Impérial d'un bout à l'autre de la compétition, le jeune Toulonnais n'a laissé aucune chance à Lucas Serme en finale.

Article de Jérôme Elhaïk

Depuis vendredi, le Squash du Rêve Maxéville accueillait son premier tournoi international, le PSA Challenger Le Rêve Nancy 2021 (6 000 $, ouvert aux joueurs des pays limitrophes). Le dernier carré était très relevé compte tenu de la dotation avec quatre membres du top 50 mondial, tous Français. Parmi eux, c'est Victor Crouin (n°44 mondial) qui a tiré son épingle du jeu : comme à Bordeaux en décembre, le jeune Toulonnais a été impressionnant, remportant le tournoi sans perdre un jeu.

Le début de sa finale contre Lucas Serme (n°35) avait pourtant été très disputé, les deux joueurs se jaugeant et se rendant coup pour coup. Mais à 6-6, Victor serre le jeu, et même le poing après un superbe double mur gagnant. Il domine les échanges et convertit sa deuxième occasion de virer en tête (11-7). Le début de la deuxième manche est marqué par un énorme rallye et Lucas, peut-être usé par les efforts fournis en demi-finale contre Benjamin Aubert, va le payer cash : les points défilent, et il se retrouve mené 2-0 (11-1). "A mountain to climb," comme disent les Anglais, surtout contre un adversaire aussi sûr de sa force. Le joueur d'Annecy a le mérite de ne rien lâcher, et un regain d'énergie lui permet de coller au score en début de troisième jeu. Mais l'issue du match semble inéluctable, et elle sera cruelle pour Lucas avec un stroke pour terminer (11-6). Impressionnant de vitesse, de justesse et de précision, Victor remporte logiquement le tournoi.

Lucas Serme genoux à terre, comme un symbole de cette finale dans laquelle Victor Crouin a de nouveau été impressionnant (Crédit photo : Emmanuel Nauer) 

PSA Challenger 10 Le Rêve Nancy 2021 (6 000 $), finale :

[3] Victor Crouin (FRA) bat [1] Lucas Serme (FRA) : 3 jeux à 0 (11-7, 11-1, 11-6) en 41 minutes

Match à revoir sur la chaîne YouTube PSA Challenger Tour

Il s'agit déjà de son onzième sur le circuit international, à seulement 21 ans. Victor Crouin a survolé la compétition en Lorraine, alors qu'il était confronté à une opposition relevée (l'Espagnol Bernat Jaume en quart, Baptiste Masotti en demi puis Lucas Serme en finale). Le jeune Toulonnais avait fait part de sa frustration après des défaites sur le fil sur le circuit principal ces derniers mois : au vu du niveau affiché récemment, on a hâte de le voir se frotter à nouveau à l'élite du squash mondial ... 

Victor Crouin (à gauche) en compagnie de Chistopher Votion (gérant du Squash du Rêve) et Frédéric Thiriet (conseiller municipal délégué aux sports à Maxéville) (Crédit photo : Emmanuel Nauer)

Renan Lavigne a observé avec attention les performances des joueurs Français ces derniers jours au Squash du Rêve. L'entraîneur national nous livre ses impressions.

« Victor a été dans la lignée de ce qu'il avait montré lors de sa victoire à Bordeaux. Je trouve même qu'il prend la balle encore plus tôt, du coup ses adversaires sont privés de temps et se retrouvent constamment sous pression. Lucas n'avait pas les armes aujourd'hui, d'autant qu'il était fatigué par les efforts fournis en demi-finale (NDLR : Serme s'était imposé face à Benjamin Aubert, en 70 minutes). Mais le mérite en révient à Victor, qui a cette capacité à se faciliter la tâche lors des premiers tours en mettant beaucoup d'intensité, ce qui constitue un véritable exercice mental. En tous les cas, il parvient parfaitement à retranscrire en compétition ce qu'il travaille à l'entraînement, et c'est le but recherché. Même si c'est toujours compliqué de faire ce genre d'affirmations, il est évident que Victor affiche un niveau de jeu supérieur à son classement et ce sera intéressant de le voir sur les prochains tournois majeurs. Concernant la compétition dans son ensemble, c'était une satisfaction d'avoir quatre Français en demi-finale, car l'opposition étrangère était de qualité en quart de finale. On constate néanmoins que parmi nos joueurs certains ont eu la volonté de faire évoluer leur jeu ces derniers mois, et d'autres un peu moins. Le contexte est difficile car on entend en permanence des discours anxiogènes, cependant il faut parvenir à en faire abstraction et rester positif : n'oublions pas qu'ils peuvent continuer à s'entraîner et disputer des tournois, ce qui n'est pas le cas dans tous les pays.

