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CHAMPIONNAT DU MONDE PAR ÉQUIPE : J-1 POUR LES BLEUES !

Équipe de france 10/09/2018

C'est le grand rendez-vous de la saison pour le squash féminin Français : le championnat du monde par équipe débute demain en Chine, à Dalian.

Il y a deux ans, les Tricolores avaient décroché la première médaille de leur histoire (en bronze) à Paris. Rééditer cette performance serait un exploit au vu de la concurrence, et pour y parvenir Camille Serme et ses équipières se sont longuement préparées cet été. Comment abordent-elles la compétition ? À quelques heures de leur première rencontre face au pays hôte (mardi à midi), début de réponse en compagnie des Bleues et de leur entraîneur Philippe Signoret.

Article de Jérôme Elhaïk

UNE LEADER DÉJÀ EN FORME

Les joueuses de l'équipe de France abordent ce championnat du monde avec le plein de confiance, à l'image de leur numéro 1. Camille Serme avait décidé de ne pas briguer une septième couronne continentale consécutive fin août, mais plutôt de disputer un tournoi exhibition aux États-Unis afin de « prendre du rythme, » indique l'entraîneur national Philippe Signoret. Face à des joueuses comme Raneem El Welily, Joelle King et Nour El Tayeb, « Camille en a profité pour tenter de nouvelles choses qui lui serviront pour la suite de la saison. » Les résultats ont été immédiats : Serme s'est certes inclinée en finale de l'open de Chine à Shanghai face à Raneem El Welily dimanche – sa première sur le circuit depuis février 2017 - mais elle avait sorti la numéro 1 mondiale Nour El Sherbini la veille. Une victoire importante pour la Française, à plus d'un titre : tout d'abord de part son scénario, car après avoir mené 2 jeux à 0, elle était largement en tête dans les troisième et quatrième manches sans pouvoir conclure. Avant de finalement convertir sa troisième balle de match dans le jeu décisif, sous les encouragement nourris de ses coéquipières, arrivées en Chine quelques jours auparavant. C'est aussi la première fois que Serme bat l'une des Égyptiennes du top 10 mondial depuis mars 2017 !

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L'équipe de France au grand complet (joueuses et staff) était à Shanghai pour soutenir Camille Serme la semaine dernière (Crédit photo : Pôle France Créteil)

« Contre El Sherbini, Camille a très bien géré la fin du match, » estime Signoret. « Mais elle aurait beaucoup moins puisé dans ses ressources mentales si elle avait pu conclure plus vite, alors qu'elle menait 7-2 dans le quatrième jeu. Du coup, c'est dans ce domaine qu'elle a pêché contre El Welily. Mais on ne peut pas parler de bête noire, il y a simplement des styles de jeu qui posent plus de problèmes que d’autres. Son parcours est néanmoins positif, et son jeu flamboyant est de nouveau en place ! Si elle veut franchir le dernier palier qui mène au sommet, elle doit travailler l’endurance aux sollicitations mentales. » « Dans l'ensemble, ça a été une superbe semaine, » ajoute Serme, « même si elle ne s'est pas terminée comme je l'aurais souhaité. Ça a été un match difficile avec de gros échanges. Raneem a été incisive, et de mon côté j'avais sans doute laissé pas mal d'énergie mentale et physique en demi-finale. » Ce n'est un secret pour personne, les Bleues ont besoin d'une Camille Serme au top de sa forme pour espérer faire un bon résultat à Dalian. Il y a deux ans, la numéro 5 mondiale – qui n'a jamais raté une compétition par équipe avec la sélection, ce sera sa vingtième ! - avait été impériale à Paris, contribuant grandement à la conquête du bronze.

