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GRÉGORY GAULTIER : « MA VRAIE SATISFACTION, C'EST MA LONGÉVITÉ AU PLUS HAUT NIVEAU. »

Équipe de france 01/04/2017

En battant Nick Matthew dimanche dernier en finale du British Open, Grégory Gaultier n'a pas seulement inscrit pour la troisième fois son nom au palmarès du « Wimbledon du squash. »

Dr (Cliquez pour accéder à la version anglaise)

Grâce à un début d'année 2017 exceptionnel, le Français est depuis ce matin le numéro 1 mondial le plus âgé de l'histoire de la discipline, hommes et femmes confondus. Un record néanmoins anecdotique pour lui, qui accorde bien plus d'importance à sa longévité au plus haut niveau. Depuis Prague - où il réside avec sa femme et son fils - il nous a accordé un entretien d'une heure au téléphone mercredi, juste avant de se rendre à l'entraînement. Il y a abordé tous les sujets, en toute franchise.

Jérôme Elhaïk : Salut Greg, merci de prendre le temps de me répondre. Est-ce que tu as pu fêter ta victoire au British Open ?

Grégory Gaultier : Non pas vraiment, on a fait un très bon resto dimanche soir avec Renan (Lavigne, entraîneur national), Matthieu (Benoit, son ostéopathe), et Florent (Ehrstein, kiné dépêché par la Fédération Française de Squash). Mais on n'a pas arrosé la victoire, car le prochain World Series à El Gouna arrive très bientôt (du 7 au 14 avril).

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Grégory Gaultier avec son équipe, de gauche à droite Matthieu Benoit, Florent Ehrstein et Renan Lavigne (Crédit photo : Steve Cubbins)

J.E. : Qu'est-ce que tu as fait depuis dimanche ?

G.G : Je suis rentré à Prague pour quelques jours, et avant de m'envoler pour l’Égypte, je vais faire un crochet par Aix samedi pour y disputer le championnat de France Interclubs (son équipe - Aix – est en position de se qualifier pour les playoffs et affronte aujourd'hui le Jeu de Paume et Toulon à l'occasion de la quatrième et dernière journée).

J.E. : C'était ton troisième succès au British Open – dix ans après le premier - et ton quatorzième en World Series. Est-ce que tu savoures toujours autant ?

G.G : Je dirais que c'est différent. Le British Open, je l'avais déjà remporté deux fois, et il y a des joueurs qui l'ont gagné dix fois (il fait référence à Jahangir Khan). C'est sûr que quand on est jeune, et qu'on gagne un gros tournoi pour la première fois, il y a davantage d'euphorie. Mon sentiment dimanche, c'était plutôt la satisfaction de constater que le travail paye. Donc j'insiste, c'est vraiment différent à chaque fois.

J.E. : Tu as eu une joie très contenue après ta victoire contre Nick Matthew dimanche, davantage que lors de tes récents succès. Une explication ?

G.G : Je ne sais pas trop pourquoi. C'est difficile d'expliquer pourquoi on réagit de telle ou telle manière après une victoire. C'est sûrement lié au déroulement du match, ce n'est pas comme si on s'était retrouvés à 10-10 dans le cinquième jeu et qu'il y avait eu un échange de fou (sic).

En finale, j'ai pris petit à petit le dessus à partir du deuxième jeu.”

J.E. : Je suis d'accord, d'ailleurs le score prouve que tu as nettement dominé la fin du match (11-3 11-3 dans les troisième et quatrième jeux).

G.G : Oui, j'ai bien senti qu'il avait plié (sic). J'ai pris petit à petit le dessus à partir du deuxième jeu. Dans le troisième, il était plus lent dans les changements de direction et volleyait beaucoup moins, mais c'est logique car il a eu un parcours plus compliqué que le mien pour arriver en finale (l'Anglais avait battu Tarek Momen en cinq jeux en quart de finale puis le précédent numéro 1 mondial Mohamed El Shorbagy en demi-finale).

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Entre Grégory Gaultier et Nick Matthew, un grand respect mutuel (Crédit photo : Steve Cubbins)

J.E. : Et pourtant, c'est lui qui avait pris le meilleur départ dans cette finale.

