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CAMILLE SERME : "IL FAUT TRAVAILLER DUR POUR ATTEINDRE SES RÊVES"

Événements 06/06/2019

Retrouvez l'interview de Camille Serme après sa finale au British Open

Crédits Photos : Instagram @camilleserme

 

L'équipe de France féminine, et notamment Camille Serme, vivent une saison résolument exceptionnelle. Après une médaille de bronze au championnat du monde par équipe en septembre, puis l'or au championnat d'Europe par équipe le mois dernier, Camille Serme a confirmé la régularité qu'elle a affichée cette saison en retrouvant une finale de tournoi Platinum au British Open. Camille Serme s'est entretenue avec nous pour revenir sur cette finale, et livre ses impressions sur une saison qui se termine...

Camille, comment se sont passés les jours qui ont suivi votre fantastique résultat au championnat d’Europe par équipe et ta préparation pour le British Open qui vient d’avoir lieu ?

CS : Nous étions sur un nuage avec Énora et Mélissa après notre titre de championnes d’Europe. Coline, de son côté, a du se remobiliser plus vite avec le PSA de Manchester, et elle l’a très bien géré avec un excellent résultat.  Personnellement j’ai un peu espacé mes entraînements, j’avais une infection au pied très douloureuse, que je traînais depuis un bon mois, qui m’a empêché de m’entraîner correctement. De toutes façons il fallait aérer la tête afin de garder l’envie pour le British. Je sentais que la fatigue mentale était importante et dans ces cas là il faut faire attention. L’entraînement je l’ai, j’ai beaucoup joué ces derniers mois... Donc le plus important pour bien finir la saison c’est l’envie !

L'équipe de France championne d'Eurpe 2019. Crédits Photos : Instagram @camilleserme

Quelles attentes avais tu pour ce dernier Platinum de l’année et... le plus prestigieux ?

CS : J’avais envie de bien finir la saison, je rêvais d’un titre! C’est dur de ne pas avoir remporter de tournois individuels cette saison, même si je fais quand même une bonne année, très régulière.

Quel a été ton match victorieux le plus dur lors cette compétition ? 

CS : Je dirais la demi finale car je me suis sentie très stressée! Sarah-Jane a très bien joué, elle avait le public avec elle, et moi je voyais une opportunité d’aller en finale même si je savais que ce n’était pas gagné d’avance. Nos derniers matches, à El Gouna et la finale des Europe, ont tous été très serrés et celui là n’a pas été différent. Elle est difficile à manœuvrer, grande et très précise. Il faut la bouger et mettre de la vitesse. Elle est aussi imprévoyante dans ses attaques.

Quand as tu senti que tu pouvais aller loin dans ce tournoi ?

CS : Je n’y ai pas pensé, j’ai essayé de me concentrer sur chaque match, vraiment. Car il y a eu pas mal de surprises donc je ne voulais pas en faire parti...  C’est le meilleur moyen d’éviter les contre performances.

Tu as battu la Championne Britannique en titre, Tesni Evans, ainsi que la N1 Britannique, Sarah Jane Perry. La France, et toi en tant qu’actrice principale, ne deviendriez vous pas leurs bourreaux ?

CS : Ah oui je n’avais pas vu ça comme ça mais peut être :) En tout cas je suis déjà fière et contente d’être numéro 1 européenne et d’avoir confirmé sur ce british. Les anglaises nous ont tellement fait mal dans le passé qu’on peut se venger un peu (rire) et pourvu que ça dure...

Camille Serme lors de sa victoire face à Sarah-Jane Perry. Crédits Photos : #BO19 Photos presented by ROWE

En finale tu n’as rien pu faire face à l’égyptienne Nouran Gohar. Comment expliques tu cela ?

CS : Je pense vraiment que Nouran a été sur un nuage toute la semaine... La semaine passée elle perdait 3/0 au 2ème tour de Manchester ! À Hull elle a battu Raneem 3/0, puis El Tayeb 3/1. en jouant un squash rarement vu au niveau féminin. Je suis rentrée sur le court très concentrée et déterminée mais j’ai vite senti que Nouran allait être difficile à battre: elle avait une superbe longueur, tout en jouant son jeu puissant et rapide.  J’avais l’impression que tout allait trop vite !

Que changerais tu tactiquement sur ce match ?

