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LE CLUB DE LA SEMAINE : SAINT-CLOUD 92 SQUASH CLUB

Promotion 21/08/2020

Les structures et associations sont de véritables partenaires de la Fédération au quotidien, et nous mettons en avant ceux qui contribuent le plus au rayonnement du squash dans notre rubrique "Le club de la semaine".

Celui sur lequel les projecteurs sont braqués aujourd'hui fait partie intégrante du patrimoine hexagonal pour notre discipline : il s'agit du Saint-Cloud 92 Squash Club.

Article de Jérôme Elhaïk

UNE NOUVELLE HISTOIRE

Saint-Cloud est sans nul doute un nom qui compte dans l'histoire du squash hexagonal, mais aussi international. « Mes fonctions actuelles me permettent de constater que très peu de clubs dans le monde peuvent se targuer d'un tel palmarès, » souligne Jacques Fontaine. L'actuel président de la World Squash Federation, qui avait auparavant occupé la même fonction à la FFSquash pendant 20 ans, nous a accordé un long entretien dans lequel il raconte l'incroyable réussite des équipes du club de la rue Royale, du début des années 90 au milieu des années 2000 (voir ci-dessous « L'ÉQUIPE DE SAINT-CLOUD A MARQUÉ SON ÉPOQUE »). Construit dans les années 80 et situé dans l'immense complexe des bureaux de la colline, le Saint-Cloud 92 Squash Club possède 6 courts de squash, un espace cardio musculation et un superbe club-house. « Au départ, ça devait être un cinéma, » indique Stéphane Broudin. En 2014, ce dernier a repris la direction de l'établissement, avec l'appui de son ami Jean-Luc de Zeeuw. « On se connaît depuis de nombreuses années, » ajoute-t-il. « Notre projet initial était de créer un club à La Défense, mais ça ne s'est pas concrétisé et l'opportunité de Saint-Cloud s'est présentée. » La particularité de Stéphane Broudin est qu'il est devenu gérant d'une structure avant de connaître la discipline, à Forest Hill les Bouvets (en 1996). « J'avais travaillé pour l'enseigne pendant mes études. Même s'il y avait beaucoup de courts, c'était plutôt un petit club à l'échelle de Forest Hill, j'imagine que c'est la raison pour laquelle ils ont placé un jeune à sa tête, » sourit celui qui n'avait que 22 ans à l'époque et y est resté 15 ans. Même si son rôle n'a plus de secret pour lui, aucun signe de lassitude ne transparaît chez Stéphane Broudin. « J'ai toujours autant de plaisir à venir tous les matins, et je n'ai pas envie de bouger, » affirme-t-il. « Ce que je trouve le plus gratifiant ? Sans aucun doute, contribuer à ce que des personnes se rencontrent et que ça matche (sic) entre elles. Le club est un lieu de vie, et des gens viennent même quand ils ne jouent pas, tout simplement parce qu'ils s'y sentent bien. Pour moi, c'est la plus belle récompense. »

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Stéphane Broudin (à gauche) et Jean-Luc de Zeeuw (à droite), ici en compagnie de l'ancien champion du monde et n°1 mondial Amr Shabana lors du championnat du monde féminin par équipe en 2016 (Crédit photo : Stéphane Broudin) 