L'entraîneur national Renan Lavigne était présent pendant toute la compétition au Squash du Rêve (Crédit photo : DR FFSquash)

Concernant les jeunes, Paul Gonzalez avait un tirage compliqué au premier tour face à Lucas, mais il travaille bien en ce moment : il est dans une démarche de développement et a compris que le plus important était le long terme. C'est un peu plus difficile pour Toufik Mekhalfi, même si son adversaire était également supérieur (NDLR : le Japonais Ryosei Kobayashi). C'est certes dommage que la fin de sa carrière en junior ait été tronquée, néanmoins il faut en faire le deuil. Comme je lui dis souvent, il se retrouve dans la jungle dans le rôle de Bambi et il n'y a que des lions autour de lui (rires) ... Cette période doit être l'opportunité de se poser, et de travailler sur son jeu. Enfin, ce tournoi était une aubaine pour les joueurs du pôle espoirs, Brice Nicolas, Macéo Lévy et Laouenan Loaëc (qui est légèrement en retrait, mais travaille très bien à l'entraînement). Ils affichent une grosse motivation, et nul doute qu'ils sauront tirer des enseignements de cette expérience afin de travailler encore plus intelligemment. »

Gérant du Squash du Rêve Maxéville et organisateur de l'évènement, Christopher Votion tire le bilan de ce premier tournoi international pour le club Lorrain.

« Je suis satisfait, même si je ne suis pas quelqu'un qui a tendance à verser dans l'émotion : mon principal objectif quand je me lance dans un projet, c'est que tout se déroule sans accroc (rires). Le premier point important était de montrer qu'il était possible d'organiser une compétition de ce type en respectant strictement les mesures sanitaires, de ce côté là mission accomplie. Certains membres du club étaient frustrés de ne pas pouvoir venir assister aux matches, ce que je comprends, mais j'ai eu d'excellents retours sur la qualité du streaming. Nous avons également eu une très bonne couverture médiatique, avec la présence de France 3 Lorraine et des articles tous les jours dans la presse locale. C'est le fruit du travail effectué en amont, notamment par les bénévoles, et c'est de cette manière que l'on pourra sortir le squash de son cadre souvent trop intimiste (sic).

Gérant du Squash du Rêve, Christopher Votion espère que ce premier tournoi international en appellera d'autres (Crédit photo : France 3 Lorraine)

Concernant l'avenir, je suis un homme de projets et j'ai envie que ce tournoi en appelle d'autres. Ce qui me fait vibrer ce n'est pas que le haut niveau, mais aussi et surtout le squash amateur et la promotion de notre discipline. On peut imaginer un évènement dans lequel ces deux composantes seraient interreliées, et j'aimerais qu'il soit en adéquation avec le talent des joueurs. Pourquoi ne pas imaginer un tournoi 15 ou 20 000 $ avec un court vitré sur la place Stanislas ? Avec de la volonté il est possible de faire de grandes choses, mais pour que ça se matérialise il faudrait plus d'argent, mais aussi encore plus de bras, de jambes et de cerveaux (rires).. »

Rendez-vous demain sur notre site avec la présentation du prochain tournoi (Le Havre PSA Challenger 2021)