G.G : En effet, au début je ne trouvais pas de bonnes longueurs. Je jouais devant trop tôt, et lui me contrait bien et était plus souvent que moi au T. Puis j'ai commencé à trouver mon rythme. Quand je suis mené 8-2 en début de match, je me suis dit que même si je perdais ce jeu, c'était important de le prolonger et de le faire bosser. Non seulement pour qu'il ne prenne pas trop confiance – sinon ça pouvait devenir compliqué – mais aussi parce que je savais que plus le match durait, plus c'était bon pour moi.

J.E. : Ce n'est pas nouveau, mais on a senti pendant et après cette finale un énorme respect entre vous.

G.G : Nick et moi, on se connaît depuis les juniors, même s'il a deux ans de plus que moi. La première fois qu'on s'était joués c'était au championnat du monde junior par équipes en 1998, j'étais en -16 ans et lui en moins de -19 ans et je m'étais nettement incliné. Mais six mois après, j'avais pris ma revanche au championnat d'Europe. Depuis, on s'est évidemment affrontés un paquet de fois, entre le circuit PSA et les compétitions par équipes (49 fois selon le site de référence squashinfo mais ce chiffre ne tient pas compte des rencontres en Interclubs). On se connaît aussi très bien en dehors du court, comme je l'ai dit dimanche lors de la remise des prix on a fait quelques conneries ensemble quand on était plus jeune, comme tout le monde (rires). On avait fait aussi un tournoi à La Réunion en 2005, on s'était bien marrés. Il est déjà venu chez moi, je suis déjà allé chez lui, donc oui notre relation dépasse largement le cadre du squash. Dès que l'un gagne un tournoi, l'autre lui envoie un message. Comme je l'ai fait dernièrement quand il a remporté le Canary Wharf, il avait vraiment été très fort durant toute la semaine.

On parle beaucoup des jeunes, mais on prouve encore aujourd'hui que notre génération était vraiment forte.”

J.E. : Vous avez 34 et 36 ans, mais vous êtes plus que jamais au top niveau.

G.G : C'est vrai. À l'heure actuelle, on parle beaucoup des jeunes qui montent, notamment les Égyptiens, mais c'est satisfaisant de prouver que notre génération était vraiment très forte. Il n'y avait pas que Nick et moi, mais aussi James Willstrop et Karim Darwish. On a tous été numéro 1 mondial, ça veut dire quelque chose !

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Grégory Gaultier n'avait fait qu'une bouchée du Colombien Rodriguez au premier tour (Crédit photo : www.insidethegames.biz)

J.E. : Les observateurs ont été impressionnés de la manière dont tu as expédié tes premiers tours à Hull, ce qui t'a permis d'arriver relativement frais en finale. Il arrive très souvent que quand un joueur mène 2 jeux à 0 il se relâche, mais ce n'est pas du tout ton cas ...

G.G : Disons qu'à 2-0, mes coaches me boostent pour que je reparte à fond dans le troisième jeu. Et moi je sais que si mon adversaire a de l'expérience, il va profiter du moindre relâchement. Mon approche c'est de continuer à jouer sans penser au score, point par point. Personnellement, je n'ai perdu que trois fois après avoir mené 2-0 au cours de toute ma carrière, mais c'est vrai que quand un match se déroule bien, tu peux vite perdre ta concentration, puis galérer à conclure voire perdre stupidement. C'est un peu ce qui s'est passé lors de la demi-finale féminine entre Nour El Sherbini et Laura Massaro. Nour était nettement au-dessus dans les deux premiers jeux mais elle a abordé le troisième en mettant un petit peu moins d'intensité, et Laura en a profité.

J.E. : Tu effectues un début d'année 2017 exceptionnel (finale au Tournament of Champions, puis victoires au Swedish Open, au Windy City Open et au British Open), mais l'année 2016 n'avait pas été rose avec notamment pas mal de blessures.

G.G : Oui ça a vraiment été une année très compliquée. J'ai été éloigné des courts pendant de nombreux mois, mais ce n'est pas comme si j'avais eu une coupure parce qu'à chaque fois j'ai absolument tout fait pour revenir le plus rapidement possible. Après ma grave blessure à la cheville en janvier au Tournament of Champions, j'ai bossé comme un malade tous les jours, entre les soins et les séances physiques. Mais comme tous les sportifs professionnels le savent, après une période d'arrêt, ça prend du temps de revenir à son meilleur niveau. J'ai recommencé à bouger sur l'intégralité du court seulement deux semaines avant le British Open, donc j'étais super « short » en termes de préparation, et mon pied était encore fragile. Ensuite, il m'a fallu retrouver le rythme des matches, et c'était frustrant d'être tout le temps à l'arrache.