Le club a connu un changement important il y a un an : son entraîneur Lucas Vauzelle est parti à Nantes après cinq ans de bons et loyaux services, et ses missions ont été reparties entre quatre personnes (voir ci-dessous L'UNION FAIT LA FORCE). Stéphane Broudin se réjouit des « idées nouvelles » apportées par Jean-Christophe Blanpied, Josué Tresse, Frédéric Weisz et Guillaume Mauroy, tout en soulignant que « ça se passait très bien avec Lucas. Mais on était tous les deux tellement occupés qu'on n'avait pas toujours le temps d'échanger. » Et pour cause : en plus de la gérance de la structure, Stéphane s'occupe également de l'association Squash Saint-Cloud 92. « Quand il y a des problèmes entre elles, les deux entités se retrouvent fragilisées, » indique Jean-Christophe Blanpied pour justifier du bien-fondé de ce fonctionnement. « Le seul bémol est que Stéphane n'a pas le temps de s'occuper de certaines choses, et c'est la raison pour laquelle nous allons prendre un service civique à la rentrée. Ça concerne par exemple la communication, car jusqu'à maintenant on parle seulement du club en cas de gros évènement. » Le dernier en date fut le championnat du monde féminin fin 2016, pendant lequel les meilleurs joueuses du monde avaient foulé les parquets Clodoaldiens. « On n'envisage pas de recevoir à nouveau une compétition de cette envergure à court et moyen terme, » précise Stéphane Broudin. « On est ouvert tous les jours et on ferme tard (NDLR : 23h30 en semaine) et c'est difficile de sortir du quotidien. » Ce quotidien, ce sont notamment les soirées de critérium Île-de-France, qui animent le club tous les mardis, mercredis et jeudis pendant la saison. Avec 10 équipes engagées, l'association est l'une des plus représentées dans le "crit" et en comptera même deux en D1 hommes la saison prochaine : l'équipe fanion (qui compte dans son effectif Thierry Scianimanico et son fils Melvil), championne régionale en 2018-2019, sera rejointe par l'ancienne formation d'Old School Saint-Cloud, désormais rattachée au SSC92. « Ça fait pratiquement 30 ans que ça dure, mais on a toujours autant de plaisir à s'entraîner, à jouer et à boire une bière ensemble, » confie Stéphane Broudin, membre de cette équipe au même titre que Jean-Denis Barbet, président de la FFSquash. Que ce soit dans son activité professionnelle ou en dehors, le plaisir est décidément son moteur ... 

L'UNION FAIT LA FORCE

Comme évoqué plus haut, le Squash Saint-Cloud 92 a effectué un virage à 180 degrés il y a un an : pour remplacer Lucas Vauzelle, en poste depuis cinq ans, l'association a fait appel à un quatuor d'entraîneurs, dont Jean-Christophe Blanpied. « Je connais Stéphane Broudin et Jean-Luc de Zeeuw depuis longtemps, car j'ai été juge-arbitre de tournois à Forest Hill, puis représentant de la marque Oliver, » confie ce salarié d'Air France. « Lucas était mon formateur lorsque j'ai passé mes diplômes d'entraîneur, et j'ai été amené à le remplacer ponctuellement à Saint-Cloud. Quand il a décidé de partir à Nantes, il l'a annoncé suffisamment tôt à Stéphane car il ne voulait pas que le club se retrouve sans coach. Ils ont ensuite travaillé ensemble sur le recrutement afin de trouver une solution qui convienne à tout le monde. » Cette solution est une répartition des tâches, que nous explique JCB. « Josué Tresse était déjà là auparavant. Il gère les cours loisirs pour les adultes, de temps en temps l'école de squash en semaine mais aussi le sport santé (il possède notamment un diplôme universitaire d'éducateur médico-sportif en cancérologie). De son côté, Frédéric Weisz s'occupe essentiellement des entraînements collectifs des équipes du club, ainsi que du jeune Antoine Riehl. Le samedi, il y a l'école de squash toute la journée : Guillaume Mauroy et moi-même nous partageons les séances, et ça se passe très bien. Je sais que dans la plupart des clubs les jeunes sont sur les courts le mercredi, mais à Paris ce n'est pas facile pour les parents. Et le weekend, certains peuvent venir jouer pendant la séance de leur enfant. » Même si la saison a été interrompue prématurément, le premier bilan est satisfaisant. « C'était une année de transition, car ce n'est pas facile de passer après Lucas. On a conservé pas mal de choses qui étaient en place, tout en amenant quelques nouveautés. Le test, il n'était pas forcément vis-à-vis des joueurs, qui dans l'ensemble nous connaissaient déjà, mais plutôt concernant le fonctionnement entre entraîneurs. De ce côté là, c'est une réussite. Chacun amène ses idées, et il y a une très bonne communication entre nous. On est également restés en contact étroit avec les jeunes ces derniers mois et le jeu de l'oie (NDLR : pendant le confinement, Jean-Christophe a réalisé une version "squash" du célèbre jeu, qui permet de faire du sport à la maison tout en s'amusant) leur a beaucoup plu. » 

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Frédéric Weisz (en bleu) est l'un des quatre entraîneurs du Squash Saint-Cloud 92 (Crédit photo : Squash Saint-Cloud)