CS : J’essaierai peut être de varier les rythmes, de lober de temps en temps. Philippe me l’a dit au coaching mais je n’ai pas réussi à bien le faire. La balle allait tellement vite que je n’avais pas le temps de bien me placer... On va travailler sur son jeu et on trouvera des solutions. Mais elles ne sont pas que tactique. Face à ce niveau de jeu, il faut progresser dans la dimension physique. Ça tombe bien c’est prévu (sourire) !

Tu avais gagné l’édition 2015, tu as souvent été demi finaliste et maintenant finaliste. Que penses tu de ton résultat et de ta constance de ces dernières années ?

CS : Je suis déçue de ne pas avoir remporté de tournoi depuis 2 ans, mais je suis assez régulière sur les quarts ou demi finales, cela me permet d’être dans le top 4 mondial et même de rentrer dans le Top 3 le mois prochain. Je positive la dessus même si je désire aller plus loin. Et c’est intéressant d’avoir toujours des choses à travailler pour croire en ses chances d’atteindre la place de N°1. Ma constance elle vient de là. Se remettre en question, sortir de sa zone de confort, tout en capitalisant sur ses points forts

Le titre de Camille Serme au British Open 2015

Que penses tu du niveau actuel féminin ?

CS : Le niveau féminin est très fort en ce moment, et très homogène. Je trouve cela intéressant car il y a plusieurs types de jeux différents. Même les égyptiennes jouent différemment les unes des autres. Des plus jeunes arrivent, comme Nele Gilis ou Mélissa et des les premiers tours de tournois il peut y avoir des surprises. 

Quel regard poses tu sur le squash féminin français ?

CS : Je trouve qu’il n’a jamais été aussi fort. Les filles de l’équipe de France sont très motivées pour continuer de travailler dur et franchir de nouveaux caps.  La relève, plus jeune doit plus s’affirmer, mettre en adéquation leur investissement avec les objectifs du plus haut niveau international ! Pas forcément en quantité mais sûrement en qualité.

Tu es bien sûr qualifiée pour la finale du World Tour qui opposera les 8 meilleurs joueuses du monde. Quels sont tes objectifs ?

CS : J’aimerai beaucoup atteindre au moins la finale pour faire mieux que ces 2 dernières années. Tout est possible. La fraîcheur et l’envie seront les clefs, même si le format en deux jeux gagnants est spécial. Elle aura lieu au Caire en Égypte, le pays du squash, un bon endroit pour finir la saison.

A 30 ans tu reviens au meilleur de ta forme. Comment envisages tu la saison prochaine ?

CS : J’aimerai re-gagner des tournois, des titres. Mais j’ai hâte aussi de voir les progrès que je peux faire physiquement et dans mon jeu suite à la préparation de l’été prochain. Je vais avoir de nouveaux intervenants, de nouvelles pistes de travail, j’ai hâte ! Il n’y a pas que les compétitions qui doivent motiver. Les cycles d’entraînement doivent aussi être une source de plaisir et d’envie, même si on souffre.

Et les vacances ?

CS: Je n’aime pas m’arrêter trop longtemps. Je préfère prendre des jours plusieurs fois dans l’année. Dès la saison terminée, je couperai totalement une semaine puis 3-4 jours un peu plus tard. Mais mes lieux de préparation changeront et seront « estivales », L’île Maurice avec mon partenaire Tailor Capital, Biarritz avec l’équipe de France… Des endroits qui aident forcément à mieux supporter les efforts.

Tu as déjà une carrière fantastique, quels conseils donnerais tu aux jeunes françaises et français qui aimeraient suivre tes traces ?

CS : Je leur dirai qu’il faut travailler dur pour atteindre ses rêves, qu’il ne faut rien lâcher et savoir se remettre en question. Il faut se mettre dès le plus jeune âge les bons objectifs. Un titre de champion de France c’est bien mais ce n’est pas le bon objectif. Il faut aller se mesurer tôt avec les meilleures jeunes mondiales pour se rendre compte du vrai niveau ! Après il faut travailler avec un coach qui lui aussi a la bonne vision du plus haut niveau. Après ce n’est que du travail au quotidien, des sacrifices à tous moments... Mais c’est un parcours qui en vaut la peine. C’est un métier riche en émotions, rencontres et voyages. Je suis consciente de ma chance de vivre de ma passion ! Mais je le dois à mon travail et à ma volonté.

Crédits Photos : Zoom92130 - Thibault Jamet
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