 

UNE BONNE DYNAMIQUE

Serme n'est pas la seule à avoir envoyé des signes positifs en ce début de saison. En son absence, Coline Aumard a assumé le rôle de leader au championnat d'Europe individuel, décrochant la médaille d'argent (son meilleur résultat en huit participations). Dommage que son adversaire Millie Tomlinson ait été plus réaliste dans les fins de jeu en finale, mais auparavant la Parisienne avait sorti Nele Gilis, après avoir été menée 2-1. Pour Signoret, Coline était même « nettement au-dessus dans le jeu dans ce match, mais a parfois perdu sa concentration. » Au vu du niveau affiché par la Belge à Nantes la semaine dernière (vainqueur du tournoi en battant les Anglaises Whitlock et Moverley), on peut parler de victoire référence pour la Parisienne. Après un exercice 2017-2018 compliqué et « des mois de remise en question, cette médaille est une revanche personnelle et professionnelle, » confie-t-elle. « Comme chaque été, j'ai suivi la préparation de Frédéric Roualen. Physiquement, je me sens bien et prête à enchaîner les compétitions qui arrivent. »

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Coline Aumard (ici aux côtés de Phiippe Signoret) a réalisé un excellent championnat d'Europe en Autriche (Crédit photo : squashPage.net)

On se souvient qu'en 2016, Laura Pomportes avait joué un rôle important dans la conquête du bronze. L'équipe de France a été renouvelée à 50 %, et les petites nouvelles s'appellent Énora Villard et Mélissa Alves. Les deux joueuses ont réalisé un championnat d'Europe correct, terminant respectivement 7ème et 9ème. La première, battue par Tomlinson en quarts, indique que son objectif pour 2018-2019 est de « rentrer le plus rapidement possible dans le top 50 afin de participer aux tournois World Series. » De son côté, la Guyanaise n'est pas passée loin d'une belle performance en 1/8è de finale face à Tinne Gilis (sœur cadette de Nele), s'inclinant 11-9 au cinquième jeu. « C'était un test pour Mélissa et je retiens avant tout le positif. Se retrouver à deux points de la victoire contre la 50ème mondiale est une étape de plus dans sa progression. » confie Signoret. « On sait qu'elle manque de matches à ce niveau. Même s'il y a de bonnes joueuses en université Américaine (NDLR : Alves a passé les quatre dernières années à Penn), elles ne s'entraînent qu'une fois par jour. Depuis qu'elle est revenue, elle a basculé sur un rythme bi-quotidien et j'ai l'impression de la voir progresser à chaque séance ! » « J'ai passé de bons moments aux États-Unis mais Créteil me manquait, » ajoute la triple championne de France junior. « Non seulement les entraînements sont de qualité, mais il y a aussi une bonne ambiance. On se tire tous vers le haut. Il me reste encore beaucoup de travail pour attendre mes objectifs mais je pense être sur la bonne voie. » Premier élément de réponse en Chine ...

 

UNE PRÉPARATION STUDIEUSE

Philippe Signoret ne s'en cache pas : même s'il arrive très tôt dans la saison, ce championnat du monde en est l'un des objectifs majeurs. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les Bleues et leur entraîneur ont effectué une longue préparation avec plusieurs stages en commun (notamment un mi-août au pays Basque, région dont il est originaire). « Cela m'a permis de définir des orientations spécifiques, » précise-t-il, « l'objectif étant que les filles arrivent au top pour le championnat du monde. » « On a suivi un programme détaillé tout au long de l'été, » confirme Énora Villard, « avec pas mal de changements et nouveautés. Ça n'a pas été facile au début, mais j'en ressens les bénéfices depuis quelques semaines. » « C’est surtout le stage à Biarritz qui a été important, » ajoute Alves, « C'est à ce moment là que Coline nous a rejoint (NDLR : la numéro 2 Française réside à Nottingham depuis septembre 2017). On a passé de bons moments sur et hors du court, ça a encore davantage renforcé la cohésion du groupe. » Même si le squash reste un sport individuel, cet esprit d'équipe sera l'un des atouts des Bleues, qui évoluent toutes pour le club de Créteil.

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Tout en mettant les bouchées doubles à l'entraînement pendant tout l'été, les Bleues et leur staff ont passé de bons moments hors du court, notamment au Pays Basque (Crédit photo : Les Bleues du Squash Destination Chine)

 

QU'EST-CE QUI ATTEND LA FRANCE ?