J.E. : Après être revenu à un très bon niveau à la fin de la saison 2016-2017 (finale à El Gouna et victoire à la finale des World Series), tu as connu d'autres pépins physiques au début de l'automne.

G.G. : Le truc, c'est que je n'ai pas fait de vraie coupure cet été, je n'ai pas eu de vacances. Du coup, je suis arrivé fatigué à l'Open de Hong Kong, et pour ne rien arranger, j'ai pris un coup de coude dans le visage en jouant deux jours avant le départ, résultat nez fracturé et hématome à l’œil. J’ai galéré au cours des semaines suivantes. Notamment en termes de prise d'information et de temps de réaction. Quand je me suis blessé en quart de finale du championnat du monde en novembre, on a décidé qu'il fallait vraiment prendre le temps que j'aille mieux avant de revenir. J'en avais besoin physiquement autant que mentalement. En décembre j'ai disputé le British Grand Prix mais sans préparation, et j'ai fait une vraie coupure d'une semaine à Noël.

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2016, une année à oublier au cours de laquelle le numéro 1 français a passé beaucoup de temps sur la table de soins (Crédit photo : Facebook Grégory Gaultier)

J'étais vraiment très motivé pour montrer que j'étais encore là après une année 2016 difficile.”

J.E. : Comment tu expliques ce début d'année 2017 extraordinaire ?

G.G : J'étais vraiment très motivé, je voulais prouver que j'étais encore là après cette année 2016 pourrie (sic). Ça m'a gavé de ne pas être en mesure de défendre mes chances sur certains gros tournois, alors que dans le même temps d'autres en ont profité : j'ai été blessé, mais Nick et Ramy Ashour aussi, du coup l'adversité n'était pas aussi forte que d'habitude. De mon côté, je savais que j'avais les capacités pour continuer à gagner les World Series, mon entourage en était également convaincu et me le disait. Donc je me suis fait violence pour revenir. Après 30 ans de squash, la technique ça ne se perd pas, ça se passe essentiellement dans la tête.

J.E. : Les périodes entre les tournois, c'est également quelque chose de très important.

G.G : Oui c'est sûr. Par exemple, entre ma victoire à Chicago et le British Open, j'ai passé deux semaines au CREPS à Aix-en-Provence, notamment pour soigner ma tendinopathie à l'ischio-jambier, qui m'avait embêté à New York et qui requiert encore des soins quotidiens. Dans un premier temps j'ai eu une programme assez « light, » puis on a monté en intensité à l'approche du British, avant de relâcher les jours précédents le tournoi. Notamment parce que sur le papier j'avais un début de tournoi difficile, on ne pensait pas que j'allais battre des joueurs comme Rodriguez ou Pilley en 30 minutes.

J.E. : Tu viens d'évoquer le CREPS. Comment partages-tu ton temps entre Aix-en-Provence et Prague ?

G.G : Ma famille est à Prague, donc c'est évidemment là-bas que je passe le plus de temps. Mais le CREPS est une très belle structure où les conditions sont idéales : encadrement des séances, partenaires d'entraînement et soins dont je peux bénéficier au quotidien. C'est également à Aix que mon préparateur physique Thomas Adriaens est basé. Mais je peux aussi m'entraîner dans de très bonnes conditions ici à Prague. J'ai accès à plusieurs clubs, notamment pour mes séances physiques. Je suis en contact tous les jours avec Thomas, et aussi régulièrement avec Renan et Matthieu. J'ai également quelqu'un qui peut me distribuer la balle pour les exercices techniques. Comme tu peux le constater, je suis organisé ! De plus, il y a pas mal de joueurs qui ont fait le déplacement : Paul Coll, Chris Simpson, Mahesh Mangaonkar ainsi que la plupart des joueurs de l'équipe nationale Tchèque. Il faut croire qu'ils sont motivés pour s'entraîner avec moi (rires).

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Le Néo-Zélandais Paul Coll, valeur montante sur le circuit, est venu s'entraîner à Prague avec Grégory Gaultier (Crédit photo : Facebook Paul Coll)

J.E. : Grâce à ta victoire au British Open, tu as donc retrouvé la place de numéro 1 mondial, à 34 ans. Qu'est-ce que cela t'inspire ?

