Les jeunes et le haut niveau, deux des priorités de la Fédération, sont réunis dans le programme intitulé PAHN. Ses membres, âgés de 10 à 14 ans, se sont rassemblés à l'occasion d'un stage au Squash 95 il y a quelques semaines.

Article de Jérôme Elhaïk 

Si vous assistez régulièrement à des compétitions, vous avez peut-être déjà aperçu ces quatre lettres sur les tenues de certains jeunes et entraîneurs : PAHN, qu'est-ce que c'est ? Le Programme d'Accession au Haut Niveau, l'un des deux volets du Projet de Performance Fédéral, repose sur l’organisation de 6 rassemblements annuels (3 stages nationaux et 3 tournois européens) réservés à une sélection des 25 à 30 meilleurs jeunes issus des catégories -11, -13 et -15 ans (filles et garçons, sur l’ensemble du territoire français - métropole et DROM/COM). En pratique, comment se déroule cette sélection ? « On profite des championnats de France, ainsi que de l'open de France junior, pour débattre avec les entraîneurs impliqués dans le programme, » explique son coordinateur, Nicolas Sajat. « Même si en fin de compte c'est moi qui tranche, ma décision s'appuie toujours sur leurs avis. Normalement, on choisit les deux meilleurs par année de naissance, mais il y a une certaine souplesse : il peut arriver que ce soit trois pour une année donnée, et un pour une autre. » Comme son nom l'indique, le PAHN consiste à former les champions de demain aux exigences du haut niveau. Sa vocation est également de les accompagner dans la réussite de leur projet sportif, de les confronter dès le plus jeune âge à une opposition à l'échelle européenne, ainsi que de représenter la France et ses valeurs. Autrement dit, il ne comporte pas d'objectifs de résultats immédiats. « S'il y en a, c'est tant mieux évidemment, » précise Nicolas Sajat. « Mais le plus important est le long terme, et on constate que des joueurs qui ont suivi cette filière ont intégré un pôle par la suite et ont des résultats – on peut citer Laszlo Godde et Ninon Lemarchand, entres autres. Je pense qu'on a progressé dans l'accompagnement des jeunes dans leur projet sportif. » Afin de suivre leur évolution, notamment pendant les périodes creuses en termes de compétitions, Nicolas et les 9 entraîneurs fédéraux du PAHN – ainsi que Yann Menegaux, entraîneur au pôle espoirs d'Aix-en-Provence, et Frédéric Lecomte, directeur des équipes de France – échangent régulièrement, à l'aide d'un canal de plus en plus populaire de nos jours : le groupe Whatsapp ...

"L'accompagnement des jeunes dans leur projet importe plus que les résultats à court terme." Nicolas Sajat, coordinateur national PAHN

Les jeunes du PAHN présents au stage fin octobre au Squash 95, en compagnie de leurs encadrants (Crédit photo : FFSquash) 

Après ceux d'avril et de juillet, le troisième rassemblement national du PAHN s'est déroulé au Squash 95 (Saint-Ouen-l'Aumone) du 28 au 30 octobre. « C'était certainement le meilleur stage jusqu'à maintenant, peut-être parce que je n'étais pas présent, » sourit Nicolas Sajat. « Plus sérieusement, les jeunes étaient ravis et on a eu d'excellents retours des parents. Cela nous conforte dans les ajustements qui ont été faits, l'un des plus importants ayant été de raccourcir les sessions théoriques. Lors des deux premiers stages, les jeunes les avaient trouvé trop longues. On est passé à 45 minutes de théorie devant un écran suivies de 45 minutes de mise en situation pratique, un format qui leur a beaucoup plu. » Pendant trois jours, 15 des 25 jeunes du programme (« plusieurs étaient absents à cause des grèves de la SNCF, »), divisés en deux groupes, se sont familarisés aux deux thématiques choisies pour l'évènement : le dépassement de soi et la cohésion de groupe. « Elles m'ont été suggérées par les entraîneurs, après avoir constaté que les jeunes se reposaient parfois sur leurs acquis, et qu'ils n'étaient pas toujours suffisamment ouverts aux autres. » « Ils ont été globalement réceptifs, » estime Benjamin Laho, l'un des cinq encadrants présents dans le Val d'Oise aux côtés de Lucas Vauzelle, Julien Muller et Mehdi Renai et Rohan Mandil, volontaire en service civique. « Particulièrement pour le dépassement de soi, d'ailleurs on les a beaucoup entendu utiliser cette expression, que ce soit pendant les efforts physiques, sur le court ou entre eux. Ils ont saisi rapidement les messages transmis à travers les petites vidéos, les citations et les échanges entre nous. » Les jeunes se sont notamment soumis à des exercices de HIIT (High Intensity Interval Training). « Ils en ont tous bavé et ont dû dépasser certaines limites, » raconte Benjamin. « Le constat est qu’ils ont tous besoin d’en faire plus souvent ... » La cohésion de groupe a été abordée lors de la deuxième journée, grâce à plusieurs jeux : le nœud humain, le bâton d'hélium, le train de la mine et un Escape Game. « Il y a eu une implication totale de l’ensemble des jeunes, sans exception, » confie un Benjamin Laho ravi. « En revanche – et c'est normal – il y a encore du boulot à faire sur certaines choses : la place que chacun occupe au sein d’un groupe, le respect des uns et des autres, et la prise d’initiative par exemple. En ce qui concerne l'Escape Game, je dirais que l'enfant le plus déterminé était Lucas (Vauzelle) ! » « Je confirme, mon équipe a gagné haut la main ! » lui rétorque son acolyte ...