Pour continuer à développer son école de jeunes (« on a eu quelques nouveaux inscrits cette saison, à tel point que nous allons libérer un court de plus le samedi, »), le Squash Saint-Cloud 92 n'hésite pas à s'ouvrir vers l'extérieur : partenariat avec les écoles et un lycée professionnel des environs, école des sports de la ville mais aussi l'école de la deuxième chance, qui œuvre pour l'intégration des jeunes en difficulté. Le club des Hauts-de-Seine n'en oublie pas pour autant la performance : plusieurs de ses jeunes - Timothé et Anaëlle Emprin, Charlotte Piscione, Antoine et Julie Riehl - font partie des meilleurs en Île-de-France et jouent dans les équipes senior. Voire même à une échelle plus large pour Melvil Scianimanico, champion de France -15 ans et vainqueur de l'open de France en février (voir ci-dessous PALMARÈS ET GRANDES DATES). « Derrière eux, il y a une belle génération de 7-10 ans, garçons et filles, qui pointe le bout de son nez, sans oublier une douzaine d'enfants au mini-squash, » ajoute Jean-Christophe Blanpied, qui les accompagne sur les compétitions. Le SSC92 était d'ailleurs le club le plus représenté lors de la deuxième étape du circuit Ken Chervet, disputée début février au Stade Français. « On espère prolonger cette dynamique, dès que ce sera possible, » conclut-il. « Le club a obtenu le label 4 étoiles de la part de la Fédération Française de Squash cette année, et nous visons la cinquième la saison prochaine. L'ouverture d'un centre d'entraînement régional est également dans les tuyaux. » Décidément, la jeunesse a le vent en poupe au Squash Saint-Cloud 92 ... 

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L'école de squash du SSC92 est en plein essor (Crédit photo : Jean-Christophe Blanpied)

PALMARÈS ET GRANDES DATES

☛ Tout au long de son existence, le Saint-Cloud 92 Squash Club a reçu des compétitions d'envergure, dont des championnats de France. D'abord les jeunes (toutes catégories) en 1987 et 1989, et de futures stars du squash français avaient inscrit leur nom au palmarès : Isabelle Stoehr, Julien Bonétat et Thierry Lincou. Onze ans plus tard, Grégory Gaultier remporte rue Royale le premier de ses deux titres en -19 ans. Le club a également organisé le championnat de France interentreprises en 1994, les playoffs de Nationale 2 en 1996, le championnat de France vétérans en 1997, celui des non classés (baptisé Omnium) en 1998, puis trois fois les championnats de France 2ème série au début des années 2000. En 2003, c'est une certaine Camille Serme, âgée de 14 ans, qui s'était imposée … En 2004, les équipes de Capitol Saint-Cloud avaient disputé les playoffs des Interclubs à domicile : si les hommes, avec une formation 100 % britannique, s'étaient inclinés en finale face à leurs grands rivaux de Rouen, les femmes s'étaient imposées face à Aix. Pour l'anecdote, c'est à Saint-Cloud qu'avait eu lieu le premier tournoi mixte en France à l'automne 2014, peu de temps après l'arrivée de Stéphane Broudin et son équipe. Il avait été remporté par Camille Serme (encore), vainqueur de Lucas Vauzelle en finale.

☛ Le club a également accueilli deux compétitions internationales : un PSA 10 000 $ en 2010, remporté par Nicolas Müller (le Suisse était n°43 mondial à l'époque) aux dépens de Julien Balbo, et surtout le championnat du monde féminin par équipe 2016. Alors que les phases finales ont lieu sur le court vitré installé dans le palais des sports Robert Charpentier d'Issy-les-Moulineaux, le club Altoséquanais est le théâtre de plusieurs rencontres des phases de poule et de quelques 1/8è de finale. Outre Camille Serme et ses camarades de l'équipe de France (futures médaillées de bronze, une première dans leur histoire), le nombreux public massé dans tous les recoins du club a le privilège de voir évoluer l'Angleterre de Laura Massaro, la Malaisie de Nicol David, et surtout l'Égypte : composée des numéros 1, 2 et 3 mondiales (Nour El Sherbini, Nouran Gohar et Raneem El Welily) et dirigée par la légende Amr Shabana, la sélection Africaine survole la compétition et est couronnée pour la troisième fois. 