G.G : Comme je l'ai déjà dit, je n'étais même pas au courant que la place de numéro 1 était en jeu, je l'ai découvert via des articles pendant le tournoi. Moi je ne pense pas trop au classement. Calculer, c'est la meilleure manière de perdre le fil. Le plus important c'est ce qui se passe sur le court. Si tu gagnes, tu montes au classement, si tu perds tu descends, c'est aussi simple que ça. Donc cette place de numéro 1, je n'y pense pas trop et je n'établis pas mon programme par rapport à ça. La preuve, c'est que je vais beaucoup jouer au cours des prochaines semaines, au risque de faire baisser ma moyenne : El Gouna, Grasshopper Cup, Seattle et finale des World Series à Dubaï. Par contre, je vais avoir un calendrier allégé au début de la saison 2017-2018, afin d'arriver au top pour les grosses échéances, à savoir les championnats du Monde par équipes et individuels en décembre. 

Ma longévité au plus haut niveau, c'est ça qui me fait vibrer.”

J.E. : Au-delà de cette place de numéro 1 mondial, tu as une énorme longévité au plus haut niveau (voir Bio à la fin de l'article).

G.G : Ça, c'est une vraie satisfaction. Ce n'est pas comme si j'avais été numéro 1 mondial un mois et que j'avais disparu ensuite. Et encore ma période dans le top 10 aurait pu être longue, car j'ai été classé entre 9 et 12 pendant quelques temps (entre 2004 et 2006). C'est la récompense de mon travail et de ma persévérance. J'ai eu des hauts et des bas, comme n'importe quel sportif. Tu ne peux pas toujours être au top, mais même quand j'étais moins bien, j'ai quasiment toujours réussi à atteindre les demi-finales ou les finales des gros tournois. Je ne suis pas descendu plus bas que numéro 5 ou 6 mondial, même si ce n'est pas un classement qui me satisfait. Chacun a ses objectifs, et le mien est d'être le meilleur. Il y a différents types de champions, et ceux que je préfère, ce sont ceux qui sont présents sur la durée. Se relever après des coups durs et revenir au top niveau, c'est ça qui me fait vibrer. C'est pour que ça qui je suis vraiment satisfait de mes résultats actuels après cette année 2016 difficile.

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Toute la longévité de Grégory Gaultier illustrée par ses trois titres au British Open – 2007, 2014, 2017 (Crédit photo : www.greg-gaultier.com, www.worldsquash.org, Steve Cubbins)

J.E. : Marquer l'histoire, c'est quelque chose qui te tient à cœur ?

G.G : Non pas vraiment. Le plus important, c'est de voir que tout le travail effectué se traduit par des résultats. Quand c'est le cas, je suis particulièrement content pour mon équipe. Ils s'investissent tellement que c'est important pour eux d'avoir un retour, alors que dans le cas contraire ça pourrait être démotivant.

J.E. : À propos d'histoire, le championnat du monde par équipes, qui aura lieu à la fin de l'année à Marseille est l'un des rares grands titres qui manque à ton palmarès. Mais avant cela, il y aura le championnat d'Europe fin avril, et on a appris il y a quelques jours la première sélection de Benjamin Aubert. Quel est ton avis sur lui ?

G.G : Benjamin, c'est un jeune joueur en pleine progression. On s'entraîne parfois ensemble à Aix, c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup. C'est un garçon très curieux et qui est vraiment à l'écoute. Quand je fais des exercices, il m'observe avec une grande attention. Il ne compte pas ses heures. Quand je suis au CREPS, je vois qu'il y est du matin au soir, c'est un passionné qui vit à 100 % pour le squash. Son problème ce sont ses blessures récurrentes, il va falloir qu'il parvienne à le résoudre.

J.E. : En ce qui te concerne, tu as débuté encore plus tôt en équipe de France. Tu te souviens de ta première sélection ?

G.G : C'était au championnat du monde en Égypte en 1999 (il n'avait même pas 17 ans), aux côtés de Thierry Lincou, Renan Lavigne et Jean-Michel Arcucci. En réalité, j'aurais déjà dû débuter lors du championnat d'Europe cette année là, mais comme j'avais déjà disputé la compétition junior en individuels et en équipes, l'entraîneur (Fred Lecomte) avait décidé que ça faisait beaucoup et que j'allais rater trop de cours. Ça ne me rajeunit pas tout ça !

J.E. : Le championnat du monde à Marseille, j'imagine que c'est un événement très particulier pour les joueurs français ?

