Actualités F.F.SQUASH

Squash, un sport, une passion

Actus

LE SQUASH AUTREMENT (N°5) : UNE VIE APRÈS LE SQUASH

Événements 24/07/2019

Retrouvez un nouvel épisode de notre rendez-vous mensuel, « LE SQUASH AUTREMENT. »

Dans cette rubrique, nous sortons des sentiers battus et vous présentons un projet, un club, des acteurs etc. qui font rayonner notre discipline en dehors des quatre murs. Nous vous parlons aujourd'hui de reconversion, en l'occurrence celle de Maud Duplomb et Geoffrey Demont. Anciens membres des équipes de France, ils ont tourné la page du squash professionnel pour se tourner vers la kinésithérapie.

Article de Jérôme Elhaïk 

UNE BELLE CARRIÈRE

Les parcours de Maud Duplomb et Geoffrey Demont sont certes différents, mais présentent un fil conducteur commun qui m'a poussé à raconter leur histoire dans cet article consacré à la reconversion : tous deux ont décidé à un moment de leur vie de tourner la page du squash professionnel pour ouvrir un nouveau chapitre, consacré à la kinésithérapie. Lors de l'annonce de sa retraite, nous étions revenus en détails sur la carrière de Geoffrey, de ses débuts à 7 ans jusqu'à son dernier tournoi international à Annecy en mars 2018 (voir GEOFFREY DEMONT : « UN EXPÉRIENCE UNIQUE »). De son côté, Maud a tapé ses premières balles à 8 ans, dans le club de son père à Annonay. « Mais il fallait traverser tout le bâtiment pour atteindre les courts de squash, donc je ne passais pas forcément beaucoup de temps dessus, » raconte-t-elle. « Quand on est enfant, on s'arrête sur la première chose que l'on voit (rires). Ce serait sûrement différent aujourd'hui car ils sont désormais à l'entrée du club ... » Même si elle dispute des tournois dès l'âge de 10 ans, son principal objectif est de « s'amuser. D'ailleurs, je ne faisais pas partie des sélections en -15 et -17. Mais ensuite, tout s'est enclenché assez rapidement. » Championne de France cadette puis juniors, l'Ardéchoise joue un rôle important dans l'obtention de la médaille d'argent des Bleuets au championnat d'Europe junior en 2004. Dans la foulée, elle intègre l'équipe senior et fait partie du groupe qui apporte à la France sa première médaille continentale, à Rennes. Comme pour Geoffrey Demont, la sélection sera le fil conducteur de sa carrière, avec 10 participations au championnat du monde et 4 au championnat du monde. « J'ai vu arriver la nouvelle génération, avec bien sûr Camille Serme, et en 2010 nous avons été vice-championnes d'Europe pour la première fois, à Aix-en-Provence, » précise-t-elle. Son aventure avec les Bleues s'arrêtera en 2014, avec une autre médaille d'argent continentale. Douze mois plus tard, Geoffrey connaîtra sa première sélection chez les Bleus ...

"J'ai vu arriver la nouvelle génération, avec bien sûr Camille Serme." Maud Duplomb  

Le squash autrement #5 Photo 1

Maud Duplomb et Geoffrey Demont ont connu tous les deux le privilège de disputer une finale de championnat d'Europe par équipe, à six ans d'intervalle (Crédits photo : Patrick Noirot & Eurosquash 2016) 

DES CHEMINEMENTS DIFFÉRENTS

La principale différence dans les parcours de Geoffrey Demont et Maud Duplomb, c'est que cette dernière a longtemps mené de front ses carrières de joueuse et de kiné. « J'ai effectué la formation entre 2004 et 2007, à l’IFMK (Institut de formation en masso-kinésithérapie) de Saint-Étienne, » explique-t-elle. « Je m'entraînais après les cours, entre 19h et 21h, mais je n'ai pas disputé beaucoup de tournois pendant cette période. Une fois mon diplôme obtenu j'ai commencé à travailler, à Lyon. Je m'arrangeais pour ne pas finir mes journées trop tard et toutes mes vacances étaient consacrées au squash. Mais je n'ai jamais effectué de grosse tournée à l'étranger. Je jouais essentiellement des tournois en Europe, ce qui explique sans doute que je n'ai pas dépassé la 62ème place mondiale. Ensuite, j'ai eu des projets familiaux (NDLR : elle a donné naissance à sa fille en 2015) et j'ai complètement arrêté ma carrière internationale. » Lorsqu'on lui demande si elle a des regrets de ne pas s'être consacrée entièrement au squash, Maud répond sans hésitation. « Pas du tout. Kiné, c'est ce que je voulais faire dèpuis la sixième ! Et je trouve que jouer sur le circuit en ayant un métier à côté ça enlève de la pression, on n'a pas l'obligation de gagner pour assurer ses fins de mois. J'encourage d'ailleurs les jeunes à avoir un double projet car on ne sait jamais ce qui peut se passer, par exemple une blessure. » Toujours compétitive (voir ci-dessous, LE SQUASH TOUJOURS PRÉSENT), Maud n'envisage pourtant pas de reprendre le circuit international. « Mais disputer des tournois nationaux, voire même un PSA en France de temps comme je l'ai fait à Annecy cette année, pourquoi pas ? Sans oublier que dans deux ans je serai vétéran (rires) et que je pourrai donc disputer quelques compétitions dans cette catégorie. »

