À la clé, douze tickets vers le niveau national (4 chez les femmes, 8 chez les hommes). Nous vous proposons un tour d'horizon des forces en présence, ainsi qu'un coup de projecteur sur le club hôte, référence dans l'hexagone.

 Article de Jérôme Elhaïk

Pour en savoir plus sur le club de Charente-Maritime, nous sommes allés à la rencontre de son entraîneur emblématique, Franck Dugas.

Un peu d'histoire

Véritable amoureux de tous les sports, et ancien footballeur, Franck Dugas a connu le squash « par l'intermédiaire de (son) beau-frère, Laurent Gourrier, qui est le gérant du club de Vincennes. J'ai également passé du temps au sein du club de Blois, ou étaient implantés quelques figures marquantes de la discipline en France comme Nathalie Cornet ou Fred Lecomte. Ce sont eux qui m'ont recommandé auprès de Royan. Ils recherchaient un prof de squash jeune et sérieux, ça correspondait bien à mon profil (rires). » Quand Dugas débarque en Charente-Maritime en 1994, celui qui est encore aujourd'hui président de l'association, Thierry Maingot, est déjà en poste depuis sept ans, mais l'Espace Squash de Royan n'a été inauguré qu'un an auparavant. « Parmi mes prédécesseurs, il y avait eu le frère de Mathieu Castagnet, qui avait dû partir car sa femme avait été mutée. Quand je suis arrivé, il y avait tout à faire, et on peut dire qu'on a tout fait ... » Après trois éditions de 1989 à 1991, l'Extérieur Squash Open est relancé en 1998. Grâce à la présence de stars de la discipline comme Jonathon Power ou Thierry Lincou, il attire de nouveau plusieurs milliers de personnes dans le centre-ville de Royan. « Cet événement a grandement contribué à la dynamique du club, » confie son entraîneur. « Avec 400 licenciés pour 4 courts, on était un peu au sommet de ce qu'on pouvait faire. » En 2003, 3 courts aux parois mobiles viennent s'y ajouter. « 7 courts, ça faisait un peu peur mais on a su changer nos façons de faire. » En 2007, le club organise même les championnats d'Europe individuels, qui voient la victoire de Grégory Gaultier chez les hommes. Cela reste leur dernier événement de cette envergure à ce jour, mais la raison est simple : « La vie du club étant de plus en plus riche, on a eu moins de temps pour ce genre de choses. »

« Il y avait tout à faire, et on a tout fait ... »

Le Squash Royan Atlantique et Franck Dugas, une histoire qui dure depuis 25 ans ... (Crédit photo : Squash Royan Atlantique)

 

Sur tous les fronts

« Je ne voulais pas être gérant de club, je souhaitais enseigner le squash, » glisse Franck Dugas. Le moins que l'on puisse dire, c'est que son souhait a été exaucé. Entre les cours collectifs et individuels prodigués aux adhérents du club, et les nombreux stages qui attirent des joueurs en provenance de toute la France, « coach Francky » comme certains le surnomment n'a pas le temps de s'ennuyer. Le club est pionnier en matière de squash scolaire, étant le berceau d'une section sportive avec un collège et un lycée de la ville. Il est également impliqué auprès de l'UNSS, et a reçu les deux premières éditions du championnat de France en 2017 et 2018. « Accueillir des établissements scolaires, ça engendre quelques contraintes, en termes de transport, d'accès, etc. » explique Franck Dugas « De plus, ceux de notre région ont parfois tendance à se tourner vers d'autres disciplines, comme la course d'orientation ou les sports nautiques. Si on veut avoir encore plus de jeunes, il faut donc constamment chercher des solutions. » Dès son intronisation, les jeunes, justement, ont été une priorité pour Franck Dugas. « On a eu la chance d'avoir de bons résultats tout au long de ces années, » souligne-t-il. « Nous avons notamment eu six joueurs dans les équipes de France : Jonathan Barnes, Sophie Tossut, Maeva Fernandez, Jean-Baptiste Gai et Johanna Pigeat. » Ils ont récemment été rejoints par Axel Diet et Macéo Levy, les deux espoirs du club à l'heure actuelle.