G.G : Oui évidemment. Je ne connais pas la salle dans laquelle les matches auront lieu, mais on a hâte d'y être. Je garde un très bon souvenir de l'édition 2013 à Mulhouse, notamment l'ambiance, et d'après les retours que j'ai eus, le public avait également beaucoup apprécié.

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Le championnat du monde par équipes 2013 à Mulhouse, un grand moment pour Gaultier et la France (Crédit photo : www.squashsite.co.uk)

J.E. : Même s'il y a eu les Internationaux de France en 2008 (avec un peu plus de 60 000 $ de prize money, et qu'il avait remporté), l'hexagone n'a jamais accueilli de tournoi World Series. Mathieu Castagnet me confiait récemment que c'était un vrai regret dans sa carrière.

G.G : C'est clair que c'est dommage. Je croise plein de gens qui me disent qu'ils adoreraient assister à un gros tournoi en France et venir nous encourager. Pour me produire devant le public français, je dispute des exhibitions de temps en temps mais ce n'est pas pareil.

J.E. : On sent néanmoins une tendance positive récemment en France, avec de plus en plus de tournois, notamment celui de Nantes qui fait beaucoup parler.

G.G : On m'a dit énormément bien de ce tournoi, apparemment le comité d'organisation fait un super boulot. Je ne demanderais pas mieux que d'y participer, mais pour cela il faudrait que le prize money augmente : sur un 25 000 $, même si je gagne ce serait mon plus mauvais résultat de l'année en termes de points. Mais qui sait, peut-être que j'aurai l'occasion de disputer un tournoi en France pour ma sortie.

Le niveau des joueurs français progresse et c'est une très bonne chose.”

J.E. : En ce qui concerne l'équipe de France, vous ferez partie des prétendants au podium à Marseille.

G.G : Oui et dans ce sens, le retour en forme de Mathieu Castagnet est une très bonne nouvelle. Il a connu une période vraiment compliquée avec ses blessures à répétition, il s'est posé beaucoup de questions. Donc battre Willstrop (NDLR, au premier tour du British Open) alors qu'il n'est pas encore au top physiquement, c'est vraiment une grosse victoire, je suis très content pour lui. Espérons qu'il revienne vite dans le top 10 mondial et qu'il atteigne les objectifs qu'il s'est fixés pour sa carrière.

J.E. : Grégoire Marche et Lucas Serme ont également beaucoup progressé récemment.

G.G : Tout à fait, le niveau entre les joueurs se resserre et c'est une très bonne chose. Pour aller loin dans une compétition, on a besoin d'une équipe homogène. J'ai remarqué que Lucas avait passé un cap récemment. Il est beaucoup plus solide qu'avant, je pense qu'il a compris pas mal de choses qui lui ont permis d'étoffer son jeu.

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Grégory Gaultier est ravi de la progression de ses coéquipiers en équipe de France (Crédit photo : Facebook EuroSquash2016)

J.E. : Hormis l’Égypte et l'Angleterre, les habituels favoris, de quelles équipes te méfies-tu ?

G.G : Il y a pas mal de pays qui vont être dangereux, surtout ceux qui ont des équipes homogènes. Ça ne sert à rien d'avoir un numéro 1 très fort si les autres joueurs sont largement en-dessous. Je pense en premier lieu à l'Australie avec Ryan Cuskelly et Cameron Pilley, à Hong-Kong qui a trois joueurs de niveau semblable. Mais aussi à l'Inde, qui a Saurav Ghosal mais aussi un joueur comme Ramit Tandon. Il n'est pas très connu (il étudie en université américaine), mais il avait sorti Ali Farag l'an dernier au Tournament of Champions, et il a emmené Grégoire Marche dans un cinquième jeu très disputé en janvier (remporté par le Français 11-9).

J.E. : Concernant l'Australie, on peut même imaginer un David Palmer sortir de sa (semi)-retraite pour l'occasion.

G.G : C'est sûr qu'un Palmer en numéro 3 derrière Cuskelly et Pilley ce serait vraiment très solide. Mais je crois qu'il a un nouveau poste de coach aux États-Unis donc je ne sais pas s'il pourra pas se libérer.

J.E. : Je change complètement de sujet, le squash dans les médias. Même s'il y a eu du mieux récemment, est-ce que ça te gêne que ton sport ne bénéficie pas de davantage d'exposition ?