Suite aux forfaits de ses deux meilleures joueuses (Joshna Chinappa et Dipika Pallikal Karthik), l'Inde a rétrogradé dans l'ordre des têtes de série (de 7 à 11) et a remplacé le Japon dans la poule de la France. Avec une équipe jeune et inexpérimentée, elles ne devraient pas poser de problèmes aux Bleues, tout comme le pays hôte, la Chine. Pour les Tricolores (têtes de série 6), le gros match de la poule aura donc lieu mercredi face aux États-Unis (n°3). « Je faisais partie du comité d'attribution des têtes de série, et pour être honnête je nous avais mis en n°6. C'est une position logique : le classement mondial est le critère essentiel, et une joueuse comme Mélissa n'a pas encore un rang qui reflète son niveau. J'aurais préféré que la compétition ait lieu en décembre ... » Il y a deux ans, la France était tête de série 5, mais sa victoire en poule face à Hong Kong (n°4) l'avait placée en position favorable en quart de finale. « Il faudra essayer de faire la même chose, » ajoute Signoret, « même si objectivement ce sera encore plus difficile cette année. » Face aux États-Unis, il aura en face de lui un certain Thierry Lincou. Légende du squash Français, le Réunionnais est installé Outre-Atlantique depuis de nombreuses années et entraîne les équipes nationales depuis deux ans. « On sait qu'elles ont une équipe redoutable avec les sœurs Sobhy, Olivia Blatchford et la jeune Reeham Sedky, » affirme Signoret. Cette dernière, qui était la coéquipière d'Alves en Pennsylvanie, s'était faite remarquer à Paris, emmenant notamment Sarah-Jane Perry dans un match en 5 jeux. Surnommée The Hammer pour sa frappe surpuissante, elle n'évolue sur le circuit que depuis quelques mois et y a effectué des débuts impressionnants (2 tournois en 2018, 1 titre et une finale perdue face à Amanda Sobhy).

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Le talent de leur numéro 1 Amanda Sobhy et l'expérience de leur entraîneur Thierry Lincou seront les atouts maîtres de la sélection Américaine (Crédit photo : Steve Line/Squashpics.com)

Un succès face aux Américaines serait évidemment préférable pour les Bleues, notamment pour entretenir une dynamique de victoire. Mais si elles terminent deuxièmes, rien ne serait perdu pour autant car l'adversaire potentiel des Françaises en quarts n'est ni l'Égypte ni l'Angleterre (voir ci-dessous).

 

UN DUEL ÉGYPTE ANGLETERRE ?

Les favorites seront les deux nations phares du squash mondial, qui se sont affrontées lors de quatre des six dernières finales. Comme il y a deux ans, l'Égypte présente une véritable armada : Nour El Sherbini (n°1 mondiale), Raneem El Welily (n°2), Nour El Tayeb (n°3, qui remplace Omneya Abdel Kawy) et Nouran Gohar (n°6). Invincibles les Égyptiennes ? Dotée d'une équipe expérimentée et inchangée depuis plusieurs années, avec quatre joueuses classées entre le 7ème et le 13ème rang mondial (Massaro, Perry, Waters, Lust), les Anglaises ne l'entendent certainement pas de cette oreille. 

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Il y a deux ans à Paris, Nour El Sherbini (au premier plan) s'était inclinée face à Laura Massaro mais les Égyptiennes avaient tout de même remporté le titre (Crédit photo : Paul Orlovic)

Nation émergente du squash, les États-Unis avaient eu un parcours difficile en 2016 (Angleterre en poule puis Égypte en quarts), et leur sixième place n'était peut-être pas le reflet de leur niveau. Cette fois-ci, Amanda Sobhy et ses équipières ont bien l'intention de décrocher une première médaille mondiale. Tête de série n°4, la Malaisie se retrouve dans la poule de Hong Kong. Emmenées par leur leader Annie Au, ces dernières restent sur une série impressionnante : médaillées de bronze à Paris en 2016, puis d'or aux championnats d'Asie et aux Jeux d'Asie cette année. Battues par leurs rivales Asiatiques il y a deux ans en quarts, la Malaisie aura des envies de revanche avec une équipe plus forte : Nicol David (qui a bien débuté la saison, avec une médaille d'or aux Jeux d'Asie et une victoire sur Massaro à Shanghai) sera accompagnée d'une des stars montantes du circuit, Sivasangari Subramaniam, mais aussi de Low Wee Wern. Héroîne de la demi-finale 2014 (elle avait battu Nour El Sherbini après 1h30 de match), l'ancienne n°5 mondiale a effectué un retour fracassant sur le circuit en juillet-août après deux ans d'absence pour blessure. L'une de ces deux équipes sera donc normalement l'adversaire des Bleues en quart de finale vendredi, mais pour savoir laquelle il faudra attendre les résultats de France – États-Unis et Malaisie – Hong Kong ... Parmi les outsiders, on peut citer la Nouvelle-Zélande, avec une Joelle King auréolée d'une saison 2017-2018 exceptionnelle et sa partenaire de double Amanda Landers-Murphy, le Canada et son équipe très homogène et l'Australie. Ces deux nations s'affrontent en poule avec pour enjeu une place en quart de finale, mais les « Aussies » auront la lourde tâche de faire oublier Rachael Grinham qui à 41 ans a décidé de laisser la place aux jeunes.

