Devenu en quelques années un tournoi de référence, l'open international de Nantes portera l'appellation open de France pour sa cinquième édition (9-14 septembre). Nous sommes partis à la rencontre des membres du comité d'organisation, qui œuvrent en coulisses pour l'incroyable réussite de cet évènement.

Article de Jérôme Elhaïk

Depuis son lancement, l'open international de squash de Nantes reçoit un concert de louanges, que ce soit de la part des participants, des instances de la discipline ou des spectateurs. Axé autour de quelques principes forts – mise en valeur du patrimoine local en changeant de site tous les ans, et rencontre entre sport et culture – il est devenu une véritable référence au niveau hexagonal et même international. Alors que l'évènement passe dans une autre dimension à l'occasion de sa cinquième édition, avec l'appellation open de France et l'augmentation considérable de la dotation, nous mettons un coup de projecteur sur un groupe de passionnés qui accomplit des miracles depuis 2015.

Romain Suire l'appelle affectueusement « le plus fou d'entre nous ... » Chef de projet dans la culture et l'évenementiel depuis 25 ans, François Le Jort s'investit corps et âmes pour la réussite de l'open international de Nantes. « C'est un travail quotidien, » nous avait-il dit à l'issue de la 4ème édition, disputée dans le somptueux cadre du théâtre Graslin. « Direction du tournoi, relations avec les partenaires, encadrement de la production, garant de l’intégrité du concept général, » c'est ainsi qu'il définit ses missions. Mais il n'est évidemment pas tout seul dans cette aventure, « véritable conte de fées où le partage est un aspect essentiel. » Autour de lui, une équipe d'une petite centaine de personnes, dont un noyau dur constitué de quelques rouages essentiels. À commencer par Antoine Garnier, qui a pris la suite de Christophe Bouin à la présidence de l'association Nantes Squash Sautron. Déjà bénévole lors de la première édition, celui dont l'investissement « est allé crescendo » apporte son expérience de gérant d'entreprise et d'organisateur d'évènements ainsi que sa maîtrise de la langue de Shakespeare, précieuse pour les échanges avec les instances internationales. Gérant de La Maison du Squash, Mathieu Fort met son club à disposition du tournoi pour les premiers tours, ce depuis son ouverture au printemps 2016. « Mon rôle a un peu changé, car j'ai délégué la gestion des bénévoles à un stagiaire, Étienne Laurent, » explique ce véritable passionné de son sport, passé par le pôle espoirs du Mans.

"Le partage est un aspect essentiel de cette aventure." François Le Jort  

François Le Jort est le cerveau de l'open international de Nantes (Crédit photo : Mikphotos.fr)

Éloigné géographiquement de Nantes pour des raisons professionnelles, Gabriel Boulanger évoque une certaine « frustration de ne pas pouvoir partager davantage avec les autres personnes impliquées dans cette aventure. » Joueur de bon niveau (il est actuellement n°31 français), cet enseignant s'occupe de la « gestion sportive » de la compétition. « Je fais le lien avec la PSA afin que les joueurs aient toutes les informations à leur disposition. L'objectif est que leur seule et unique préoccupation soit leur match : selon moi, c'est la clé de la réussite car c'est ainsi qu'ils pourront offrir le meilleur spectacle possible au public. Mais j'ai également d'autres tâches, comme le recrutement des arbitres via la WSF, la page Facebook du tournoi etc. » Le statut de Natacha Godel est un peu particulier : depuis début avril, son rôle dans l'organisation constitue son activité professionnelle à temps plein. « Je suis responsable de production, et ma tâche principale est de seconder François, » indique celle qui est la seule de ce petit groupe à ne pas pratiquer le squash. « Parmi mes missions, il y a les relations avec les partenaires, l’établissement et le suivi des factures, le pilotage de la communication, la collaboration avec les stagiaires, la logistique de l’événement – à l'exception du côté technique, assuré de main de maître par Mickaël Sourisseau etc. En résumé, je participe à la mise en œuvre sur le terrain. » Enfin, il y a le trublion de la bande … Depuis quatre ans, Romain Suire a endossé avec brio le costume de speaker-animateur, un rôle dans lequel il essaie de trouver « le juste équilibre » entre spontanéité et organisation. « Mais je vous rassure, je vais continuer à faire le con (rires) … Mon principal objectif est de transmettre ma passion du squash et de participer à sa démocratisation. Et si je fais un peu d'auto-analyse, ça me permet de sortir de ma zone de confort, et de faire appel à un côté créatif que je n'utilise pas dans mon activité professionnelle. » Ancien membre de l'équipe de France junior, ce courtier en assurances a d'autres casquettes dans l'organisation : recherche de partenaires, relations avec les joueurs professionnels mais aussi gestion des produits dérivés avec la marque de textile Squash à La Nantaise. « Ça me prend pas mal de temps, mais c'est important afin de créer une véritable identité. »

La puissance de l'open international de Nantes repose sur l'implication sans faille de ses nombreux bénévoles (Crédit photo : Lauranne Rochais)