G.G : Oui c'est dommage, mais pas spécialement pour moi, plutôt pour la discipline. Comme tu dis, il y a quand même une évolution, surtout au niveau international. Par exemple, la PSA m'a transmis un book qui répertorie toutes les chaînes de télévision avec lesquelles ils ont des accords à l'échelle internationale. Le nombre de pays qui diffusent du squash commence à devenir intéressant. C'est peut-être moins flagrant en France, d'ailleurs j'ai l'impression que les médias parlaient davantage de squash il y a dix ans, par exemple lors de la victoire de Thierry Lincou au championnat du monde. Le fait de ne pas être un sport olympique est un vrai frein, si c'était le cas la Fédération aurait dix fois plus de moyens pour faire avancer les choses.

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Malgré les exploits de Grégory Gaultier mais aussi de Camille Serme, le squash reste peu présent dans les médias (Crédit photo : www.greg-gaultier.com)

J.E. : As-tu eu des sollicitations suite à ta victoire dimanche dernier ?

G.G : Oui j'en ai eu, notamment l’Équipe, et quelques radios. J'ai aussi eu pas mal de demandes d'interview pour des blogs via ma page athlète Facebook, auxquelles je prends toujours le temps de répondre. 

Mon temps libre ? Je le consacre essentiellement à ma famille.”

J.E. : Parlons un peu de ta vie en dehors du squash. Comment occupes-tu ton temps libre ?

G.G : Mon temps libre, je le consacre essentiellement à ma famille. Je ne suis pas souvent à la maison, donc quand je rentre je fais tout pour passer de bons moments avec eux. Mon fils a 4 ans, il commence à se mettre au sport alors que jusqu'à maintenant il ne voulait rien faire (rires). On l'a emmené skier pour la première fois, et il fait aussi du hockey sur glace et du tennis. Sinon, quand je suis à Aix, j'en profite pour voir mes amis et faire un bon resto. Comme je vis à Prague la plupart du temps, ça me fait du bien de revoir tout le monde. Mais avoir une passion à côté, pratiquer un autre sport - par exemple faire un foot avec des potes - c'est impossible quand on est athlète de haut niveau : déjà parce que je fais du sport quasiment tout le temps, et surtout à cause du risque de blessures. On doit privilégier la récupération. Mais ça ne m'empêche pas de me lâcher de temps en temps, disons 3 ou 4 fois dans la saison au maximum. Par exemple il y avait presque trois semaines entre la fin du Windy City et le début du British Open, donc on en a profité pour bien arroser ma victoire (rires) !    

J.E. : Est-ce que tu t'imagines jouer au squash en vétérans ?

G.G : C'est un peu tôt pour le dire (rires). Pourquoi pas, on verra bien. Mais si je le fais, je ne continuerai certainement pas à m'entraîner comme un malade pour être compétitif. J'ai l'impression que les tournois vétérans, c'est surtout l'occasion de passer de bons moments et de revoir des gens que tu n'as pas vu depuis longtemps. Après j'imagine que quand tu es sur le court, tu as toujours envie de gagner …

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Grégory Gaultier en compagnie de son fils Nolan et sa femme Veronika, ancienne joueuse internationale tchèque (Crédit photo : Facebook Grégory Gaultier)

 

Grégory Gaultier – Bio

34 ans, n°1 mondial

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(Crédit photo : Ouest France)

- 37 titres sur le circuit professionnel (76 finales) dont 14 World Series (British Open 2007, 2014, 2017 et World Series Finals 2009, 2016)

- Champion du monde 2015

- Vice-champion du monde 2006, 2007, 2011 et 2013

- Champion d'Europe par équipes 2015 (quinze fois vice-champion)

- Vice-champion du monde par équipes 2003 et 2009 (médaillé de bronze en 2005, 2007 et 2013)

- 9 fois champion d'Europe individuels

- 6 fois champion de France

- Vainqueur des World Games en 2013

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Championnat du monde 2015 (Crédit photo : PSA World Tour) 

- Vice-champion du monde junior 2000

- Champion d'Europe junior 2000 et 2001

- Vainqueur du British Junior U17 en 1999 et en U19 en 2001

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Championnat du monde junior 2000 (Crédit photo : www.geocities.ws)

 

Classement

PSA

- n°1 mondial en novembre 2009, février 2014, d'avril à octobre 2014, décembre 2015 et avril 2017

- Dans le top 3 depuis : mai 2013

- Dans le top 6 depuis : novembre 2006

- Dans le top 15 depuis : septembre 2003

France

- Numéro 1 français depuis 2007

 

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