"J'aurais sans doute pu aller un peu plus haut, mais je ne regrette pas mon choix." Geoffrey Demont  

Pour Geoffrey Demont, la vocation est venue beaucoup plus tard, En 2015, il vit l'un des plus grands moments de sa carrière en devenant champion d'Europe par équipe avec les Bleus. Néanmoins, une blessure préalable aux ischios-jambiers l'empêche de jouer un rôle aussi actif qu'il ne l'aurait voulu dans la conquête de ce titre historique, puis va l'embêter ensuite pendant de long mois. Mais captivé par le travail des kinésithérapeutes qui s'occupent de lui, le numéro 5 français se prend de passion pour cette profession. « En voyant les bienfaits concrets que m’apportaient les séances de kiné, j’ai compris que ma vocation était là. » Il parvient à intégrer l’IFMK (Institut de formation en masso-kinésithérapie), mais doit quitter son cocon Aixois pour la capitale. Geoffrey a quelques difficultés à s'adapter à la vie parisienne, et sa douleur à la cuisse se réveille. « Je pensais que j'allais pouvoir concilier les études tout en continuant à m'entraîner comme avant. C'était possible en STAPS, où il n'y avait que des sportifs de haut niveau et des horaires aménagés, mais pas là. Et effectivement, quitter Aix, où j'étais depuis 15 ans, a été un déracinement car je suis un affectif. » Il obtient son transfert vers l'IFMK de Marseille, tout en revenant au pôle France à Aix-en-Provence. Mais le début de saison 2017-2018 n'est pas celui escompté, et les choses deviennent claires dans son esprit lors d'une tournée en Malaisie en janvier. « C'est là-bas que la décision d'arrêter le circuit international est devenue évidente. Je prenais de plus en plus de plaisir à étudier, mais ça demande beaucoup d'investissement. Et ça faisait 1 an et demi que j'étais frustré de ne pas pouvoir m'exprimer à 100 % sur le court, ça commençait à faire long ... » Même s'il a mis un peu de temps à la digérer, il ne regrette « pas du tout cette décision, mûrement réfléchie et qui me permet d'assurer mon avenir. J'aurais pu sans doute monter un peu plus haut si j'avais continué (NDLR : il a atteint la 82ème place fin 2016). Mais non seulement, dans le sport de haut niveau il n'y a aucune garantie de réussite même si on met toutes les chances de son côté, et les titres que j'ai gagnés ne s'effacent pas. »

Le squash autrement #5 Photo 2

Maud Duplomb a mis un terme à sa carrière de joueuse professionnelle pour se consacrer à la kinésithérapie, mais aussi à sa fille (Crédit photo : Maud Duplomb) 