La formation des jeunes, une priorité pour Franck Dugas (Crédit photo : Squash Royan Atlantique)

 

Deux jeunes espoirs

« Macéo est arrivé au haut niveau sur le tard, » explique son entraîneur, « notamment en raison de sa date de naissance. » Fin avril, c'est à dire juste avant les joutes continentales en jeunes, autrement dit un frein à sa sélection. Mais cette année, le jeune Royannais a joué un rôle essentiel dans l'obtention de l'argent des Bleus au championnat d'Europe -17 ans, quelques semaines après avoir décroché une médaille du même métal au niveau national derrière Paul Gonzalez. « L'objectif était d'amener Macéo en équipe de France, » confie Franck Dugas. « Il a séduit les entraîneurs car il a du cœur et du style, mais aussi grâce à ses résultats. Pour lui, cette sélection n'est pas du tout une fin en soi. Il ne veut pas s'arrêter là, et est conscient d'avoir encore plein de choses à apprendre. » Dugas souligne également le rôle d'exemple que joue Macéo Levy auprès de l'autre espoir du club, Axel Diet. Après plusieurs podiums, à l'échelle nationale mais aussi européenne, ce dernier est devenu il y a quelques semaines le premier champion de France individuel de l'histoire du club, en -13 ans. « Ils se sont encore entraînés ensemble pas plus tard qu'hier. Axel est un enfant qui aime s'amuser, et ce sera encore son objectif principal tant qu'il sera dans cette catégorie. »

Médaillés en championnat de France cette saison, Macéo Levy et Axel Diet ont été récompensés par une sélection en équipe nationale (Crédit photo : Squash Royan Atlantique)

 

Le mouvement permanent

Club très reconnu dans le petit monde du squash français, le Squash Royan Atlantique l'est également au niveau local. « C'est marrant, » raconte Franck Dugas, « j'ai eu récemment des parents que j'avais eu en jeunes à l'école de squash et qui ont inscrit leur enfant. C'est une marque de reconnaissance, la boucle est bouclée en quelque sorte … » Même s'il déplore la part souvent trop belle faite aux sports comme le rugby ou le football, Dugas souligne l'effort récent effectué par la municipalité envers son sport. « Ce n'est pas facile de fidéliser les gens, car c'est dans l'ère du temps de butiner (sic) et de passer d'un sport à l'autre. On leur vante les mérites de disciplines soit disant gratuites comme la course à pied, alors qu'il y a en réalité un business derrière. » Lorsqu'on lui demande s'il n'est pas lassé de former des jeunes puis de les voir partir, l'entraîneur Royannais se veut fataliste. « J'y suis habitué … Plus que de la lassitude, c'est surtout usant de devoir sans cesse chercher des idées. Mais c'est indispensable de se renouveler pour avancer, on ne peut pas proposer la même chose aux gens en permanence. Par exemple, le Karakal Tour Ouest a très bien marché depuis le début des années 2000, mais aujourd'hui sa formule n'est plus adaptée. Bien faire les choses, ça demande de la réflexion, et c'est ce qui explique par exemple le succès de notre tournoi d'été. À un mois et demi de la clôture, nous avons déjà 95 inscrits dont 45 femmes ! » Autre domaine dans lequel le club a changé son fusil d'épaule, les équipes fanion. Après avoir fait appel à des renforts étrangers pour exister au plus haut niveau, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, Royan est « reparti de zéro » au niveau régional. « La Nationale 1, c'est beaucoup de dépenses et ça ne rapporte pas grand chose, notamment en termes d'image. » Vainqueur du play-off des champions de Ligue l'an dernier, l'équipe masculine, composée de joueurs du cru, a continué sur sa lancée cette saison en N3 et participera aux phases finales à Bordeaux ce weekend. « Malheureusement, je n'y serai pas car je suis évidemment le juge-arbitre des play-offs qui ont lieu au club. Concernant l'équipe, hormis Macéo, ce sont plutôt de jeunes adultes, qui ont d'autres choses en dehors du squash. » Dans le quart de finale, soit la rencontre décisive pour la montée, Royan affrontera Annemasse. « Ça devrait être serré, » prévoit le coach. « Je pense que ça peut le faire, mais si on ne monte pas ce ne sera pas la fin du monde. » 

« Quand on est entraîneur, il faut sans cesse trouver de nouvelles idées. »

Repartie au niveau régional il y a deux ans, l'équipe masculine de Royan tentera d'accéder à la Nationale 2 ce weekend à Bordeaux ... (Crédit photo : Squash Royan Atlantique)

 

Un beau weekend en perspective

Le Squash Royan Atlantique organise une épreuve nationale quasiment tous les ans, et cette fois-ci ce sera le play-off des champions de Ligue. « C'est une compétition qu'on connaît bien puisqu'on l'a gagné l'année dernière chez les hommes, » sourit Franck Dugas. « En termes d'organisation, il y a quelques spécificités réglementaires, mais c'est intéressant. Il y a beaucoup d'équipes, et le fait que les gens jouent leur club génère pas mal de passion. » Royan sera représenté par ses féminines, mais avec des ambitions limitées. « Lauriane Maingot est accaparé par ses études de médecine, alors que Johanna Pigeat se concentre sur les révisions pour le bac. On avait quelques jeunes prometteuses, mais elles ont toutes arrêté pour diverses raisons. L'équipe est composée de joueuses vétérans de bon niveau, mais sans doute pas suffisant pour viser la montée. »

... alors que les filles évolueront à domicile (Crédit photo : Squash Royan Atlantique)

 

Qui sont les prétendants à l'accession au niveau national, chez les hommes et chez les femmes ? Tour d'horizon express.