Même si chacune des personnes impliquées dans l'organisation de l'open international de Nantes a sa propre sensibilité, elles ont aussi une vision commune, dans laquelle les mots « partage » et « aventure humaine » sont des leitmotiv. « La beauté de cet événement est qu'il est tenu par des bénévoles, » indique François Le Jort. « C'est à la fois riche, puissant et fragile ... C'est quelque part un conte de fées : de petit tournoi challenger au départ nous sommes devenus l'un des étendards du circuit, grâce notamment à la manière dont nous démocratisons le squash via sa mise en scène. » « Cinq ans après son lancement, je suis encore impressionné par l'ampleur prise par ce tournoi. Au départ, je pensais qu'il n'y aurait qu'une ou deux éditions ... » ajoute Gabriel Boulanger. Pour Mathieu Fort, l'open international de Nantes « participe au développement du squash dans la ville et dans les départements alentours, même si l'impact est difficile à mesurer de manière précise. » Garder l'esprit initial, tout en se professionnalisant (« on essaie d'apprendre de nos erreurs, » dixit FLJ), tel est le crédo du comité d'organisation. « L'évènement prend de la hauteur chaque année, » glisse Natacha Godel. « Que ce soit en matière d'ambition, de compétences de l'équipe, du nombre de spectateurs, de la curiosité des Nantais, de la fidélité des partenaires etc. C'est une aventure un peu folle – d'autant plus pour moi qui ait découvert ce sport. Et comme toute aventure, elle a son lot d'émotions fortes : grandes joies, craintes, espoirs et déceptions ... »

"C'est pendant la semaine du tournoi que l'on peut échanger le plus entre nous." Antoine Garnier  

Après le Lieu Unique, la Cité des Congrès, les Machines de l'Île et le théâtre Graslin, l'open international de Nantes va prendre ses quartiers au château des Ducs de Bretagne dans quelques jours (Crédits photo : Florent Brique, Lauranne Rochais et Philippe Rochais) 

Leur investissement est démesuré, mais le plaisir est toujours là. « Dans les mois qui précèdent le tournoi, on voit le bébé prendre forme, » confie Antoine Garnier. « Et prendre possession d'un lieu, qui plus est différent tous les ans, ça a un côté grisant. » Lorsqu'on leur demande s'ils ont le temps de savourer pendant la compétition, la réponse est unanimement positive. « Quand les matches commencent, on profite, » ajoute Mathieu Fort. « Et c'est aussi l'occasion de croiser des potes du squash, qu'on n'a pas revus depuis quelques temps. » « C'est aussi durant la semaine du tournoi qu'on passe le plus de temps ensemble et qu'on peut échanger encore davantage, » conclut le président du NSS. Le partage, toujours le partage ... 

On vous l'a dit précédemment, cette cinquième édition sera différente des autres pour des raisons évidentes : l'appellation open de France et le passage des tableaux masculin et féminin dans la catégorie Silver (73 500 $), grâce au soutien de la société Tailor Capital. « Nous devons nous montrer à la hauteur de la confiance qui nous est accordée, » indique Natacha Godel. « Cet open de France doit être une réussite afin de devenir ensuite un rendez-vous annuel, dans d’autres villes. C'est ainsi que le squash continuera à se démocratiser. » Autre nouveauté, le format en 2 jeux gagnants jusqu'aux quarts de finale inclus, « que nous avons dû adopter pour des raisons logistiques, » explique François Le Jort. « Il y a donc le risque d'avoir des matches courts, notamment lors du premier tour. Mais ça crée aussi de l'incertitude, et je pense que c'est bien pour le tournoi. Ensuite, on aura encore plus de monde dans les tribunes que les années précédentes, car les 907 places seront occupées tous les soirs. D'autre part, la provenance géographique très diverse des spectateurs montre que l'évènement a une portée nationale. » Le changement de site étant une partie inhérente du projet, le court sera installé cette année dans la cour du château des Ducs de Bretagne, « dans un chapiteau transparent à travers lequel on pourra voir la façade de l'édifice. Si la météo est au rendez-vous, ça pourrait être magnifique … » Enfin, l'explosion de la dotation (147 000 $, contre 46 000 $ en 2018) est synonyme de changement de braquet sur le plan sportif, avec la présence de 16 joueurs des top 20 mondiaux dont la numéro 3 mondiale Camille Serme. Autrement dit, le spectacle devrait être grandiose sur et en dehors du court …

"Nous devons être à la hauteur de la confiance accordée." Natacha Godel

Mis à contribution pour les teasers, Camille Serme et Grégoire Marche seront les meilleures chances françaises (Crédit photo : PSA Open International de Nantes)

On vous parlait de vision commune, et tous les protagonistes font de ce cinquième opus un possible tournant dans l'aventure. Jamais avare de bonnes formules, François Le Jort va même jusqu'à dire qu'il sera « soit la fin d'un cycle, soit le début d'un nouveau ... » « On ne sait pas où on va, mais la beauté de ce concept est qu'il peut se décomposer à l'infini, et qu'on peut redistribuer les cartes comme on le souhaite, » ajoute Romain Suire. « L'édition de cette année est exceptionnelle, mais en même temps il y a une sorte de nostalgie des débuts, » glisse Antoine Garnier. « Est-ce la fin d'un cycle, est-ce qu'il faudra nous réinventer en revenant à des budgets plus modestes ? À ce stade c'est impossible de répondre, mais l'après-tournoi sera une période d'introspection pour nous. Dans tous les cas, le changement n'est pas quelque chose de négatif … » 

Plus d'infos sur l'open de France – Nantes 2019 Presented by Tailor Capital sur le site officiel 

 Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel épisode de "Le squash autrement"