UN NOUVEL ÉQUILIBRE

Aujourd'hui, Maud Duplomb vit à Toulon et partage son temps professionnel entre « (son) cabinet le matin, et les maisons de retraite l'après-midi. J'ai la chance de pouvoir aménager mon emploi du temps et de profiter de ma fille. Cela ne serait pas possible si je travaillais dans le sport de haut niveau - même si c'est quelque chose qui m'attire – car il faut être disponible les soirs et les week-ends. Peut-être que je m'orienterai dans cette direction quand elle sera plus grande. » De son côté, Geoffrey Demont continue son petit bonhomme de chemin à l'IFMK de Marseille, et entamera la troisième des quatre années du cursus en septembre. « L'année qui vient de s'écouler a été très dense, mais ça me plaît toujours autant, » raconte-t-il. « De plus, l'un de mes stages m'a renforcé dans la conviction que j'adore travailler avec des athlètes de haut niveau. De par mon vécu et mon expérience des blessures, je peux facilement me mettre à leur place. » Le natif de Saint-Germain-en-Laye souligne également l'importance du relationnel entre un kiné et son patient. « Au-delà des soins, l'échange et le partage sont très importants. Pas seulement avec des sportifs de haut niveau, car on est aussi confrontés à des personnes hyperactives, pour lesquelles l'impossibilité de faire du sport suite à une grave blessure est une vraie souffrance. Ce côté relationnel est très enrichissant mais demande aussi beaucoup d'investissement, et lorsqu'on travaille de 8h à 20h on finit les journées épuisé ... » Hors du cadre universitaire/professionnel, Geoffrey a vécu une année où le squash n'était pas une priorité, « alors que ce sport avait rythmé ma vie depuis 18 ans. Cette année, je n'ai joué au squash qu'une ou deux fois par mois. Ça fait du bien, notamment de pouvoir faire d'autres sports : le foot en salle avec les potes, et le ski, que je n'avais pas pratiqué depuis 10 ans ! J'y ai été avec mes parents et ma sœur, et je me suis régalé. Sur le plan personnel, je me suis installé avec ma copine, et c'est le genre de projets que j'aurais sans doute dû repousser si j'avais continué ma carrière de joueui professionnel. En résumé, c'est une nouvelle vie, plus posée, et je redécouvre certaines choses. »

"Le squash avait rythmé ma vie depuis 18 ans, je redécouvre certaines choses." Geoffrey Demont  

Le squash autrement #5 Photo 3

Après avoir mis son corps à rude épreuve pendant sa carrière, Geoffrey Demont souhaite devenir kiné pour prendre soin de celui d'autres athlètes (Crédit photo : Philippe Rochais)

 

LE SQUASH TOUJOURS PRÉSENT

Comment expliquer qu'en ne s'entraînant qu'une fois par semaine, Maud Duplomb conserve un niveau qui lui permet d'être n°7 française, et même de battre la 34ème joueuse mondiale - Milou van der Heijden - lors des derniers playoffs ? « Je ne sais pas ... » répond-elle quand on lui pose la question. « Disons que grâce à mes parents, je baigne dans le sport depuis toute petite. J'ai fait beaucoup de course à pied et de vélo, ce qui m'a permis d'acquérir une bonne base physique. Et même si aujourd'hui je joue pour me faire plaisir, je n'aime pas perdre. Pour moi, un échange n'est pas terminé tant que la balle n'a pas rebondi deux fois ... » L'ancienne joueuse de l'équipe de France met l'accent sur un autre point, la possibilité pour les filles de disputer des tournois avec les hommes. « C'est super que la Fédération ait mis ça en place, et il ne faut surtout pas que ça change ! Je me suis toujours entraîné avec des hommes. C'est encore le cas aujourd'hui dans mon club de Cuers, mais avoir la chance de se confronter à eux en compétition est un gros avantage. Sur les tournois féminins, on a rarement l'occasion d'enchaîner les gros matches, alors qu'après l'open de l'Île-Rousse (NDLR : elle a fini 6ème du tableau masculin fin juin), j'étais complètement fracassée (rires) ! »

"Participer à des tournois masculins me permet de conserver un bon niveau." Maud Duplomb 

Le squash autrement #5 Photo 4

Maud Duplomb a prouvé lors des playoffs qu'elle n'avait rien perdu de ses qualités (Crédit photo : Nicolas Barbeau) 

De son côté, Geoffrey Demont a définitivement tournée la page du haut niveau. « Au début, je n'étais pas forcément prêt et j'ai eu du mal à accepter de ne plus pouvoir évoluer au même niveau. Mais aujourd'hui je me fais plaisir, et j'ai compris que je devais écourter les échanges, en raison du manque d'entraînement. De plus, la saison avec Montpellier a vraiment été géniale. On a remporté 3 titres (N1, N3 et champions de Ligue), ce qui est très gratifiant étant donné que j'avais le rôle de manager. Concernant celui de joueur, je suis partant pour la saison prochaine en Nationale 2 ! » 

Le squash autrement #5 Photo 5

Geoffrey Demont (à gauche) et les équipes du 5R Montpellier ont connu une saison de rêve (Crédit photo : Associnqr) 

 

 Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel épisode de "Le squash autrement" 

< Retour