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En 2016, l'équipe d'Égypte et ses stars avaient foulé les parquets de la rue Royale lors des phases de poule du championnat du monde par équipe (Crédit photo : Paul Orlovic)

☛ Comme Jacques Fontaine nous le raconte ci-dessous, les équipes de Saint-Cloud ont empilé les titres nationaux et internationaux entre 1990 et 2005. Mais les représentants du club ont également brillé sur le plan individuel à l'échelle nationale au fil des années : ça avait commencé avec l'Espagnole Olga Cuenca, lauréate du championnat de France universitaire en 1986 et 1987 (une compétition que remportera également Gabrielle De Lavison en 2015). Recordwoman du nombre de titres de championne de France avec Isabelle Stoehr et Camille Serme (11 chacune), Corinne Castets en avait gagné trois sous les couleurs de Saint-Cloud en 1995, 1996 et 1999. La Toulousaine fait partie des nombreux représentants du club à avoir porté les couleurs de l'équipe de France, avec Frédéric Canot, Julien Bonétat ou encore Renan Lavigne.

☛ Saint-Cloud a remporté deux fois le titre national en +35 ans par équipe, et près d'une vingtaine en vétérans individuels, dans l'ordre chronologique : Jacques Fontaine himself (sacré deux fois en +50 ans, dont la première fois à domicile en 1997), Catherine Poyet, Thierry Bulfon, la regrettée Frédérique Kirsch Roualen (2 titres), Marie-Pierre Guilbert (5 titres), Véronique Chastres (2 titres), Pierre Barcillon, l'actuel président de la FFSquash Jean-Denis Barbet, trois fois vainqueur sous les couleurs de l'association Old School Squash Saint-Cloud, Roland Bassibey, et enfin Thierry Scianimanico en 2019. Le fils de "Titi", Melvil, avait apporté quelques mois auparavant son premier titre de champion de France jeunes à Saint-Cloud en s'imposant en -13 ans à Gradignan, avant de récidiver en -15 ans dans le même club en décembre dernier (les deux fois aux dépens de son grand rival, le Corse Antonin Romieu). Très proche de son entraîneur Lucas Vauzelle, il a également obtenu à ses côtés la médaille de bronze au championnat de France Interclubs -13 ans en 2017 (avec Tom Redondin et Charlotte Piscione), alors que les -17 ans décrocheront l'argent l'année suivante (avec toujours Tom et Charlotte mais aussi Antoine Riehl, et Timothé et Anaëlle Emprin).

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Melvil Scianimanico (en rouge) a remporté l'open de France junior en -15 ans, comme Victor Crouin, Grégoire Marche et Grégory Gaultier avant lui (Crédit photo : Christian Lortat)

☛ Le jeune Melvil ne brille pas seulement au niveau national : le titre décroché en -15 ans cette année à l'open de France junior était son deuxième sur le circuit européen, après la Suisse en -13 ans en 2017. Meilleur joueur de sa génération avec Antonin Romieu, le Parisien fait partie des équipes de France depuis 2017 : il a participé à trois tournois des 5 Nations (trois médailles d'argent derrière l'Angleterre) et au championnat d'Europe -15 l'année dernière, avec une sixième place à la clé pour les Bleuets.

JACQUES FONTAINE : « L'ÉQUIPE DE SAINT-CLOUD A MARQUÉ SON ÉPOQUE »

Après avoir été à la tête de la FFSquash pendant 20 ans, Jacques Fontaine est depuis 2016 président de la World Squash Federation. Mais celui qui est l'un des quatre Français à occuper actuellement de telles fonctions dans le sport international, a également été joueur puis dirigeant au sein de l'équipe masculine du Capitol Saint-Cloud, du milieu des années 80 jusqu'à la fin de l'histoire en 2005. Il nous raconte cette aventure, marquée du sceau du succès.

La genèse

« Pour l'anecdote, j'ai disputé mon dernier match en tant que joueur lors de notre accession en 1ère division. Au départ, nous nous appelions Capitol Défense et étions une équipe nomade, c'est à dire sans club fixe. Pendant un temps, nous avons joué aux Pyramides, puis au début des années 90 nous avons élu domicile à Saint-Cloud. »

 Un règne sans partage*

« Je m'occupais de toute la logistique pour l'équipe masculine, alors que Tony Hands était mon relais auprès des joueurs et de leurs agents. Au début, elle était composée des meilleurs français – Éric Claudel, Frédéric Canot, Christophe Montagnier, Julien Bonétat, Sameer Khan – puis est arrivé l'arrêt Bosman (rires) et ils ont progressivement été remplacés par les meilleurs étrangers. L'un des premiers à nous rejoindre a été Rodney Martin, champion du monde au début des années 90 (NDLR : l'Australien est le seul joueur à avoir battu Jahangir Khan et Jansher Khan au cours d'un même tournoi). On a également eu beaucoup d'Anglais (parmi les joueurs marquants, je pense à Del Harris ou encore Peter Marshall, qui jouait à deux mains). Je me souviens même que lors d'un championnat d'Europe, tous les membres de leur sélection jouaient pour Saint-Cloud ! Et il y a bien sûr eu Jansher Khan : il n'était pas facile à gérer, mais c'était extraordinaire d'avoir dans l'équipe celui qui dominait totalement la discipline. D'ailleurs, pratiquement tous les meilleurs joueurs de l'époque ont porté le maillot de Saint-Cloud – grâce aux réseaux que nous avions constitué - sauf peut-être Peter Nicol. »