 

LES BLEUES Y CROIENT

Lorsqu'on leur avait posé la question après leur victoire en championnat de France Interclubs en juin, Camille Serme, Énora Villard et Coline Aumard avaient déjà affirmé leurs envies de (re)monter sur le podium pour ce championnat du monde. « La concurrence est rude et il faudra qu'on soit toutes les quatre au top pour y parvenir, » indique Mélissa Alves. « Mais c’est pour ça qu’on travaille dur. » « Cette compétition, on l'a en tête depuis plusieurs mois, » ajoute Villard. « Je pense qu'on a toutes progressé, mais aussi qu'il y a davantage d'équipes homogènes. Ça va être chaud du début à la fin, mais on ne se fixe aucune limite et on y va en mode guerrières ! » Pour sa part, Coline Aumard va puiser de la force « dans le souvenir d'il y a deux ans. J’ai encore du mal à trouver mes mots pour exprimer la joie que nous avions ressentie, lorsqu'on avait décroché la médaille de bronze devant notre public. Je vais tout donner à chaque match, afin d'apporter ma contribution et qu'on puisse connaître ça à nouveau. »

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Cela avait été l'image forte de l'édition 2016 : la communion des Bleues après leur victoire face à l'Australie, qui leur avait offert la première médaille mondiale de leur histoire (Crédit photo : Paul Orlovic)

 

L'AVIS DU COACH

Lorsqu'on lui demande s'il croit en la capacité des Bleues à aller chercher un nouveau podium mondial, Philippe Signoret répond que « ce sont les joueuses qui doivent être confiantes dans leur niveau de jeu. En ce qui me concerne, j'ai toujours un certain doute. Mais pas dans un sens négatif, plutôt pour rester en éveil (sic). Encore une fois, je pense que le niveau est plus relevé qu'il y a deux ans mais on y croit. Mais quoi qu'il arrive en Chine, je suis confiant pour le futur. » Il nous l'avait confié il y a quelques mois : avec le passage en professionnel des « Américaines » (Mélissa Alves mais aussi Marie Stéphan et Julia Le Coq ont passé les quatre dernières années aux États-Unis), l'entraîneur national estime avoir le matériel pour bâtir « la meilleure équipe de l'histoire du squash féminin Français. On a peut-être tendance à l'oublier car elles ont quitté la France, mais ce sont des filles qui ont été demi-finalistes voire finalistes du championnat d'Europe junior. Elles ont entre 22 et 25 ans et vont se lancer sur le circuit, donc on peut être optimiste pour le futur à moyen terme de l'équipe de France. »

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Philippe Signoret, ici lors d'une séance d'entraînement sur le court vitré de Shanghai avec Coline Aumard, Énora Villard et Mélissa Alves (Crédit photo : Les Bleues du Squash Destination Chine)

 

Le programme de l'équipe de France 

Poule C

Mardi 11 septembre (18h, midi en France)

[6] France – [13/16] Chine

Mercredi 12 septembre (14h, 8h en France)

[6] France - [3] États-Unis

Jeudi 13 septembre (18h, midi en France)

[6] France – [11] Inde

Les deux premiers de chaque poule sont qualifiés pour les quarts de finale (vendredi). Demi-finales samedi et finale dimanche.

 

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Streaming  

Certaines rencontres seront diffusées (gratuitement) sur SquashTV. La liste n'a pas été publiée à l'heure où nous écrivons ces lignes, mais il est très probable que le France – Chine de demain en fera partie. Toutes les infos sur

CGG WSF WOMEN'S WORLD TEAM CHAMPIONSHIP 2018 (Site officiel)

 

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