le président-manager Thierry Jung.

Article de Jérôme Elhaïk

Fin connaisseur de la discipline, Thierry Jung nous l'avait confié il y a déjà quelques semaines. Cette année, son équipe de Mulhouse avait une belle opportunité de remporter le sacre continental, qui se refusait à eux ces dernières années (quatre podiums depuis 2012). L'une des raisons ? L'absence de l'équipe de Worms, la plus titrée dans l'épreuve. En finale, on retrouvait logiquement cet après-midi l'autre club Allemand, Paderborn, et les Alsaciens. Pourtant privés de leur capitaine Mathieu Castagnet (blessé à l'open de Nantes la semaine dernière), ces derniers n'avaient pas connu de problèmes pendant la semaine, perdant un seul jeu en cours de route ...

Les Mulhousiens peuvent exulter, ils sont champions d'Europe pour la première fois (Crédit photo : Facebook Baptiste Masotti)

En raison d'un règlement spécifique à cette compétition qui attribue un nombre de points à chaque joueur en fonction de son classement, l'équipe locale ne pouvait aligner qu'un seul de ses deux joueurs du top 15 mondial, et logiquement le local Simon Roesner fût préféré à Ali Farag. Lors du premier match, Olli Tuominen lance idéalement Mulhouse en battant l'Allemand Raphael Kandra en trois jeux très serrés (11-9, 12-10, 13-11). « Olli a 38 ans, mais il court encore comme s'il avait 12 ans, » racontera un peu plus tard son équipier Baptiste Masotti ... « Il a fait un match tout simplement incroyable sur le plan tactique, » ajoute Thierry Jung. « C'était le scénario idéal pour nous. Olli est un vrai joueur d'équipe, il n'est jamais plus dangereux que lorsqu'il est mené au score. » Dans le match des numéros 1, la mission était compliquée pour Alan Clyne face à Roesner, qu'il n'avait pas battu depuis plus de 4 ans. Combatif comme à son habitude, l'Écossais s'incline certes en quatre jeux (11-9 5-11 11-9 11-9) mais le jeu remporté place Baptiste Masotti en position idéale. Opposé à un joueur - Lennart Osthoff - certes habitué de la Coupe d'Europe mais inférieur sur le papier, le pensionnaire du pôle France d'Aix-en-Provence ne laisse pas passer l'occasion et offre la Coupe d'Europe à son équipe, pour sa première année au club (11-3, 11-2, 11-5) ! « Je suis vraiment content de gagner le match qui permet à Mulhouse d'être champion d'Europe (NDLR : lors de la finale des playoffs en France, il n'avait pas eu besoin de rentrer sur le court). Nous avons une belle équipe au sein de laquelle il règne une super ambiance. Ce titre, il est également pour Thierry (Jung), qui y tenait tellement ! Il le mérite. Je remercie également toutes les personnes qui avaient fait le déplacement (kiné, journaliste ...) ainsi que celles qui nous suivent tout au long de la saison. Et évidemment les gars qui étaient sur le court ce weekend et qui ont fait un boulot fantastique. » Le grand absent côté Alsacien, c'était le capitaine Mathieu Castagnet. « J'ai une immense pensée pour lui, » confie Masotti. « Lui aussi tenait énormément à ce titre, et même si il n'est pas la, il est champion d'Europe avec nous. C'est notre capitaine, c'est lui qui fait venir les joueurs et s'assure que l'esprit d'équipe perdure dans ce groupe. J'espère qu'il se remettra vite et redeviendra le Mathieu invincible qu'il était, mais je n'en doute pas une seconde car c'est un monstre d'abnégation ...» « Cette victoire est marquée de l'empreinte de Mathieu, » ajoute Jung, qui détaille ensuite la signification de ce succès. « Paderborn a huit titres de champions d'Europe et je ne sais combien de couronnes nationales. Ce club, c'est la Mecque du squash. Gagner ici, devant 600 personnes et dans une ambiance incroyable, on ne pouvait pas rêver mieux. C'est un aboutissement, et je dois avouer que j'ai eu la larme à l'œil. Cette rencontre, j'y pensais depuis un an... » Mulhouse est la deuxième équipe française à remporter le titre chez les hommes, après Capitol Saint-Cloud (cinq fois vainqueurs entre 1992 et 2002). 

Baptiste Masotti n'a pas tremblé dans le match décisif pour apporter le titre à son équipe (Crédit photo : Steve Cubbins)

Le doublé hommes-femmes n'a jamais été réalisé dans l'histoire de la Coupe d'Europe (le nom Saint-Cloud figure certes sur les deux palmarès en 2001 et 2002, mais avec deux associations dfférentes). Le triomphe aurait donc pu être total pour Mulhouse, les filles passant à deux doigts d'éliminer Paderborn - encore eux - en demi-finales, avec deux défaites 11-9 au cinquième jeu pour Sarah-Jane Perry et Cyrielle Peltier. La troisième place obtenue aujourd'hui est néanmoins synonyme de septième podium consécutif pour l'équipe de la capitaine Isabelle Stoehr. « On va maintenant savourer ces médailles, » continue Jung, « puis on va se replonger rapidement dans le championnat de France. Il faut penser à renouveler l'équipe, et c'est dans cette optique que Ninon Lemarchand (14 ans !) était là cette semaine. Nous avons également fait venir Léa Barbeau (n°2 française en -17 ans). Côté étrangères, nous serons renforcés par Nele Gilis et Nouran Gohar. Concernant les garçons, rien n'est encore arrêté, mais quand on voit les performances et l'état d'esprit affiché par ce groupe, difficile de changer quelque chose ... »

Médaille de bronze pour Isabelle Stoehr et ses équipières (Crédit photo : Squashsite)

FINALE HOMMES - MULHOUSE bat PADERBORN : 2-2 (7 jeux à 5)

Olli Tuominen bat Raphael Kandra : 3 jeux à 0 (11-9, 12-10, 13-11)

Simon Roesner bat Alan Clyne : 3 jeux à 1 (11-9 5-11 11-9 11-9)

Baptiste Masotti bat Lennart Osthoff : 3 jeux à 0 (11-3, 11-2, 11-5)

Lucas Wirths bat Yann Perrin : 2 jeux à 0 (12-10, 13-11)