Un engouement certain

« Que ce soit à domicile ou à l'extérieur, il y avait beaucoup de monde pour assister à nos rencontres. On trouvait même parfois des affiches grand format sur les abris bus, et nos résultats étaient bien relayés dans les médias. Concernant le club de Saint-Cloud, il y avait clairement une politique axée sur le très haut niveau, avec les avantages et les inconvénients que cela comporte : les tarifs étaient très intéressants pour les membres et ils avaient la possibilité de voir évoluer les meilleurs joueurs du monde lors des rencontres par équipes, mais la demande est devenue trop importante. Nous sommes montés jusqu'à 1000 licenciés (comme d'autres clubs à l'époque, je pense par exemple à Chaville ou Royan) et c'était presque impossible de réserver un créneau en heures pleines. Du coup, on a ensuite baissé à 800, mais ça montre que c'est possible d'avoir un nombre élevé de licences dans un club privé, et que le haut niveau permet de tirer l'ensemble vers le haut. Mais il est vrai qu'on était formatés de cette manière à l'époque : les temps ont changé, et je ne pense pas qu'aujourd'hui je referai les mêmes efforts. »

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Composé des meilleurs joueurs français mais aussi étrangers de son époque, le Capitol Saint-Cloud a dominé le squash français et même européen pendant de nombreuses années. Accroupis, de gauche à droite : Christophe Montagnier, Éric Claudel et Julien Bonétat. Debout : Frédéric Canot, Rodney Martin et Peter Marshall (Crédit photo : Jacques Fontaine) 

Un rayonnement international

« On a dominé le championnat de France pendant plus de dix ans, mais ce qui nous motivait c'était la Coupe d'Europe des clubs champions. C'est grâce à l'attrait de cette compétition que nous pouvions attirer les meilleurs joueurs, et des partenaires. L'équipe féminine du Squash 92 Saint-Cloud, gérée par Frédérique Kirsch Roualen (NDLR : ancienne secrétaire de la Fédération et kiné des équipes de France, malheureusement décédée en 2014) a également occupé le devant de la scène. Elles ont compté dans leurs rangs des top players étrangères, par exemple Sabine Schoene, Linda Elriani et surtout Sarah Fitz-Gerald. Nous avons réalisé de nombreux doublés à l'échelle nationale et même deux fois en Coupe d'Europe (NDLR : en 2001 et 2002, à Rennes et Aix-en-Provence). On peut raisonnablement dire que s'il y avait eu un championnat du monde des clubs, on aurait eu de bonnes chances de le gagner ... »

La culture de la gagne

« Je pense que Saint-Cloud a servi de locomotive dans le squash français. Ensuite, Rouen a, heureusement ou malheureusement, montré qu'il était possible de nous battre ... Pour faire venir les meilleurs joueurs et gagner sans interruption pendant plus de 10 ans, il faut faire preuve de volonté et de persévérance – d'autant que les équipes étaient composées de 5 ou 6 joueurs - et d'autres n'en ont pas été capables. La principale chose que j'ai retenue en côtoyant tous ces champions, c'est la culture de la gagne. Pendant longtemps, nous n'avons pas perdu un match ! Je me souviens par exemple qu'un jour Rodney Martin était blessé à la hanche. Le sort de la rencontre était déjà scellé, et je suis allé le voir pour lui dire que ce n'était pas grave s'il ne gagnait pas. Il m'a répondu que c'était impensable de perdre contre un joueur moins bien classé, et qu'il ne fallait montrer aucune faiblesse en vue des futures joutes sur le circuit international. Évidemment, il a gagné ce match ... Je n'oublie pas le rôle de Bertrand Bonnefoy, DTN de 1997 à 2006 : il venait d'un sport olympique, et clairement ça ne l'intéressait pas de finir 7ème ou 8ème du championnat d'Europe. Il a également contribué à insuffler cette culture mais encore fallait-il avoir des joueurs qui soient réceptifs, et ça a été le cas avec Thierry Lincou et Grégory Gaultier. »

