Très affûté malgré la longue interruption, Victor Crouin a survolé la compétition et n'a laissé aucune chance à ses adversaires, notamment Benjamin Aubert en finale.

Article de Jérôme Elhaïk

Photos Nicolas Barbeau

Construit en 1978 par Roger Barandarian et sa femme Angèle, la Milady est l'un des plus anciens clubs du squash hexagonal, et a connu de belles heures dans les années 80 et 90. Parmi les joueurs qui y ont été formés, on trouve un certain Philippe Signoret. L'entraîneur de l'équipe de France féminine était de retour sur ses terres le weekend dernier à l'occasion de l'open national de Biarritz, alors que ses joueuses – Camille Serme en tête – était venues se confronter à une forte opposition masculine (8 joueurs du top 20 national présents). Dire que Victor Crouin a survolé les débats est un euphémisme : le jeune Toulonnais (21 ans) n'a laissé que 30 points à ses adversaires en quatre matches, et a affiche un niveau de jeu impressionnant après six mois sans compétition. Étudiant au sein de la prestigieuse université d'Harvard depuis un an, il ne peut pas rentrer pour l'instant aux États-Unis et on suivra de très près ses prochaines apparitions sur le circuit international. La finale a été particulièrement expéditive face à un Benjamin Aubert visiblement à court de carburant : le pensionnaire d'Annecy n'avait eu que quelques heures pour récupérer après sa victoire au forceps en demi-finale face à Ryosei Kobayashi. Le Japonais, qui s'entraîne à Aix-en-Provence depuis quelques semaines, complète le podium alors qu'Edwin Clain (4ème) a fait belle impression, notamment en écartant Fabien Verseille en quart.

Victor Crouin (au premier plan) a été impressionnant tout au long du weekend, notamment en finale face à Benjamin Aubert

En stage au pays Basque toute la semaine, les joueuses du pôle France de Créteil ont donc peaufiné leur préparation en se mesurant aux hommes lors de ce tournoi. Battue par Adrien Douillard (n°17 français) en 1/8è de finale samedi, Camille Serme ne s'est pas ménagée lors de ses matches de classement dimanche, avec près de deux heures passées sur le court : vainqueur de sa camarade d'entraînement Mélissa Alves en 5 jeux, elle s'est inclinée sur le même score face au jeune Joshua Jacques Phinera. La numéro 3 mondiale termine donc 10ème.

Mélissa Alves (en noir) a bousculé Camille Serme sur les courts de la Milady, mais la numéro 3 mondiale a eu le dernier mot

Open national masculin d'été de Biarritz (2 500 euros)

Victor Crouin (n°6 français) bat Benjamin Aubert (n°7) : 3 jeux à 0 (11-1, 11-1, 11-0)

Victor Crouin (n°44 mondial, vainqueur du tournoi)

Le retour à la compétition après six mois d'interruption (une première dans sa carrière)

« Effectivement, je n'ai jamais eu de grave blessure et j'ai donc toujours pu participer à des compétitions de façon régulière. Honnêtement, je me suis énormément entraîné pendant le confinement, avec de la préparation physique générale et spécifique squash, du travail de souplesse et du renforcement musculaire. Cela m'a permis d'être relativement en forme une fois de retour sur le court. Début juin, la PSA a annoncé que le circuit ne reprendrait pas avant septembre, j'ai donc diminué mon nombre heures d'entraînement afin de profiter de l'été et de mettre l'accent sur un travail qualitatif sur le court. Le mois d'août a été plus intense, avec un stage à Montpellier aux côtés de Paul Sciberras, et de plus en plus de séances de squash avec mon père ainsi que les joueurs du pôle France à Aix-en-Provence – afin de retrouver le rythme et la confrontation. J'étais donc prêt pour reprendre la compétition à Biarritz, avec beaucoup d'envie et de motivation ainsi que de la confiance en mes capacités physiques et techniques. Comme je disais précédemment, j'ai beaucoup travaillé ces derniers mois et j'ai fait évoluer mon jeu, afin de devenir plus agressif et d'avoir davantage de coups d'attaques dans ma palette. J'avais hâte de pouvoir mettre tout cela en pratique en compétition officielle, car c'est toujours différent par rapport à des matches d'entraînement. Je suis très satisfait de ma régularité et de ma gestion de l'événement tout au long du tournoi. »

Pour Victor Crouin (ici en demi-finale face à Edwin Clain), tout le travail réalisé ces derniers mois a payé le weekend dernier

Son programme des prochaines semaines 

« L'université d'Harvard ayant décidé que les cours se dérouleraient en ligne, je poursuivrai pour l'instant mon cursus depuis la France. Je pourrai ainsi continuer à m'entraîner avec mon père, à profiter de la confrontation au pôle France et à faire quelques opens nationaux. Concernant le circuit international, nous attendons la validation du calendrier provisoire de PSA, mais je participerai certainement à quelques tournois si la situation sanitaire le permet. J'en profite pour souligner que j'ai été ravi de pouvoir jouer à nouveau en France, devant un public de connaisseurs. C'était un plaisir de découvrir la ville de Biarritz, le club ainsi qu'une association au top remplie de passionnés de squash. Bravo au Milady Squash Club pour l'organisation, merci Pierre Bernard pour le juge-arbitrage et Nicolas Barbeau pour l'arbitrage. A bientôt sur un prochain tournoi national ! »  

Guillaume Marmoret (membre de l'organisation)

« Le tournoi s'est très bien passé, et tous les joueurs étaient contents de l'organisation. Dommage que la pluie ait été au rendez-vous, alors qu'il a fait un temps magnifique tout l'été … Les circonstances ont fait que le plateau était superbe, avec Victor Crouin qui n'a pas pu repartir aux États-Unis, les joueuses de l'équipe de France qui étaient en stage les jours précédents à Biarritz, et dans l'ensemble de nombreux premières séries. C'est vrai que la finale a été expéditive. D'un côté, Victor a été impressionnant, et de l'autre Benjamin Aubert n'a pas eu beaucoup de temps pour récupérer après sa demi-finale face à Ryosei Kobayashi dans laquelle il avait laissé pas mal de forces. Mais avant cela il y avait eu beaucoup de matches disputés : je pense par exemple à la victoire à l'arrachée de Johan Bouquet face à Yann Perrin, deux joueurs qui s'affrontent depuis les catégories de jeunes. Mention également à Edwin Clain, qui a battu Fabien Verseille pour la première fois, ainsi qu'à Adrien Douillard qui a réalisé un beau parcours. En tous les cas, ce tournoi était une belle manière de démarrer la saison, ainsi qu'une belle vitrine pour le club et le squash en général. Nous n'avons que deux courts et le club-house n'est pas très grand, mais il y avait du monde pour assister aux matches ce weekend. La Milady est un club historique du squash français, qui avait accueilli de nombreux tournois nationaux dans le passé - quand j'étais adolescent je me souviens avoir vu Grégory Gaultier et Thierry Lincou jouer ici. Cet évènement nous a permis de relancer cette tradition, et nous avons bien l'intention d'en faire un rendez-vous annuel. »