Femmes

Les seize équipes présentes seront réparties en 4 poules de 4. Les quatre tickets vers la Nationale 2 seront attribués aux premières de chaque groupe, qui se disputeront ensuite le titre. Ce n'est un secret pour personne, les filles du Seynod Annecy Squash sont largement favorites. Avec deux joueuses professionnelles dans leurs rangs (la n°2 française Coline Aumard, et la Sud-Africaine Milnay Louw), mais aussi plusieurs joueuses classées 2ème série en n°3 (Lisa Blic, Delphine Scaion etc.), on ne voit pas comment la victoire pourrait leur échapper. À la lecture des effectifs, trois autres équipes semblent au-dessus du lot : après avoir atteint la Nationale 1, le Squash 95 est repartie au niveau régional et arrivera à Royan avec deux joueuses du top 20 français (Soraya Renai et Océane Michelot). Marseille a de l'expérience à revendre, avec Karine Isambard et Marianne Villier (respectivement anciennes n°3 et 11 françaises), épaulées par Emmanuelle Bertoncini et l'Australienne Ashleigh Shannon. Enfin, le Rêve Maxeville présente une équipe très solide avec trois joueuses du top 60 : Chloé Didelot, l'ancienne championne de France vétérans Sylvie Lacoste, et l'Américaine Rafiatou Ouro-Aguy. Même si le tableau sera établi le jour J (car le poids des équipes dépend des joueuses présentes), ces quatre clubs devraient normalement être chacun tête de série de leur poule et s'éviter avant les demi. D'autres essaieront de jouer les troubles-fêtes, et parmi les outsiders on peut citer le Squash des Volcans, Energeia Saint-Orens, Mont-de Marsan, Coutances et Royan, qui aura le soutien du public.

Si les filles d'Annecy (en haut) seront grandes favorites de ce play-off, Marseille et le Squash 95 de Soraya Renai et Océane Michelot viseront également la montée en Nationale 2 (Crédits photo : Seynod Annecy Squash, Marseille Squash & Nicolas Barbeau) 

Hommes

Les choses sont un peu moins lisibles chez les hommes que chez les femmes : les 23 équipes engagées seront placées dans un tableau en ligne, et le tirage au sort aura une grande importance. Il y a 8 tickets pour la Nationale 3, qui seront attribués aux quarts de finaliste. La compétition semble extrêmement ouverte, mais un coup d'œil aux forces en présence permet de ressortir quelques noms : comme ses homologues de N1 et N3 à Bordeaux, le 5R Montpellier 3 aura des ambitions, d'autant plus si le Tchèque Daniel Mekbib (84ème mondial) est présent à Royan. Forts d'une équipe homogène, les Albigeois du Squash 81 (avec notamment Romain Leydier et Rémy Aliaga, membre de l'équipe de France junior à la fin des années 90) a battu les Héraultais en finale de la phase régionale en Occitanie. Avec le jeune international Belge Dries Verhaegen (18 ans), mais aussi un Laouenan Loaëc très performant ces derniers temps et son père Pierre-André, les Bretons de Lanester ont de gros atouts à faire valoir. On peut également citer les Sarthois de La Flèche, mélange de jeunes (Arthur Bruneau, Marvyn Joneau) et d'éléments expérimentés ayant évolué de nombreuses années au niveau national (Grégory Joneau, Stéphane Nyberg), le Squash Baiona 64 de Stéphane Ducos, champions en Nouvelle-Aquitaine, ou encore la réserve de Toulon, autre "mix" de jeunes et de moins jeunes (par exemple Antoine Maillard et Emmanuel Crouin, qui a déjà vécu la montée avec l'équipe 1 il y a quelques années).

Parmi les candidats à la montée, on peut citer le 5R Montpellier (en haut), Lanester et Albi (Crédits photo : 5R Squash, Foot & Squash 81 & Lanester Squash) 

 

Vous retrouverez les photos des podiums en début de semaine prochaine sur notre site. En attendant, vous pourrez suivre les résultats en direct sur squashnet (dans Type de compétition, cliquez sur « Par équipe » puis sur Play-offs Interclubs des champions de ligue). 

 

Infos pratiques

Squash Royan Atlantique (Site Web - Facebook)