"Les jeunes ont été très réceptifs aux thématiques abordées." Benjamin Laho

Les jeunes ont beaucoup apprécié les exercices destinés à renforcer la cohésion de groupe (Crédit photo : FFSquash)

Le troisième et dernier jour était consacré à un partage d'expérience, en l'occurrence celle de Lucas Vauzelle : le neveu de Philippe Signoret, entraîneur de l'équipe de France féminine, a connu un brillant parcours en junior et même effectué une saison sur le circuit professionnel à la fin des années 2000. « C'était vraiment super, » raconte Benjamin. « Les jeunes étaient intéressés et ont su poser des bonnes questions, à la fois sur l’aspect sportif mais aussi le contexte familial. » « Je pense que c'est primordial de mettre ces thèmes en avant, » insiste Lucas. « Parler de ce qui peut être un frein pour leur épanouissement est plus important que de savoir si j'ai gagné tel ou tel tournoi. » 

Ancien joueur de haut niveau, et aujourd'hui leur entraîneur dans le cadre du PAHN, Lucas Vauzelle a partagé son expérience avec les jeunes du collectif (Crédit photo : FFSquash)

Après l'open de France junior et le Dutch Junior Open, le Swiss Junior Open (5-8 décembre à Langnau am Albis, dans le canton de Zurich) est le troisième tournoi européen de l'année 2019 auquel sont convoqués les membres du PAHN. Lors de ces compétitions, ils bénéficient du coaching des entraîneurs fédéraux présents sur place, ainsi que d'une prise en charge du package à hauteur de 200 euros. En Suisse, un nouvel outil souhaité par Nicolas Sajat et les entraîneurs sera mis en place : la fiche d'auto-analyse, à remplir après chaque match. « L'objectif de cette démarche est que les jeunes soient davantage impliqués dans leur tournoi en dehors des matches, car ils ont parfois tendance à se disperser. À partir de maintenant, on fera également en sorte que plutôt que de rentrer à l'hôtel, ils restent au club afin de regarder d'autres matches ou d'encourager leurs camarades. » Parce qu'il faut vivre avec son temps, cette fiche – qui a été testée lors de la première étape du circuit inter-régional jeunes le weekend dernier - peut être remplie sur un téléphone (ou une tablette) et envoyée en un simple clic. « Les questions portent sur trois thèmes, » précise Nicolas Sajat. « Il y a des aspects pratiques – le nom de leur adversaire, le score, l'horaire du prochain match etc. Ensuite, leurs sensations, illustrées avec des émoticônes. Et enfin, une partie liée à la tactique. Cette fiche est non seulement utile pour les jeunes, mais les réponses recueillies constitueront également un outil précieux pour les entraîneurs. » Même si Benjamin Laho indique que les installations et conditions de travail « étaient impeccables au Squash 95, » lors du précédent stage et que le PAHN y sera de retour dans un avenir proche, Nicolas Sajat souhaite que d'autres clubs accueillent ces rassemblements. Le prochain aura lieu du 31 janvier au 2 février, soit quelques semaines avant l'open de France junior. « Chartres et Gradignan sont des destinations possibles, » indique-t-il. « Des discussions sont en cours, et une décision sera prise très prochainement. »

"Les jeunes doivent être encore plus impliqués pendant les compétitions." Nicolas Sajat

La fiche d'auto-analyse, qui sera mise en place à l'open de Suisse début décembre, sera un outil précieux pour les jeunes et leurs entraîneurs (Crédit photo : FFSquash)

Suivez les résultats du Swiss Junior Open sur Tournament Software ! 19 des 25 membres du PAHN (liste complète ci-dessous) y seront présents.

Programme d'accession au haut niveau de la Fédération Française de Squash, saison 2019-2020

-11 ans filles : Sarah Guyot (Squash 95)

-11 ans garçons : Morgan Daujon (Squash 95), Éthan Lecordier (Créteil)

-13 ans filles : Inès Guyot (Squash 95, passe en -15 le 6 décembre), Clémence Pichon (Moult), Hannah Oudinet (Rennes Squash), Leelou Laporte (Rackets Antibes)

-13 ans garçons : Amir Khaled (Maxeville), Marius Blin (Le Mans), Thomas Mauras (Jardin Squash), Ilyès Hammouche (Vincennes), Axel Daujon (Squash 95), Mathias-Santiago de la Colina (Chartres), Benjamin Durieux (La Rochelle)

-15 ans filles : Rose Lucas-Marcuzzo (Niort), Daphné Mourier (5R Montpellier), Lilou Brévard-Belliot (La Rochelle), Joséphine Nauer (Maxeville), Éva Ciceri (Squash 95), Manon Aujoulat (Baillargues)

-15 ans garçons : Antonin Romieu (Île-Rousse), Lilo Toussaint (4 As), Axel Diet (Royan), Noa Yulzari (Vincennes) Thomas Garcia (La Ciotat)

Le staff : Stéphane Brévard, Mehdi Renai, Christophe Carrouget, Malcolm Tullis, Julien Muller, Benjamin Laho, Lucas Vauzelle, Amaury Fribourg, Damien Volland (entraîneurs), Nicolas Sajat (coordinateur), Rohan Mandil (volontaire en service civique)

 Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel épisode de "Le squash autrement"