Une fin brutale

« Après notre deuxième doublé continental en 2002, les règles ont changé : un système de points a été mis en place, et ce n'était plus possible d'aligner la meilleure équipe possible en Coupe d'Europe. Il y a donc eu un nivellement par le bas, et ça a été le début de la fin ... Pour cette compétition mais aussi pour Saint-Cloud car comme je le disais au préalable, c'était essentiellement elle qui nous motivait. De mon côté, j'étais suffisamment têtu pour continuer, mais Frédérique m'a convaincu que ça ne servait à rien et on a tout arrêté du jour au lendemain ! Pendant toutes ces années, on a su prendre des décisions tranchées et celle là en faisait partie ... »

Le symbole d'une époque

« Ça a été une expérience très enrichissante, qui m'a certainement servi même si ce rôle était totalement distinct des mandats que j'ai occupés. Du début à la fin, j'ai tout fait pour que l'équipe soit la plus performante possible. La réussite sportive est importante, mais le côté humain l'est tout autant : j'ai noué des relations étroites avec beaucoup de personnes, et ça me manque de ne plus évoquer ces souvenirs avec celles qui ont malheureusement disparu – je pense à Frédérique bien sûr, mais aussi à Paul Biggio. Si je devais ne retenir qu'une chose, c'est que nous avons été le symbole d'une époque. Je vais vous raconter une anecdote : lors des Jeux du Commonwealth en Australie il y a deux ans, on m'a présenté auprès du prince Edward (NDLR : quatrième enfant de la reine d'Angleterre) comme le président de la Fédération internationale de squash, mais aussi celui qui avait contribué à la réussite de l'équipe de Capitol Saint-Cloud, presque comme si c'était plus important ... » 

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Jacques Fontaine (à gauche) en compagnie du prince Edward lors des Jeux du Commonwealth 2018 en Australie (Crédit photo : World Squash)

*Pour Jacques Fontaine, « très peu de clubs dans le monde peuvent se targuer d'un palmarès équivalent à celui de Saint-Cloud. » À l'échelle nationale, il n'y en a aucun : après un premier sacre en 1985, l'équipe masculine du Capitol Saint-Cloud va construire une véritable dynastie en remportant 12 titres de champions de France consécutifs, de 1990 à 2001. Rouen met fin à ce règne en battant les Franciliens lors d'une rencontre mémorable à Saint-Étienne (la même année, l'équipe du Squash 92 décroche le bronze), avant de battre trois autres fois leurs grands rivaux en finale en 2003, 2004 et 2005. Côté féminin, le Squash 92 Saint-Cloud obtient huit fois le titre entre 1993 et 2002, puis deux en 2004 et 2005 sous le giron du Capitol. À signaler qu'en 2016, les sœurs Delavison (Gabrielle et Ludivine) et Marie-Pierre Guilbert avaient permis au club de renouer avec son glorieux passé en devenant championnes de France Nationale 2 pour le compte du Squash Saint-Cloud 92. Comme évoqué plus haut, les succès ont également été au rendez-vous à l'échelle européenne avec en point d'orgue deux doublés sur le sol français (en 2001 à Rennes et en 2002 à Aix-en-Provence). Auparavant, les garçons s'étaient également imposés en 1992, 1993 et 2000.

Voici une liste non exhaustive des grands noms de la discipline ayant porté le maillot des équipes du club : de nombreux numéros 1 mondiaux et/ou champions du monde (Jansher Khan, Rodney Martin, Jonathon Power, James Willstrop, Lee Beachill, Laura Massaro, Sarah-Fitz-Gerald), d'autres ayant fait partie du top 10 (Anthony Ricketts, Peter Marshall, Mark Chaloner, Tony Hands, Alex Gough, Del Harris, Simon Parke, David Evans, Paul Johnson, Stewart Boswell, Adrian Grant, Rebecca Macree, Sabine Schoene et Linda Elriani) et certains des meilleurs Français (Éric Claudel, Frédéric Canot, Corinne Castets, Christophe Montagnier, Julien Bonétat, Sameer Khan et Renan Lavigne). 

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Rendez-vous vendredi prochain pour le treizième épisode du "Club de la semaine", qui sera consacré à l'Espace Squash Royan Atlantique. 

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